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moderne de ce genre qui puisse y être comparée avec avantage. Suivent un livre d’Ezlempo›-anea et un de Jncenilia ; puis tiennent les poésies grecques de Helnsius. Il a encore excellé dans ce genre, et peut-être aucun moderne n’y a plus approché des anciens. Heinsius est, quoi qu’on en alt dlt, vraiment poete, plein de verve, d imagination, d’élévation ou de grâce. Il ne laut pas oublier de dire, à son honneur, qu’il n’a pas dédaigné les mttses bataves. Un recueil de ses vers hollandais, publié dès 1616, par les soins de Pierre Scrlverius, sert à prouver ce qu’il aurait pu faire dans cette branche, s’il s’y était adonné tout entier, comme ses illustres contemporains Cats, Vondel, lloollt, etc. M. de Vries, dans son Histoire de ia poésie hollandaise, ’t. 1, p. 131-131, s’est plu a rendre justice à tlelhslus. 5° Des Harangues latines en assez grand hombre et très-estimables, recueillies sous le titre de Oraîivnes naríi argimientí, Leyde, 1615, 1620, etc., in-12. On y remarque les oralsons funèbres de Douza, Scaliger, Bontius, Cluverius, du stathouder Maurice, de Gustave-Adolphe, roi de Suède. «la Dans le genre historique, il s’est fait honneur par son histoire du slége de Bols-le-Duc : Rerum ad Sylvam Duei : atque alibi in Belgîo aut tt Belgie anno 1629 geslarum historia. Leyde, 1651, in-fol. ; André Rivet l’a traduite en trançais. 5° Eniln on a de lui des facéties sous les titres de Laos asiui, Lau : pedículi, insérées dans quelques recueils de traités plaisants ou burlesques ; et on lui attribue aussi Salyrœ Menÿqreri très : Hercule : tuam fidem ; Virgula divine ; Cfa : cfedam, Izodie nilzîl. M—on.


HEINSIUS (Nicolas), philologue hollandais, digne fils du précédent, naquit à Leyde le 29 juillet 1620, et y reçut, sous les auspices paternels, l’éducation littéraire la plus soignée. Les mêmes études qui illustraient l’auteur de ses jours, devinrent une sorte de passion pour lui. Il voyagea en Angleterre en 1642 ; mais ayant trouve les Anglais peu communicatifs de leurs trésors littéraires, il ne lit pas un long séjour chez eux ; il y collationna cependant quelques manuscrits d’0vide, de ce poete qui devait un jour lui avoir tant d’obligations. Il eut besoin en 1644 de prendre les eaux de Spa, et il a consacré, dans une belle élégie latine, sa reconnaissance pour le bien qu’il en éprouva. À son retour de Spa, il parcourut la Belgique, y forma des liaisons utiles, et acquit de nouvelles richesses pour son Ovide. Uannée suivante, il retourna à Spa, et vers l’automne il se rendit à Paris, où son mérite et son nom le mirent aussitôt en relation avec les hommes les Plus distingués, et où toutes les bibliothèques urent ouvertes à ses recherches : il y publia un recueil de ses poésies latines et dut être flatté du succès qu’elles obtinrent. Il brùlait du désir d’aller en Italie, et il se satisfit l’année suivante ; mais successivement malade à Lyon et à Marseille, il le lut encore à Pise et à Florence, ce qui ne l’empêcha pas de mettre à profit son× I

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séjour dans ces deux dernières villes. Il’année suivante, il visita Rome, où il eut spécialement à se louer des bons oillces du savant Luc Holstenius. Entre plusieurs communications utiles, ce ne fut pas pour Ileinslus l’une des moins précieuses que celle de l’ouvrage grec, inédit, de Jean Lydus, sur les magistratures des Romains, ouvrage que nous devons seulement depuis peu au savant M. llase. De Rome, lleinsius se rendit à Naples ; il n’y manqua ni de doctes personnages à voir, ni de bibliothèques à consulter. Les troubles sanglants qui éclatèrent à Na les vers la lin de l’été de 1647 décidèrent son clépart pour Livourne, d’où il se dirigea sur Venise. Cette ville répondit aussicšieu à son attente, qu’il eut lieu d’être satisfait e Padoue. Il publia dans celle-ci, en 1618, sous le titre d’Italica. deux livres d’élégies, qui eurent en Italie le plus grand succès. Les Hollandais lui reprochent d’y avoir un peu trop déprécié son sol natal ; témoin ce distique : Dltàœraht, tnetu nuci llcuissctlntllot Patria, dnvonllm ; rustleaterrntuscott À son retour en Hollande, ardemment désiré par son père, Heinsius ne s’arrêta guère qu’à Milan, où la bibliothèque Ambrosienne lui ouvrit ses trésors. Enfin, après trois ans d’absence, il revit Leyde ; mais son séjour s’y borna à quelques mois. Les douceurs de l’indé endance et de la vie privée allaient cesser pour lui ; il céda en 1649 aux avances qui lui furent faites par Christine, reine de Suède pour aller augmenter sa cour lettrée : il s’établit à Stockholm en 1650. La reine le chargea de faire des achats de livres et de manuscrits pour sa bibliothèque. « ll se lit estimer « (dit Catteau) par son caractère sage et modéré, « et, loin de tirer parti de la générosité de Christine, il fit des avances’ dont il eut beaucoup de « peine à se faire rembourser (1). » Mais Heinsius rencontra à Stockholm l’ardent ennemi de son äère, Saumaise, et celui-ci s’associa Michon Bourelot pour abreuver de dégoùts le savant hollandais, La muse de lleinsius le vengeait de son implacable adversaire, et une malveillance aussi obstiuée que celle de Saumaise pour les Heinsius peut seule excuser une pièce aussi virulente que le Season, in /llulorem. qui se trouve dans les Pocmtu de Nicolas IIeinsius, p. 165-177 (édition d’Amsterdam, 1666). Cependant Heinsius (parcourut l’Italie dans tous les sens pendant eux années consécutives, pour faire à Christine des acquisitions intéressantes, soit en livres et en manuscrits, soit en antiquités et en médailles. Saumaise n’avait cessé dïntriguercontre lui pendant son absence ; mais le crédit de Bochart balança cette haineuse, influence. Saumaise mourut en 1655, dans un voyage qu’il lit aux eaux de Spa. lleinsius retourna l’année suivante à Stockholm ; ce ne fut guère que pour demander à Christine, (1) Il parait même qu’il n’y ríuuit pas du tout.,