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qui est un instrument géométrique pouvant mesurer les longueurs et les distances visibles, Paris, 1630, in-8o ; Usage du compas de proportion, ibid., 1631, in-8o ; il y en a près de vingt éditions. Les traductions publiées par Henrion sont : 1°) les Éléments sphériques de Théodose Tripolitain (voy. Théodose), Paris, 1615, in-8o. L’ouvrage de l’astronome grec est important, et la traduction de Henrion, quoique faite sur une version latine, est estimée. 2°) Traité des globes et de leur usage, traduit du latin, avec des notes, Paris, 1618, in-8o. Le livre original est de Robert Hues, savant anglais, et fut imprimé pour la première fois à Lyon en 1598 ; 3°) les Quinze livres des Éléments d’Euclide, traduits du latin en français, avec des commentaires, Paris, 1632, in-4o. Ce volume et le précédent ont été imprimés et réunis sous le titre d’ Éléments géométriques d’Euclide, traduits et commentés par D. Henrion, Rouen, 1649, 2 vol. in-8o ; Paris, 1683, 2 vol. in-8o. Un correcteur d’imprimerie ayant critiqué vivement plusieurs traductions d’Euclide et notamment celle de Henrion, celui-ci publia une réponse apologétique pour les traducteurs et interprètes des Éléments d’Euclide, à un nommé P. Le Mardelé, avec un sommaire de l’algèbre, Paris, 1623, in-8o ; 4°) Tables des directions et projections de Jean de Mont-Royal (Jean Muller, dit Regiomontanus, voy. MULLER) corrigées et augmentées, et leur usage ; traduites du latin en français avec des annotations et des figures, Paris, 1626, in-4o ; enfin Henrion a donné une édition de la Géométrie pratique, de J. Errard, revue et augmentée, Paris, 1619, in-8o.

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HENRION (Nicolas), né à Troyes le 6 décembre 1665, entra d’abord dans la congrégation de la Doctrine chrétienne, par déférence pour le père Gauthereau, son oncle, qui en était général : il professa quelque temps, et ayant perdu, par la mort de son oncle, le peu de vocation qu’il pouvait avoir pour l’état religieux, il se fit relever de ses engagements et s’empressa de se marier, afin de s’attacher irrévocablement pour cette fois au monde, qu’on avait voulu lui faire quitter. Il embrassa quelque temps la profession d’avocat, et l’abandonna pour se livrer au goût ou plutôt à la passion qu’il avait conçue pour les médailles et les pierres gravées. L’ex-avocat comme l’ex doctrinaire ne fut guère plus fidèle à ses médailles qu’il ne l’avait été à sa chaire et à ses causes : il aequérait avec ardeur ces pièces curieuses et s’en défaisait avec empressement. Cependant, tout en se séparant de ses médailles, il ne s’attacha que plus fortement à la numismatique : c’était le moyen de prévenir le dégoût de la possession, auquel il paraissait disposé. Sa réputation d’homme savant dans cette partie si importante pour l’histoire lui ouvrit les portes de l’Académie des inscriptions, en 1701. Il y fit lecture d’une foule de dissertations, dont on trouve seulement des extraits dans la collection de cette savante société, tels que l’ébauche d’un Nouveau système sur les médailles

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samaritaines, qui présente des vues neuves, etc. L’auteur de son Éloge, dans l’histoire de l’Académie des inscriptions, s’exprime ainsi dans un passage que se sont approprié, sans en indiquer la source, M. Chaudon, dans son Nouveau Dictionnaire historique, et Dessarts, dans ses Siècles littéraires : « M. Henrion avait entrepris un immense travail sur les poids et les mesures des anciens ..... Pour en donner à l’Académie un avant-goût précieux, il y apporta, en 1718, une espèce de table ou d’échelle chronologique de la différence des tailles humaines, depuis la création du monde jusqu’à Jésus-Christ ; il y assigne à Adam cent vingt-trois pieds neuf pouces de haut, et à Eve, cent dix-huit pieds neuf pouces trois quarts : d’où il établit une règle de proportion entre les tailles masculines et les tailles féminines, en raison de vingt-cinq à vingt-quatre : mais il ravit bientôt à la nature cette majestueuse grandeur. Selon lui, Noé avait déjà vingt pieds de moins qu’Adam ; Abraham n’en avait plus que vingt-sept à vingt-huit ; Moise fut réduit à treize ; Hercule à dix ; Alexandre n’en avait guère que six ; Jules-César n’en avait pas cinq ; et quoiqu’il y ait longtemps que les hommes ne se mesurent plus à la taille, si la Providence n’avait daigné suspendre les suites d’un si prodigieux abaissement, à peine oserions-nous aujourd’hui nous compter, au moins à cet égard, entre les plus considérables insectes de la terre. La géographie tient essentiellement à la taille des hommes ; leurs pas ont toujours été, comme ils sont et seront toujours, la première mesure des espaces de longueur qui se trouvent sous leurs pieds. Ainsi M. Henrion joignit une nouvelle table des dimensions géographiques des premiers arpenteurs de l’univers à celle des tailles humaines dont nous venons de parler, et ces deux tables, qui ont un merveilleux rapport entre elles, sont probablement tout ce qu’on verra jamais des trois ou quatre volumes in-folio dont il nous flattait. » Henrion connaissait les langues orientales ; il fut nommé, en 1705, professeur de syriaque au collège de France. Il parait qu’il n’avait pas tout à fait perdu de vue ce qu’il avait acquis en jurisprudence ; car il fut, en 1710, agrégé à la faculté de droit. Il eut une dispute très-vive avec Genebrier, au sujet de l’empereur à qui l’on pouvait donner pour épouse la Magnia Urbica, dont le hasard lui avait procuré une médaille qui entrait dans la suite du Bas-Empire (voy. GENEBRIER). Les pièces de ce procès ont été recueillies par Bernard, dans ses Nouvelles de la république des lettres, 1705, janvier et août. Les rêveries d’Henrion sur les poids et les mesures des anciens paraissent lui avoir coûté la vie : il se livrait à ce travail avec une telle ardeur, qu’il y épuisa ses forces, et mourut à l’âge de 57 ans, le 24 juin 1720.

D—B―s.


HENRION (C.), littérateur médiocre et très-abondant, mort à Charenton en 1808, composa