Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 19.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

St-Basile, dont il écrivit la vie. Tillemont a signalé l’austérité de ses mœurs. — HELLADIUS, moine, puis archevêque de Tolède, fut auteur de divers ouvrages, et mourut le 18 février 615.

D. L.


HELLADIUS (Alexandre), Grec de la Thessalie, vivait en 1722. Il s’est fait connaitre par un ouvrage latin assez curieux, sur l’état de l’église grecque, et sur les raisons qui engagent les Grecs de notre temps à rejeter les traductions des Évangiles et des autres écrits canoniques faites en grec vulgaire. Il dédia son livre au czar ; et l’on y voit même un portrait de ce prince dessiné par l’auteur. Cet écrivain s’excuse, avec beaucoup de naïveté, des fautes de langage qui pourraient, dit-il, se rencontrer dans son traité : « Je ne suis pas né dans le Latium, ajoute-t-il ; la langue latine est pour moi un idiome tout à fait étranger. Helladius habitait la ville d’Altorf, dans le territoire de Nuremberg ; et ce fut là qu’il mit au jour le volume dont nous allons présenter une courte analyse. Il est composé de dix-neuf chapitres. Les deux premiers traitent des imprimeries des Grecs, et des livres qui sont sortis de leurs presses[1]. Ces chapitres renferment des détails bibliographiques intéressants, et qui font concevoir une grande admiration pour ce malheureux peuple grec, qui, dans sa détresse, ne néglige rien pour acquérir une instruction qu’on lui fait payer souvent au prix de la vie. Le 3e, le 4e et le 5e chapitres nous donnent une idée exacte de l’état des études et des progrès des sciences en Grèce à cette époque. Dans le 6e et le 7e, l’auteur grec réfute un grand nombre de préjugés répandus contre sa nation dans les villes les plus éclairées de l’Europe. Le 8e chapitre est relatif aux poëtes grecs vulgaires. L’auteur cherche à prouver, par des exemples tirés de leurs écrits, que la langue parlée dans les îles et sur les côtes de la Grèce est presque barbare en comparaison de celle dont on fait usage sur le continent du même pays. Le 9e chapitre est consacré à la critique du style des versions grecques vulgaires des livres saints ; le 10e, à l’exposition d’une théologie assez raisonnable. Dans le 11e, l’auteur s’écarte un peu des bornes de la modération à l’égard de la nation, germanique, qu’il accuse, d’une manière expressive, de mêler dans ses banquet le meurtre et le carnage. Les chapitres 12e, 13e et 14e, renferment des observations sur le peu d’uniformité de la langue grecque moderne. Le 15e est un morceau de critique très-remarquable, si l’on considère la position où se trouvait l’auteur : il est relatif à la version de Maxime Calliopolite, qui parut en 1638, et à l’excommunication de Cyrille Lucar, dont l’auteur cite une lettre fort curieuse, en ce qu’elle prouve que ce patriarche n’était pas plus de la communion grecque ou romaine que Calvin. Le 16e chapitre contient la biographie d’un personnage singulier, appelé Séraphin, de Mitylène. Enfin, les trois derniers chapitres de cet ouvrage sont employés à remplir son véritable objet. Ils méritent d’être lus par les amateurs de la philologie sacrée. Or voici le titre exact de cet ouvrage qui contient tant de choses : Status prœsen : Ecclesiae graecae ; in quo etiam causae exponuntur cur Graeci moderni Novi Testamenti editiones in graeco barbara lingua factas acceptare recusent : praeterea additus est in fine status nonnullarum controversiarum. Altorf, 1714, in-12. Les controverses qui terminent cet ouvrage ne sont d’aucun intérêt. Mais ce qu’il y a de remarquable dans ce livre d’un sujet des Turcs, c’est que l’auteur, qui n’avait pas craint de dédier son ouvrage à l’empereur de Russie, ne craint pas non plus de démontrer, partout où l’occasion s’en présente, le plus grand mépris pour les mœurs des Russes de cette époque. Ce trait de courage honore l’écrivain ; mais il fait aussi l’éloge du prince d’une manière bien plus délicate et plus ingénieuse que la flatterie n’eût pu le faire dans la plus belle dédicace.

G.F-R


HELLANICUS, de Mitylène, dans l’Ile de Lesbos, naquit la première année de la 71° olympiade, l’an 495 avant J.-C. Il y avait peu de temps que l’usage de la prose était connu ; car Phérécydes, de Samos, et Cadmus, de Milet, qui l’employèrent les premiers dans des ouvrages de longue haleine, étaient contemporains de Cyrus, qui mourut l’an 529 avant J.-C. Elle fut d’abord consacrée à écrire l’histoire, c’est-à-dire à recueillir les traditions populaires, vraies ou fausses, et les faits qui étaient attestés par des inscriptions ou par d’autres monuments. Hellanicus suivit l’exemple de ses devanciers : ignorant, comme eux, l’art de tracer un plan et de se ménager des transitions, il avait traité séparément l’histoire de chaque peuple et de chaque ville. C’est pourquoi on trouve souvent cité dans les anciens, ses Argoliques, ses Persiques. ses Lydiaques, etc., qui n’étaient vraisemblablement que des parties détachées d’un même ouvrage : il avait traité les événements qui s’étaient passés depuis la guerre de Perse jusqu’à celle du Péloponnèse ; et c’est pour rectifier les erreurs dans lesquelles il était tombé, que Thucydide a placé, dans son premier livre, une digression qui mérite d’être étudiée avec soin. Les fragments d’Hellanicus ont été recueillis par Ch. Sturz, et imprimés à Leipsick, 1787, in-8o.

C—R.


HELLOT (Jean), né à Paris le 5 novembre 1685, fut d’abord destiné à l’état ecclésiastique, qu’il allait embrasser, lorsque des notes sur la chimie, qu’il trouva dans les papiers du docteur Hellot, son aïeul, décidèrent sa vocation pour les sciences. Il se livra avec ardeur à l’étude de la chimie, et fit bientôt connaissance avec le savant Geoffroy, qui, en 1729, devint son parent. Un voyage qu’Hellot fit en Angleterre, pour perfectionner ses connaissances, lui fournit l’occasion de se lier avec plusieurs membres très-instruits de la société royale de Londres, à laquelle il ne tarda

  1. Voyez le Journal savants: de 1716, p. 130 et suivantes.