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ARI

vous tiendra lieu d’ordre et de garantie a cet effet. » La fermeté et le calme qui avaient toujours fait le fond du caractère d’Argyle ne se démentirent pas dans les derniers jours de sa vie. Il se montra résigné à la volonté de Dieu, qui, disait-il, ne voulait pas que l’Écosse fût affranchie pour le moment. Il se plaignit, mais sans amertume, de la pusillanimité de ses compagnons d’armes, et l’on sait qu’il employa le peu de moments qui lui restaient à solliciter le pardon de ses malheureux amis de l’Argyleshire, qui se trouvaient compromis. Au reste, il persista dans son refus de reconnaître l’autorité du roi, parce que celui-ci n’avait pas adopté le covenant. Lorsqu’on lui annonça qu’il allait être mis à la question, s’il ne révélait pas tous les détails de la conspiration, il ne manifeste aucune inquiétude, et se borna à dire que Dieu serait son soutien. Interrogé en particulier par lord Queensbury, il soutint qu’il n’avait concerté son projet avec qui que ce fut en Écosse ; qu’un seul individu avait consenti a lui prêter de l’argent[1], et qu’en général son erreur était d’avoir trop compté sur les dispositions du peuple aigri par la tyrannie du gouvernement. Cette déclaration fut sans doute regardée comme suffisante, car on n’eut point recours à la torture. Il demanda qu’on lui donnât M. Charteris pour l’assister dans ses derniers moments, ce qui lui fut accordé. Dès que le digne ecclésiastique se présenta, il lui déclara que sa conscience ne lui reprochait aucunement sa tentative de révolte, et le pria de donner une direction analogue à ses pieuses exhortations. Charteris, après lui avoir fait connaître son opinion sur ce point, consentit a ne plus lui en parler, et dès lors il ne fut plus question que de se préparer à bien mourir, ce qu’Argyle fit avec une admirable fermeté. Le jour de son exécution (30 juin 1685), Charteris arriva chez lui au moment où il finissait de dîner. Sero venientibus ossa, lui dit Argyle en plaisantant. Il passa quelque temps en prières, tantôt avec le pasteur, tantôt seul. Vers deux heures après midi, il fut conduit a la salle du conseil de Laigh, et de là il écrivit à sa femme et à quelques parents. Monté sur l’échafaud, il pria Dieu pour les trois royaumes ; puis, se tournant vers le peuple, il prononça ces mots : « Messieurs, je vous supplie de ne pas mal interpréter ma conduite en ce jour ; je pardonne librement à tous les hommes, et le mal qu’ils m’ont fait, et les torts qu’ils ont eus envers moi, comme je désire que Dieu me pardonne à moi-même. » Alors il embrassa ceux qui l’accompagnaient, et, après avoir remis à son gendre, lord Maitland, quelques gages de souvenir pour ses petits enfants ; il ôta lui-même quelques parties de ses vêtements, posa sa tête sur le fatal billot, fit encore une courte prière, et donna le signal à l’exécuteur. La mort d’Argyle mit fin à l’insurrection en Écosse. Quant à ses complices, quelques-une subirent la même peine que lui, d’autres parvinrent à se réfugier en pays étranger, et plusieurs furent graciés. Parmi les derniers se trouvaient les deux fils d’Argyle, John et Charles ; mais les biens confisqués ne leur furent point rendus. M-a.


ARGYRE, prince et duc d’Italie, fils de Melo, puissant citoyen de Bari, resserra, en 1040, l’alliance conclue par son père avec les fils de Tancrède de Hauteville, avec leur assistance, se rendit maître de Bari, et prit, en 1042, le titre de duc d’Italie, quoiqu’il eut à peine soumis une partie de la Pouille et de la Calabre. Maniacès, le général grec auquel il faisait la guerre, ayant usurpé la pourpre, Argyre put se réconcilier avec l’empereur Constantin Monomaque, l’ennemi de son ennemi. Il reçut de lui les titres de patrice et de catapan. Ces dignités nouvelles l’éloignèrent des Normands, contre lesquels on le vit solliciter, en 1046, les secours des Grecs. Dès lors il fut toujours à la tête des ligues formées contre ces redoutables conquérants. Il conserve jusqu’en 1058 le gouvernement de Bari, et les titres pompeux que la cour de Constantinople lui avait donnés. Vers cette époque, il parait qu’il encourut la disgrâce de l’empereur, et qu’il mourut exilé de sa patrie. S-S-i.


ARGYROPULO (Jean), né à Constantinople, passa en Italie vers l’an 1434, et séjourna quelque temps à Padoue. Il retourna ensuite dans sa patrie, où il enseigna la philosophie ; mais les Turcs s’en étant emparés, il se rendit à Florence, où il fut accueilli par Cosme de Médicis qui le chargea d’enseigner la philosophie péripatéticienne, en lui assignant un traitement très-considérable. Après la mort de Cosme, il ne fut pas moins en faveur auprès de Pierre de Médicis ; et il compta parmi ses disciples Laurent, fils de Pierre, ainsi que le célèbre Politien. La peste s’étant déclarée à Florence, il passa à Rome, où il enseigna le grec et la philosophie, et Reuchlin y fut un de ses auditeurs. Il mourut dans cette ville, on ne sait dans quelle année, à l’âge de 70 ans. Il avait traduit en latin plusieurs ouvrages d’Aristote, et avait fait un commentaire sur la Morale. Il avait aussi écrit en grec plusieurs ouvrages, qui sont, pour la plupart, encore manuscrits. Ses traductions d’Aristote se trouvent dans plusieurs anciennes éditions : elles ont été oubliées, parce qu’on en a fait de meilleures depuis ; nous n’en devons pas moins beaucoup de reconnaissance à ceux qui ont ainsi ouvert la voie au retour de l’érudition ; ce qui était le plus difficile. Hody a publié la vie d’Argyropulo, avec celles des plus illustres Grecs, 1742, in-4o. C-r.


ARIADNE, impératrice de Constantinople, était fille de l’empereur Léon Ier et de Vérine. Son père, voulant s’attacher la nation des Isaures, fameuse par ses brigandages et par une valeur indomptable, attira près de lui Trascalsée, l’un des chefs de ces barbares, le revêtit de la dignité de patrice, et lui donna en mariage Ariadne, sa fille, en 468. Léon étant mort, Ariadne, se joignit à sa mère Vérine, et leurs intrigues portèrent au trône Trascalsée, qui avait quitté son nom pour celui de Zénon. Peu d’années après, Zénon se vit forcé, par la révolte de Basilisque, de fuir en Isaurie ; Ariadne le suivit, et opposa son courage à la faiblesse de son lâche époux.

  1. Madame Smith.