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cultiver. Il fut reçu docteur en médecine par l’université de Bologne, et bientôt nommé professeur de chirurgie et d’anatomie. Il en remplit les fonctions pendant trente-deux ans, jusqu’à sa mort, arrivée en 1589. Arantius a fait faire plus particulièrement quelques pas à la partie de l’anatomie qui traite des muscles, et jeté aussi quelques lumières sur la théorie de la circulation. Voici les ouvrages qu’on lui doit : 1° de Humano Fœtu liber, Venetiis, 1571, in-8o ; Basileæ,1579, in-8o ; Lugduni Balavorum, 1664, in-12. Arantius, dans cet ouvrage, entre dans de grands détails sur la structure de l’utérus, du placenta et des membranes du fœtus. Il y en a encore deux éditions, Venise, 1587 et 1595, in-4o, auxquelles on a joint deux autres ouvrages du même auteur : Anatomicarum Observalionum liber, et de Tumoribus secuudum locos affectos. 2° In Hippocratis librum de Vulneribus capitis Commentarius brevis, ex ejus lectionibus collectus, Lugduni, 1580, in-8o ; Lugduni Batavorum, 1639,1641, in-12. Il est assez remarquable que ce soit en Italie, le pays le plus chaud de notre Europe, qu’ait été cultivée principalement l’anatomie, surtout dans les premiers temps de la naissance de cette science ; Mundino, Gabriel Zerbi, Bérenger de Carpi, Fallope, Eustachi, etc., anatomistes distingués de ce siècle, étaient italiens, ou au moins attachés à des écoles d’Italie ; les universités de Bologne et de Padoue sont aussi celles qui rendirent alors les plus grands services a cette science. C. et A-n.


ARAS. Voyez Are-Frode.


ARATOR, secrétaire et intendant des finances d’Atl1alaric, puis sous-diacre de l’Église romaine, florissait au 6e siècle. Il était Ligurien ; mais de son temps la Ligurie comprenait une grande partie de la Lombardie, et Milan en était la ville principale. De là naissent les différents avis sur la patrie d’Arator, les uns réclamant pour Gènes, les autres pour Milan, d’autres pour Pavie, l’honneur de l’avoir produit. Il mourut en 556. Il avait d’abord exercé son talent pour la poésie sur des sujets profanes ; mais depuis qu’il eut changé d’état, il changea aussi de sujets. Il présenta, en 544, au pape Vigile, les Actes des Apôtres en vers latins. Ce pontife en fut si satisfait, qu’il ordonna de les lire publiquement dans l’église de St-Pierre-aux-Liens. L’ouvrage y fut universellement applaudi. On y trouve beaucoup d’allégories dont le vénérable Bède a orné ses commentaires sur les Actes du Apôtres. Le poème d’Arator est imprimé avec d’autres poëmes chrétiens, Venise, Aide, 1502, in-4o ; Strasbourg, 1507, in-8o ; Leipsick, 1515, in-4o. On le trouve aussi dans plusieurs des recueils intitulés : Bibliothèque des Pères, notamment dans celles de Paris, 1575, 1589, etc., de Cologne, 1618, de Lyon, 1677, etc. Le P. Sirmond a publié le premier, à la fin de son édition d’Ennodius, une épître en vers élégiaques d’Arator à Parthénius, qui était alors en France, pour l’engager à publier son poème. G-é.


ARATUS, fils de Clinias, né à Sicyone, vers l’an 272 avant J.-C., n’avait que sept ans lorsque son père, magistrat électif, fut tué dans un mouvement révolutionnaire ; l’enliant s’échappa à la faveur du désordre, et fut conduit à Argos, où il fut élevé avec soin chez les hôtes et les amis de sa famille. Devenu grand, il se livra à la gymnastique avec tant de succès, qu’il remporta des prix au pentacle. Presque toutes les villes du Péloponèse étaient alors soumises à des tyrans protégés par Antigone Gonatas, et Sicyone avait encore plus souffert que les autres, la tyrannie ayant plusieurs fois changé de main. Après la mort de Clinias, Abantidas s’empara du pouvoir. Ce dernier ayant été tué, Paséas, son père, prit sa place, et fut assassiné par Nicoclès. Ce fut sous le règne de ce dernier qu’Aratus, à peine âgé de vingt ans, résolut d’exécuter le projet qu’il nourrissait depuis longtemps d’affranchir sa patrie. Quelques-uns de ses compagnons d’exil, auxquels il s’ouvrit, s’engagèrent avec empressement à le seconder. Le plus grand nombre, effrayé du danger de l’entreprise, chercha à l’en détourner ; mais sa résolution était irrévocablement prise. Lorsque ses préparatifs furent terminés, il partit d’Argos pendant la nuit, et rejoignit ses amis au rendez-vous qu’il leur avait indiqué, sur le chemin de Sicyone. Arrivés au but de leur marche un peu avant le lever du jour, ils escaladèrent les murailles à la faveur de obscurité, marchèrent droit au palais du tyran, le forcèrent à se rendre, et proclamèrent aussitôt la liberté dans Sicyone au nom d’Aratus, fils de Clinias. Cet événement eut lieu l’an 251 avant J.-C. Aratus rappela tous ceux qui avaient été bannis par Nicoclés, au nombre de quatre-vingts, ainsi que ceux qui l’avaient été par les autres tyrans, et qui n’étaient pas moins de cinq cents. Le retour de ces exilés occasionnait beaucoup de trouble à Sicyone, ceux qui avaient acheté leurs biens refusant de les leur rendre. Aratus eut recours à Ptolémée Philadelphe, roi d’Égypte. Ce prince aimait les arts : Aratus lui envoya des tableaux peints par les meilleurs maîtres de la fameuse école de Sicyone. Le roi lui avait déjà fait tenir 25 talents, qui avaient été distribués entre les citoyens pauvres. Aratus se rendit en Égypte pour obtenir de nouvelles sommes, et en rapportait 150 talents, avec lesquels il indemnisa les nouveaux acquéreurs, et rendit les biens aux anciens propriétaires. Pendant les troubles, Antigone, roi de Macédoine, avait cherché à se rendre maître de Sicyone. Aratus déjoua ses projets en faisant entrer cette ville dans la ligue achéenne, qui ne comptait encore que vingt-quatre ans d’existence. Il s’occupa aussi de l’organisation intérieure de Sicyone, et remplaça le gouvernement aristocratique par une démocratie tempérée. Après avoir servi peu de temps dans la cavalerie achéenne, il fut élu, malgré sa jeunesse, stratége ou chef suprême de la ligue (250 avant J.-C.). Aratus se servit de son pouvoir pour réaliser le plan qu’il avait formé de faire de la ligue une vaste confédération, embrassant tous les États helléniques et fondée sur les ruines des tyrannies locales et de la domination étrangère. Dès ce moment, il marcha, sans se laisser arrêter par les obstacles de tout genre que lui suscitaient les rivalités des villes et les intrigues des princes, vers le but élevé qu’il s’était proposé, et déploya dans l’ac-