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l’âme, gouverne la matière, et tantôt imprévoyant comme celle-ci, est exposé aux mêmes vicissitudes. Tel est, en abrégé, le système de Van Helmont, qui eut des partisans, des sectateurs après lui, mais que les modernes rangent parmi les rêveries. Ce médecin, pendant plus de trente ans qu’il habita Vilvorde, ne quitta point son laboratoire; il assure cependant dans ses ouvrages, qu’il guérissait plusieurs milliers de malades par an. Il est à croire que ceux qui venaient le consulter dans son cabinet ne souffraient que dans leur imagination. Van Helmont, lorsqu’il annonça les merveilles opérées par sa chimie, y croyait de bonne foi ; car c’était un homme d’honneur, qu’il faut bien se garder de confondre avec les charlatans : il ne voulait ni argent ni honneurs ; il refusait le salaire qui lui était offert et pour ses conseils et pour ses préparations. Il ne voulut point accepter les offres brillantes des empereurs Rodolphe II, Mathias et Ferdinand II, qui pour l’attirer à Vienne lui proposaient des dignités et des richesses. Il préféra l’indépendance de son laboratoire. Toutefois, malgré la science qu’il croyait avoir et la vertu de ses remèdes chimiques, Van Helmont eut la douleur de ne pouvoir préserver quatre de ses enfants, ainsi que sa femme, moissonnés par des maladies diverses. Lui-même, n’étant âgé que de 67 ans, périt victime de sa doctrine, ayant refusé de se faire saigner dans une violente pleurésie. Lorsqu’il sentit approcher sa dernière heure, il remit tous ses manuscrits à son fils, François-Mercure, en lui recommandant de les réunir et de les faire imprimer s’il le jugeait utile. Le célèbre Elzevir fut chargé de l’impression du recueil des œuvres de Van Helmont, sous ce titre : Ortus medicinae, id est initia physicae inaudita, progressus medicinae novus, in morborum ultionem ad vitam longam, Amsterdam, 1648, 1652, in-44°; Venise, 1651, in-fol. Cette même collection des œuvres de Van Helmont a depuis été souvent réimprimée sous le titre d'Opera omnia, et traduite en hollandais, en français et en anglais. La meilleure édition est la seconde, qui fut publiée par Elzevir en 1652; la plupart des autres, celle de Venise surtout, sont infidèles et contiennent des additions étrangères à l’auteur. Nous ne donnons point ici la liste des ouvrages que publia Van Helmont de son vivant, puisqu’ils sont tous compris dans le recueil de ses œuvres et qu’ils n’ont pas été réimprimés séparément. Nous indiquerons seulement: 1° Febrium doctrina inaudita, Anvers, 1642, in-8o; 2° De magnetica vulnerum naturali et legitima curatione, contra Joh. Roberti, soc. Jesu, Paris, 1621, in-8o. Un autre médecin, R. Goclénius, avait aussi fait un traité sur les guérisons magnétiques et répondu au P. Roberti, qui l’avait combattu. La dispute était devenue très-vive de part et d’autre; Van Helmont, en soutenant avec ce médecin la réalité des guérisons magnétiques naturelles, prit parti contre le jésuite, qui niait les unes et attribuait les autres au démon ; mais il crut pouvoir les expliquer plus naturellement encore que Goclénius, auquel il reproche d’avoir confondu la sympathie avec le magnétisme, propriété occulte, appelée ainsi, dit-il, à cause de son analogie avec l’aimant, et en vertu de laquelle le monde visible est gouverné par le monde invisible. On voit combien ce système a d’analogie avec le mesmérisme (voy. Jacq. Howell, et Roberti). Depuis longtemps les érudits seuls lisent les écrits de ce médecin, qui ne figurent dans les bibliothèques que comme un monument historique, utile aux professeurs, aux auteurs et surtout aux critiques. Van Helmont, ne sachant garder en rien aucune mesure, était insultant et dur envers ceux de ses confrères qui n’admettaient point sa théorie: il prenait auprès du public un ton d’enthousiasme et d’inspiration qui n’imposa que trop à ses contemporains. Il avait plus d’instruction et de talent que Paracelse, auquel on le comparaît souvent. Après sa mort, il eut le sort de celui qu’il avait pris pour modèle: la postérité range l’un et l’autre dans la classe des visionnaires, et non dans celle des vrais savants. Van Helmont a néanmoins rendu des services essentiels aux sciences physiques, comme l’a reconnu Cabanis; et l’on doit, en jugeant ses ouvrages, songer à l’époque où il les composait. F—R.


HELMONT (François-Mercure, baron Van), fils du précédent, né dans la Belgique et probablement à Vilvorde en 1618, hérita du goût de son père pour les sciences occultes, et étudia aussi la médecine, mais d’une manière superficielle. Il s’appliqua davantage à la chimie, parce qu’elle lui donnait le moyen de passer pour le possesseur de recettes merveilleuses, et de se procurer par là de l’argent et de la réputation, deux choses qu’il parait avoir préférées de beaucoup à la science. Doué d’un esprit singulier et très-vif, il apprit dans sa jeunesse les procédés de tous les arts libéraux et de presque tous les métiers ; aussi savait-il peindre, graver, tourner, et même faire de la toile et des souliers. Il se joignit à une caravane de Bohémiens pour connaître leur langue et leurs usages, et parcourut avec eux une partie de l’Europe. Il fut arrêté en Italie, sans doute pour avoir tenu quelques propos indiscrets, et jeté dans les cachots de l’inquisition. Rendu à la liberté, il vint en Allemagne, où il publia qu’il avait retrouvé la langue que tout homme parlait naturellement avant la corruption de l’état social, et alla jusqu’à prétendre qu’un muet de naissance en articulerait les caractères à la première vue. On ne peut trop s’étonner que le célèbre Leibnitz ait ajouté foi à cette rêverie, et qu’il ait conservé de l’estime pour ce visionnaire, malgré la bizarrerie de ses idées. F.-M. Van Helmont se donnait le titre de Chercheur; et l’électrice de Hanovre disait qu’il ne s’entendait pas lui-même. Il croyait ou feignait de croire à la métempsycose, à la panacée universelle, à la pierre philosophale; et comme