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ARD

tique en 1615 dans le monastère des Croisiers, à Huy. Il acquit une assez grande réputation en y enseignant la théologie, quoiqu’il s’occupât principalement de compositions poétiques. L’Ecclesiaste de Salomon lui a fourni le sujet de la première pièce d’un volume imprimé à Liége sous ce titre : Ecclesiastæ Encomia de vanitate ; item Rosarium marianæ : sanctitatis et quodlibeticæ quæstiones exc fontibus grammaticorum, sive pædotechnia et ænigmata puerilia, Liége, 1632, in-4o. Ce poëte était fort modeste ; ses vers ne manquent pas d’élégance. Nous avons encore de lui une histoire des évêques de Liége, aussi en vers latins, imprimée dans cette même ville en 1634, in-4o, dans laquelle d’Ardée adopte les rêveries des vieux chroniqueurs liégeois. Il commence la liste des évêques à St. Materne et la termine à Ferdinand de Bavière, à qui il a dédié son livre. P-n.


ARDELL (Jean-Mac), né en Irlande, et mort jeune à Londres, en 1765, est un des meilleurs graveurs en manière noire que l’Angleterre ait produits. Ses estampes sont d’un beau ton, et d’un faire très-moelleux. Il a gravé, d’après Rembrandt, plusieurs sujets qui rendent parfaitement l’original, son genre de gravure étant, sans contredit, le plus propre à imiter l’effet et l’harmonie des tableaux de ce maître. Parmi ses nombreux ouvrages, on remarque : les portraits de Rubens et de sa femme, figures en pied ; celui du duc de Buckingham, et un Moïse sur les eaux, d’après van Dyck ; une Assomption, d’après Murillo, et beaucoup de portraits d’après Reynolds, Lely, Ramsay. P-e.


ARDENE (Esprit-Jean de Rome d’), né à Marseille, d’un commissaire des galères, le 5 mars 1684, lit ses premières études à Nancy, et vint les achever sous les yeux de ses parents, qui habitaient alors une petite terre prés de Lyon. D’Ardene grava ses premiers vers sur des arbres. Le séjour de la campagne lui inspira des idylles et des églogues. Vainement ses parents le pressèrent de prendre un état ; il s’y refusa : sa fortune le lui permettait. Il se maria en 1711, et, peu de temps après, vint faireun voyage à Paris, où il se lia avec Dubos, Danchet et Fontenelle. Pendant son séjour dans cette ville, il composa ses premières fables. En 1724, il revint en Provence, et concourut pour quelques prix proposés par des académies de province. Il fit imprimer ses discours en 1727 ; il retourna à Paris, y séjourna assez longtemps, et revint en Provence, où il habitait la campagne. Le dérangement de sa santé le fit revenir à Marseille, où il mourut le 27 mars 1748. On a de lui : 1° Recueil de Fables nouvelles en vers, 1747, in-12 ; 2° Œuvres posthumes, Marseille, 1767, 4 vol. petit in-12, publiés par son frère. On y trouve un volume entier de nouvelles fables, une comédie en 3 actes et en vers, intitulée : le Nouvelliste, des odes, des épigrammes, des épîtres en vers et en prose, des discours académiques en prose. Le discours préliminaire sur la fable, inséré dans le 1er volume, est très-estimé. A. B-t.


ARDENE (Jean-Paul de Rome d’), frère du précédent, et prêtre de l’oratoire, né à Marseille en 1689, remporta quelques prix de poésie dans des académies de province, et devint supérieur du collége de sa congrégation, dans sa patrie. La délicatesse de sa santé ne lui permettant pas d’occuper des places qui auraient exigé quelque contention d’esprit, il se retira au château d’Ardene, prés de Sistéron, où il passa le reste de ses jours dans la pratique des vertus analogues à son état, et surtout dans un exercice continuel des œuvres de charité, qui le firent regarder comme le père des pauvres du canton. Il mourut le 5 décembre 1769. Le P. d’Ardene, qui s’était adonné à la botanique, possédait un jardin qui attirait dans sa retraite les curieux et même les savants amateurs de plantes et de fleurs rares. Ses observations sur les unes et sur les autres nous ont valu les ouvrages suivants : 1° Traité des Renoncules, Paris, 1746, in-8o ; 2° Traité des Tulipes, 1760, in-12 ; 3° Traité des Œillets, 1762, in-12 ; 4° Traité des Jacinthes, in-12 ; 5° Traité de l’Oreille-d’ours, in-8o ; 6° Lettres intéressantes pour les médecins de profession, utiles aux ecclésiastiques, Avignon, 1 759, 2 vol. in-12 ; 7° Année champêtre, Florence (Lyon), 1769, 3 vol. in-12. Cet ouvrage fut regardé dans le temps comme le meilleur qu’on eût en ce genre ; on y trouve un extrait bien fait de ce qu’il y avait de plus certain dans les auteurs qui ont traité de ces matières. Cette première partie, qui roule sur le potager, devait être suivie de deux autres, sur le parterre et sur la ferme, dont le manuscrit passa dans les mains du président de la Tour-d’Aigues, ami de l’auteur. On a encore du P. d’Ardene un discours qui avait remporté le prix à l’académie de Marseille, en 1744, sur cette question : « Il est plus difficile et plus glorieux de remplir exactement son devoir, que de faire des actions brillantes que ce devoir n’exige pas. » Il fut l’éditeur des Œuvres posthumes d’Esprit Jean d’Ardene, son frère aïné. T-d.


ARDENNE ou ARDUENNA (Remacle d’), l’un des meilleurs poëtes latins de son temps, était né vers 1480, à Florennes, prés de Maubeuge. Après avoir achevé ses études et reçu le doctorat dans la double faculté de droit, il vint à Paris pour s’y perfectionner par la fréquentation des savants. Il était, en 1512, à Londres, et l’on conjecture qu’il y avait accompagné quelques jeunes gentilshommes dont il surveillait l’éducation. Des la même année, il fut de retour à Paris, où il prolongea son séjour jusqu’en 1517. Ses poésies l’ayant fait connaître de Marguerite de Bourgogne, gouvernante des Pays-Bas, cette princesse le nomma secrétaire de son conseil privé. Il remplit cette place de confiance avec beaucoup de zèle et de fidélité, et mourut à Malines, le 15 mai 1524. Ses restes furent déposés dans une chapelle de l’église St-Pierre. Paquot découvrit son épitaphe en langue flamande, qu’il a rapportée dans son Histoire littéraire des Pays-Bas, t. 2, p. 159, édition in-fol. On connaît d’Ardenne : 1° Epigrammatum libri tres, 1507, in-4o, volume très-rare que l’on croit imprimé à Cologne ou à Paris. 2° Palamedes, pallieta comædia, Londres, 1512, in-fol. Cette édition, presque inconnue, n’avait été citée par aucun bibliographe avant 1818. (Voy. le Manuel du libraire de Brunet, au mot Palamedes.) La bibliothèque du