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ARC

protection qu’il a accordée aux arts. On doit à ses soins la découverte du beau buste original de Virgile que cette ville possédait.

G-é.


ARCO (le comte Philippe d’), de la même famille que les précédents, né en 1740, dans le Tyrol, entra dans l’ordre de Malte, séjourna quelques années dans cette île, et fut nommé ambassadeur de l’ordre a la cour électorale de Bavière. Après l’avénement de la branche de Deux-Ponts, en 1801, l’électeur Maximilien le nomma chambellan et référendaire pour les affaires étrangères, puis commissaire et président de la direction de Souabe. Il fut installé en cette qualité à Ulm, où il mourut en 1805, dans un âge très-avancé. — Arco (le comte Ignace-Charles d’), son frère, entra aussi dans la carrière politique au service de Bavière. Devenu roi, Maximilien le nomma, en 1806 son commissaire pour prendre possession des parties du Tyrol qui lui avaient été concédées par le traité de Presbourg ; et lui accordant de plus en plus sa confiance, il le fit son conseiller intime, puis directeur général de la police du royaume, et lui donna la décoration du Mérite civil. Ce ministre mourut à Munich, le 12 mai 1812, comblé des bienfaits de son souverain. Z.


ARÇON (Jean-Claude-Éléonore-Lemiceaud d’), naquit en 1733 à Pontarlier. Son père, avocat instruit, est auteur de plusieurs brochures relatives à des questions concernant la coutume de Franche-Comté. Afin d’inspirer à son fils le goût de l’état ecclésiastique, auquel il le destinait, il le fit pourvoir d’un bénéfice ; mais d’Arçon eut dès son enfance une passion dominante pour les armes. Au lieu d’étudier le latin, il dessinait et traçait des ouvrages de fortifications. Il se servit d’un moyen ingénieux pour faire connaître à ses parents l’erreur dans laquelle ils étaient sur sa vocation. On venait de faire son portrait : il substitua lui-même, de sa propre main, l’habit d’ingénieur à celui d’abbé, sous lequel il avait été peint. Le père entendit ce langage muet, abandonna ses premiers projets, et ne songea plus qu’à seconder ceux de son fils. Admis à l’école de Mézières en 1754, d’Arçon fut reçu ingénieur ordinaire l’année suivante. Il se distingua dans la Guerre de Sept Ans, et particulièrement en 1761, à la défense de Cassel. En 1774, il fut charger de lever la carte du Jura et des Vosges. Pour accélérer cette opération, il inventa une nouvelle manière de lavis à la sèche avec un seul pinceau, beaucoup plus expéditive, et produisant plus d’effet que le lavis ordinaire. Cette invention heureuse a été regardée comme une véritable conquête pour l’art. Doué d’une imagination inépuisable et d’une infatigable activité, d’Arçon s’occupait sans cesse des moyens d’accroître les progrès de l’art militaire. En 1774 et 1775, il se mêla de la querelle occasionnée par l’opinion du comte de Guibert, sur l’ordre profond et sur l’ordre mince, et il publia deux brochures intitulées : Correspondance sur l’art militaire. Dans ces écrits comme dans tous ceux du même auteur, on remarque une abondance d’idées et des traits de génie qui, malgré quelques néologismes et des incorrections, en rendent la lecture intéressante. Les obstacles ne faisaient qu’irriter son courage. Ce fut lui qui conçut, en 1780, pour le siége de Gibraltar, le projet audacieux dont l’exécution demandait des moyens si extraordinaires. Ce projet, qui fit tant de bruit en Europe, a été mal apprécié, parce qu’on ne juge que d’après l’événement. L’attaque de terre étant alors regardée comme impossible, il fallait sortir des règles communes. Convaincu de cette vérité, d’Arçon, après de longues méditations et quelques expériences sur la combustion, rédige son fameux projet des batteries insubmersibles et incombustibles, destinées à faire brèche au corps de la place du côté de la mer, en même temps que l’on devait, par d’autres batteries avancées sur le continent, prendre de revers tous les ouvrages que les batteries flottantes attaqueraient de front. Leur donner une construction analogue au but qu’il fallait atteindre ; les revêtir d’une forte cuirasse en bois ; y ménager une circulation d’eau entretenue par des pompes, pour les garantir du feu ; établir un équilibre parfait, au moyen d’un lest capable de contrebalancer le poids de l’artillerie ; couvrir ces nouvelles machines de guerre d’un blindage assez fort pour résister aux bombes ; les faire revêtir d’un lit de vieux câbles, dont l’élasticité devait annuler la chute des projectiles ; enfin, les soutenir par des chaloupes canonnières, des vaisseaux de ligne et des bombardes, manœuvrant sur plusieurs points pour occuper les assiégés et les obliger à plusieurs diversions : telles furent les précautions qu’ajouta la prudence à l’audace, et qui justifiaient la témérité du général d’Arçon. Cinq machines à deux rangs de batteries, et cinq autres à un seul rang, formaient une artillerie de cent cinquante pièces. La cour d’Espagne accueillit ce projet avec enthousiasme. Pour être plus sûr de la position de ses prames et de la justesse de ses calculs, d’Arçon s’était embarqué sur un frêle esquif exposé au feu de la place, afin de sonder lui-même en avant des fronts qu’on devait attaquer. En conséquence de ce travail, on détermina la route qu’auraient à tenir les machines et leur position définitive. L’expédition eut lieu le 13 septembre 1782, non comme on l’avait combinée, mais de manière à montrer l’intention évidente de la faire échouer. Deux des prames mirent à la voile, et furent suivies des huit autres, qui se portèrent beaucoup trop en arrière, de sorte que les premières essuyèrent sans partage tout le feu de la place. Au lieu de les faire retirer pour rejoindre les autres, on apporta, pendant cette attaque, l’ordre de les consumer toutes les dix, sous prétexte qu’elles pouvaient tomber au pouvoir des Anglais. Cette mesure, que l’envie et l’intention de faire manquer l’entreprise expliquèrent bientôt après, réduisit le général d’Arçon à un désespoir concentré, et il en conserva toute sa vie un profond ressentiment. La jalousie et le peu d’accord qui régnait entre les officiers espagnols et les officiers français firent échouer ce projet, qu’Elliott, défenseur de Gibraltar, sut apprécier, en rendant à l’inventeur un témoignage glorieux. D’Arçon fit imprimer une espèce de justification. On y voir une âme vivement affectée. Toujours occupé de son art, il écrivit et publia un mémoire sur les lunettes à réduit et à feux