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sur les sept sacrements ; que les Grecs modernes n’ont rien changé sur leur nature, leur nombre et leur vertu ; que les changements qu’ils se sont permis dans l’administration sont peu considérables, et n’ont rien d’incompatible avec la discipline de l’Église latine à cet égard. Cet ouvrage est estimable par les documents que l’auteur y a consignés avec beaucoup de soin et d’exactitude ; mais il est déparé par l’emportement qui y règne, par les injures qui y tiennent souvent la place de bonnes raisons, par des digressions qui y jettent beaucoup de confusion ; enfin par la méthode et les opinions des scolastiques, auxquelles il attache trop d’importance. Nous avons de Pierre Arcudius deux traités rares et curieux : 1° Opusculum quod inscribitur : Utrum detur purgatorium, et an illud sit per ignem ? Rome, 1632 ; 2° de Purgutorio Igne adversus Barlaam, Rome, 1637, in-4o. Il a encore traduit du grec en latin, et fait imprimer à Rome en 1630, plusieurs traités des nouveaux Grecs, principalement sur la fameuse question de la procession du St-Esprit. T-d.


ARCULPHE, théologien français, qui vivait dans le 7e siècle, entreprit, vers l’an 690, un voyage en orient, et visita la terre sainte, Constantinople et d’autres lieux. Comme il revenait en France, il fut jeté par une tempête sur la côte occidentale de la Grande-Bretagne, et reçu avec hospitalité par l’abbé Adamnan. D’après ses conversations, Adamnan mit par écrit le détail de ses voyages et une description des lieux saints. L’ouvrage forma trois volumes, et fut publié par Seranius sous le titre de Libri de situ terræ sanctæ, Ingolstadt, 1619. Des extraits de son ouvraμ furent recueillis par Bède ; et J. Mabillon les a fait imprimer dans ses Acta Sanctorum ordinis S. Benedicti. D-t.


ARCUSSIA (Charles d’), célèbre théreuticographe, était issu d’une ancienne et illustre maison de Provence. Il comptait parmi ses ancêtres Élisée d’Arcussia, comte de Caprée, général des galères de l’empereur Frédéric Barberousse, et auteur d’un traité latin sur la fauconnerie, resté manuscrit. Charles naquit en 1547[1], suivant toute apparence, au château d’Esparron. Son éducation dut être confiée à d’habiles maîtres, puisqu’il conserva toute sa vie un goût très-vif pour les lettres, assez négligées alors, même dans l’ancienne patrie des troubadours. À dix-huit ans, il visita les principales cours d’Italie, et parut ensuite à celle de France, où il se fit remarquer non moins par son esprit que par son adresse dans les exercices du corps. S’étant marié en 1572, il se retira dans la terre d’Esparron, où il partagea ses loisirs entre l’étude et la chasse au faucon, pour laquelle il s’était passionné de bonne heure. À la prière d’un de ses amis, qui avait la même ardeur pour cette espèce de chasse, il jeta sur le papier quelques instructions sur la fauconnerie ; mais il se repentit bientôt de sa complaisance, car l’indiscrétion de cet ami fut cause que le nombre des chasseurs à l’oiseau s’accrut au point qu’on ne pouvait plus se procurer qu’avec peine des valets de chasse, et que le gibier disparut presque entièrement de la Provence. C’est par une grave erreur que Bouche[2] place la mort de Charles d’Arcussia dans l’année 1579. Il était en 1597 député de la ville d’Aix aux états de Provence. Le duc de Guise ayant transféré leur assemblée à Marseille, les députés des communautés se réuniront à Aix, dans la maison même de d’Arcussia, pour protester contre cette mesure et dresser des remontrances au roi à l’effet d’obtenir la restitution des privilèges de cette ville[3]. Un procès assez important l’obligea, comme il nous l’apprend lui-même, de fixer momentanément sa résidence a Aix : privé du plaisir de la chasse, il voulut s’en consoler en rédigeant des observations qu’une expérience de plus de trente ans l’avait mis a même de faire sur les différentes espèces de faucons, sur la manière de les élever, de les corriger de leurs défauts, de les soigner dans leurs maladies ; et telle est l’origine de la Fauconnerie de d’Arcussia, dont les 5 premiers livres furent imprimés à Aix en 1598, in-8o, fig. Cet ouvrage eut un grand succès. Les réimpressions de Paris, 1604 et 1608, in-8o, ne contiennent que 5 livres ; mais les suivantes, toutes in-4o, sont augmentées de 5 livres nouveaux. L’édition de Rouen, 1647, in-4o, fig., passe pour la plus complète, et par conséquent est la plus recherchée des curieux. Ce n’est pas seulement en France que l’ouvrage de d’Arcussia trouva île nombreux lecteurs, il fut traduit en allemand et en italien. On doit dire qu’aucun traité sur la chasse au faucon ne renferme autant d’observations judicieuses et instructives ; si des erreurs s’y trouvent mêlées, c’étaient celles du temps. Les anecdotes dont l’auteur a semé son ouvrage en rendent encore aujourd’hui même la lecture fort amusante. Lallemant en a donné une analyse étendue dans sa Bibliothèque des théreuticographes. On conjecture que d’Arcussia mourut en 1617, à l’âge de 70 ans. Son portrait a été gravé par Briot, in-4o. W-s.


ARCY (Patrice d’), né d’une famille noble et ancienne, à Galloway, en Irlande, le 18 septembre 1725. Ses parents, qui étaient catholiques, l’envoyèrent, en 1759, à Paris, où le goût naturel qu’il avait pour les mathématiques se développa et se fortifia par les circonstances qui le lièrent avec le jeune Clairaut. Dés Page de dix-sept ans il donna la solution de plusieurs problèmes qui exigeaient beaucoup de sagacité. La guerre vint l’enlever à ses études : il entra au service, et fit plusieurs campagnes en Allemagne et en Flandre, comme capitaine au régiment de Condé. En 1746, il fut destiné à faire partie des troupes envoyées en Écosse au secours du prétendant. Une flotte anglaise enleva le convoi ; et d’Arcy, Irlandais d’origine, pris les armes à la main contre son pays, pouvait être légitimement condamné à mort ; mais l’humanité du commandant anglais le sauva. Il avait publié, pendant la guerre, quelques mémoires, qui, après qu’il eut été échangé, lui ouvrirent les portes

  1. Cette date s’accorde avec ce qu’il dit lui-même, qu’il avait cinquante ans passes lorsqu’il publia la première édition de son traité sur la Fauconnerie.
  2. Essai sur l’Histoire de Provence, t. 2, p. 292.
  3. Histoire générale de Provence par Papon, t. 4, p. 118.