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ARG

le titre l’annonce, c’est une des continuations des Annales d’Aragon, par Zurita. (Voy. Zuraita 3o Quelques opuscules qui ne méritent pas d’être mentionnés. A. B-t.


ARGENSON. Voyez Voyer.


ARGENTAL (Charles-Augustine de Ferriol, comte d’), né à Paris, le 20 décembre 1700, était fils du comte de Ferriol, président au parlement de Metz, frère de Pont de Veyle, l’auteur du Complaisant, et neveu de la fameuse madame de Tencin. Destiné a l’état militaire, il accepta, par déférence pour ses parents, une charge de conseiller au parlement de Paris, à laquelle son frère avait renoncé. Ayant cédé cette charge après quarante ans d’exercice, il fut nommé ministre du duc de Parme auprès du roi de France. Il mourut le 5 janvier 1788, âgé de 88 ans. Dans sa jeunesse, il avait été éperdument amoureux de la célèbre actrice Lecouvreur. Une passion d’un autre genre, non moins forte et beaucoup plus longue, fut celle qu’il eut pour Voltaire ; elle avait commencé au collège, et elle ne finit qu’au tombeau. « Son admiration pour Voltaire, a dit Laharpe, était un sentiment vrai et sans aucune ostentation ; il adorait ses talents, comme il aimait sa personne, avec la plus grande sincérité. Il jouissait véritablement de ses confidences et de ses succès : il n’en était pas vain ; il en était heureux, et de si bonne foi, que tous ceux qui le voyaient lui savaient gré de son bonheur. » Marmontel, dans ses Mémoires, le représente comme un gobe-mouches, une espèce d’imbécile qui ne savait ni avoir ni exprimer une opinion. Il est difficile d’adopter celle-ci sur le compte d’un homme que, pendant soixante-dix ans, Voltaire consulta docilement sur tous ses ouvrages. Il lui est échappé un peut nombre de vers, qui ne manquent ni de sentiment ni de grâce. Le jour même de sa mort, il en adresse d’assez jolis à une de ses plus anciennes amies. S’il en faut croire le témoignage de cette dame, il est le véritable auteur du Comte de Comminge, que madame de Tencin publia comme son ouvrage. On dit encore qu’on a trouvé dans ses papiers plusieurs pages des Anecdotes de la cour d’Édouard, autre roman de sa tante, entièrement écrites et raturées de sa main. A-G-r.


ARGENTAN (Louis-François d’) prédicateur et auteur ascétique du 17e siècle ; il appartenait à l’ordre des capucins. On a de lui : 1o le Chrétien intérieur, 2 vol. in-16, dont le 1er, publié à Paris en 1659, y fut réimprimé en 1661, et dont le 2e parut à Rome, 1677. 2" Les Exercices du chrétien intérieur, Paris, 1662, 2 vol. in-8o. Ces deux ouvrages furent traduits en italien, par le P. Antoine de Rapallo, Gènes, 1670, et Venise, à peu près vers la même époque. 3o Conférence sur les Grandeurs de la vierge Marie, Paris, 1670, 2 vol. in-4o. 4o Conférences sur les Grandeurs de Jésus-Christ, Paris, 1671, et Rouen, 1675, 2 vol. 5o Conférences sur les Grandeurs de Dieu, Rouen, 1675. K.


ARGENTELLE (Louis-Marc-Antoine Robilard d’), né le 29 avril 1777, à Pont-l’Évéque, entra fort jeune dans la carrière militaire, et fit, sous Bonaparte, les premières campagnes d’Italie ; mais, entraîné par un penchant irrésistible, il s’occupa presque exclusivement des beautés de la nature et de celles des arts, qui abondent également sur cette terre classique. Parvenu au grade de capitaine, il suivit, en 1801, le général Decaen dans son expédition aux Indes orientales. À l’île de France il trouva d’autres objets de curiosité. Déjà il avait admiré à Florence des imitations en cire de beaucoup de plantes et de fruits ; il résolut de perfectionner encore cet art véritablement utile et de l’appliquer aux plantes et aux fruits de l’Orient ; mais, dans ces régions éloignées, la difficulté était plus grande, puisqu’il fallait trouver une composition qui fut a l’épreuve des chaleurs du climat, et qui put arriver en Europe en passant sous la ligne équinoxiale sans que les couleurs fussent altérées. À force de recherches, d’Argentelle parvint a son but ; et lorsque la colonie où il se trouvait tomba au pouvoir des Anglais, son travail était fort avancé. Ne pouvant l’interrompre, il se fixa dans ce pays, et ne revint dans sa patrie qu’en 1826, avec une riche collection de cent douze plantes et fruits des Indes orientales, qu’il nomma Carporama. Cette collection fut mise sous les yeux du public à Paris en 1827, et l’Institut nomma trois commissaires, MM. Cassini, la Billardière et Desfontaines, qui furent chargés de l’examiner : ils reconnurent que rien dans ce genre n’avait encore paru de si parfait, et que cette collection méritait d’être placée honorablement dans un musée d’histoire naturelle, ce qui ne fut cependant pas adopté. Entre autres productions, cette collection était composée : 1o du cocotier de terre (cocos nucifera) et du cocotier de mer (lodoicea scychellærum) ; 2o de la cambave de Java (tacca phallifera), contenant une substance farineuse alimentaire ; 3o du jaquier (artocarpus onlegrifolia), dont les fruits pèsent jusqu’à cent livres et qu’on mange crus ; 4o de l’arbre à pain ; 5o des pommes de Cythére ; 6o du dattier ; 7o du cacaoyer (theobroma cacao) ; 8o du cannelier ; 9o des tamarins ; 10o du cafier d’Arabie ; 11o de l’oranger de Chine ; 12o du poivrier ; 13o du muscadier ; 14o du bois jaune, du bois d’ébène, du bois de fer et d’autres productions inconnues en Europe. L’auteur de cette précieuse collection mourut au moment de son succès, à Paris, le 12 décembre 1828, ne laissant à personne le secret de ses compositions, qui n’a pu qu’être soupçonné par les commissaires de l’Institut. G-G-y.


ARGENTERIE (Jean). Voyez Augustin (Jean).


ARGENTI, ou ARIENTI (Augustin), noble Ferrarais et poëte italien, florissait vers le milieu du 16e siècle ; il fut jurisconsulte de profession et particulièrement protégé du cardinal Louis d’Est. Il mourut le 20 août 1576. Ce poète est un des premiers qui aient écrit des pièces de théâtre dans le genre pastoral (favole pastoroli). Il en composa une en vers libres (sciolti), intitulée : lo Sfortunato, favola pastorale, Venise, 1568, in-4o, et la dédia au cardinal d’Est, son protecteur. Cette pièce fut représentée à Ferrare, au mois de mai 1507, avec le plus grand succès. Dans le prologue qui la précède, Ar-