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ARI

qui avait perfectionné la barrière des jeux olympiques, inventée par Cléotas. L-S-e.


ARISTION, fils d’un Athénien, philosophe péripatéticien, et d’une esclave égyptienne, se nommait Athénion dans sa jeunesse. Son père prit soin de l’instruire dans les belles-lettres et la philosophie, et lui laissa ses biens en mourant. Athénion se rendit alors à Athènes, où il se fit recevoir citoyen, et prit le nom d’Aristion. Comme il ne manquait pas de talents, il se mit à professer les belles-lettres à Messène et à Larisse, dans la Thessalie, et, après avoir amassé beaucoup de bien, il revint à Athènes. Peu de temps après, Mithridate ayant déclaré la guerre aux Romains, les Athéniens, qui furent toujours amis du changement, lui envoyèrent des ambassadeurs, du nombre desquels fut Aristion. Il parvint à s’insinuer dans la confiance du roi, et devint l’un de ses amis. Mithridate, après avoir soulevé l’Asie entière contre les Romains, envoya Archélaüs, l’un de ses lieutenants, avec une œcadre, et Aristion avec lui, pour faire révolter les Grecs de l’Europe. Archélaüs aborda d’abord à Délos, qu’il prit et rendit aux Athéniens ; puis, voulant leur envoyer les trésors sacrés, il chargea Aristion de les conduire à Athènes, et lui donna 2,000 hommes ; au premier bruit de son arrivée, les Athéniens envoyèrent des vaisseaux à Carystos, dans l’Eubée, où il avait été jeté par la tempête. Lorsqu’il fut dans la ville, il leur fit un discours dans lequel il exalta le pouvoir de Mithridate, et ses bonnes dispositions à l’égard des Athéniens, à qui il voulait rendre la démocratie ; il les décida ainsi a se déclarer pour ce prince, et le peuple, toujours prompt à se livrer aux espérances les moins fondées, donna le commandement général des troupes à Aristion. Bientôt après il s’empara de la citadelle, à l’aide des 2,000 hommes qu’il avait amenés, se déclara tyran, et s’emparant de tous ceux qui tenaient au parti des Romains, il fit périr les uns sur-le-champ, et envoya les autres à Mithridate ; donnant ensuite l’essor a sa cupidité, il s’empara du bien des riches et même des étrangers, et il envoya Apellicon à Délos, pour piller les trésors du temple. Sylla, étant alors arrivé dans la Grèce, envoya une partie de son armée assiéger Athènes, et alla, avec le reste, attaquer le Pirée, que tenait Archélaüs ; mais il ne put le prendre d’assaut, et tourna tous ses efforts contre la ville, qui se défendit longtemps. Aristion, qui avait fait provision de vivres pour sa garnison et pour lui, s’inquiétait fort peu de voir les habitants en proie à la famine la plus cruelle ; il insultait même à leur misère, en se livrant à la débauche la plus effrénée ; il s’enivrait fréquemment, et venait, dans cet état, sur les murs, d’où il proférait contre Sylla et Métella, son épouse, les propos les plus outrageants. À la fin cependant Sylla prit la ville d’assaut ; et Aristion, qui s’était réfugié dans la citadelle, fut, bientôt après, obligé de capituler, et mis à mort. Appien dit qu’il était de la secte d’Épicure ; mais on doit plutôt croire Posidonius, qui dit qu’il était péripatéticien. C-r. ARI 2H


ARISTIPPE devint tyran d’Argos, après la mort du premier Aristomachus. Il y avait peu de temps qu’il était maître du pouvoir, lorsqu’Aratus forma le projet de rendre la liberté aux Argiens, et essaya de prendre la ville par surprise ; mais les habitants ne le secondèrent point, il fut obligé de se retirer, et Aristippe chercha, par la suite, à le faire assassiner. Ce tyran, quoique protégé par Antigone Gonatas, vivait dans des alarmes continuelles, ne se liant ni à ses esclaves, ni même à ses gardes ; il s’enfermait pendant la nuit, avec sa maîtresse, dans une chambre écartée, où il entrait par une trappe, et avec une échelle que la mère de sa maîtresse avait soin d’enlever tous les soirs ; elle venait la remettre le lendemain. Aratus, n’ayant pu réussir à prendre Argos par surprise, déclara la guerre aux Argiens, et Aristippe fut tué dans un combat, près de Mycènes, l’an 242 avant J.-C. Les Argiens ne recouvrèrent cependant point leur liberté, et le second Aristomachus se fit tyran d’Argos. Il n’est question d’Aristippe que dans Plutarque, et Polybe, qui entre dans beaucoup de détails sur Aratus et sur la ligue achéenne, n’en dit pas un mot. C-r.


APISTIPPE, célèbre philosophe, était né à Cyréne, d’une famille qui était dans l’aisance ; car Arétadès, son père, l’envoya aux jeux olympiques, probablement pour disputer le prix de la course des chars ; il y rencontra Ischomachus, qui lui parla de Socrate, et lui inspira un tel désir de l’entendre, qu’il vint sur-le-champ à Athènes, et se rangea au nombre de ses disciples. Il n’adopta cependant pas tous ses principes ; il pensait, comme lui, qu’on devait s’abstenir de raisonner sur les choses qui sont hors de la portée humaine ; il lui ressemblait aussi par le peu de cas qu’il faisait des sciences physiques et mathématiques ; mais sa morale différait beaucoup de celle de Socrate. Ses principaux dogmes étaient que toutes les affections de l’homme peuvent se réduire à deux, le plaisir et la douleur. Le plaisir est un mouvement doux, la douleur un mouvement violent ; tous les animaux recherchent le premier, et évitent l’autre. Le bonheur n’est que l’assemblage de plusieurs plaisirs particuliers ; et, comme c’est le but auquel tous les hommes tendent, on ne doit se refuser à aucune espèce de volupté. Il faut seulement y mettre du choix, et la raison doit toujours nous diriger dans nos jouissances. Cette morale ne plaisait pas beaucoup à Socrate ; si nous en croyons Xénophon, il eut plusieurs discussions à ce sujet avec Aristippe, qui, sans doute pour éviter les reproches, passait une partie de son temps à Égine, où il se trouvait lorsque son maître mourut. Il fit plusieurs voyages en Sicile, où il fut admis dans l’intimité de Denys le Tyran, qui s’accommodait fort de son genre d’esprit. Il y conserva cependant jusqu’à un certain point son indépendance, et ce prince lui ayant récité deux vers de Sophocle, dont le sens est que celui qui vient à la cour d’un tyran devient son esclave s’il était libre auparavant, il répliqua en changeant un seul mot, « ne devient point esclave, s’il était libre auparavant. » Denys lui reprochant un jour le peu d’utilité qu’il tirait de ses leçons : « Cela est vrai,