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ANN

son, Humbert de la Tour-du-Pin s’était bientôt montré un des plus vaillants chevaliers de son temps. Il avait été récemment en Sicile avec Pierre, comte d’Alençon, Robert d’Artois, et plusieurs autres princes ou seigneurs, pour tirer vengeance de cet horrible massacre des Français connu sous le nom de Vêpres siciliennes. Il fit dans cette nouvelle et importante circonstance tout ce qu’on pouvait attendre de lui, et parut également digne de protéger et de partager le trône de la dauphine. Le courage d’esprit qui distinguait éminemment cette princesse seconda la valeur brillante de son époux. Le duc Robert, le comte de Savoie, l’empereur Rodolphe lui-même, furent réprimés dans leurs entreprises. Le souverain pontife, les rois de France et d’Angleterre, intervinrent efficacement dans la querelle, comme médiateurs. La succession à la souveraineté du Dauphiné fut solennellement établie et reconnue dans la nouvelle dynastie qui venait de naître. Les baronies de la Tour et de Coligni, tous les domaines qu’avait apportés Humbert de la Tour-du-Pin, furent affranchis de l’hommage dont plusieurs avaient été tenus jusque-là envers la maison de Savoie. La dauphine, qui, dès le premier jour de son avènement au trône delphinal, avait voulu que son époux exerçait tous les droits et prit tous les titres de la souveraineté, se hâta d’y asseoir leur fils aîné, aussitôt qu’il fut en âge d’émancipation, et l’on vit tous les actes de gouvernement et de justice porter en tête : Nous, Humbert, dauphin, comte de Vienne et d’Albon, soigneur de la Tour ; Anne, dauphine, sa compagne. comtesse des susits comtés et dame de la Tour ; Jean, leur fils, prince delphinal, comte d’Embrun et de Valence, etc. Le règne de ces bons et vertueux époux dura peu, et parut d’autant plus court que leur union fut constamment heureuse pour eux, leur famille et leurs peuples. L’amour, la gloire et la politique resserraient leurs nœuds chaque jour. Quatre fils et quatre filles en étaient les fruits. Tranquilles au dehors, adorés dans l’intérieur de leurs États, le dauphin et la dauphine s’occupaient de fondations pieuses, d’établissements salutaires, de sages règlements, lorsque en 1299 la mort vint frapper Anne au milieu de sa carrière, dans la plénitude de son bonheur, et dans l’exercice de toutes ses vertus. la désolation fut générale parmi ses sujets. Son époux inconsolable l’accompagna jusqu’à son tombeau dans l’église des Chartreuses de Salette, qu’elle avait fondée, alla s’ensevelir lui-même dans la chartreuse du Val de Ste-Marie, où il lui survécut huit ans pour la pleurer ; et ce fils aîné, qu’ils avaient associé au gouvernement, leur succéda. (Voy. Humber Ier et Jean II. L-T-l.


ANNE de Chypre, duchesse de Savoie, fille de Janus, roi de Chypre et de Jérusalem, fut promise, en 1431, à Amédée de Savoie, fils d’Amédée VIII ; mais ce prince étant mort avant que cette alliance eût été conclue, les ambassadeurs du duc de Savoie demandèrent la main de la jeune princesse de Chypre pour Louis de Savoie, comte de Genève, second fils d’Amédée VIII. Le roi consentit, et Anne de Chypre, dont Olivier de la Marche parle comme d’une des plus belles princesses de son temps, eut en dot 100,000 écus d’or de Venise ; le duc Amédée lui assigna 100,000 écus de douaire. Ce mariage fut célébré en 1433, à Chambéry, avec beaucoup de magnificence. Anne, par son esprit et les grâces de sa figure, prit un tel ascendant sur les volontés de son époux, que, lorsqu’il parvint à la couronne, en 1451, elle disposa entièrement des charges, des honneurs et des finances. Anne n’avait pas assez de fermeté et de lumières pour tenir seule les rênes du gouvernement. Sous son règne, les Cypriotes jouirent de toutes les faveurs et obtinrent les charges les plus importantes, et cette préférence excita beaucoup de mécontentement. Anne se servit aussi de son pouvoir pour faire des fondations pieuses et créer des établissements utiles. Elle mourut à Genève, le 29 janvier 1465, deux ans avant le duc son époux, dont elle avait eu quatorze enfants, huit princes et six princesses. Anne de Chypre se fit inhumer, selon l’usage de son siècle, vêtue de l’habit de St-François, dans l’église des cordeliers de Genève, qu’elle avait fondée. B-p.


ANNE DE FERRARE. Voyez Ferrare.


ANNE DE GONZAGUE. Voyez Gonzague.


ANNE, duchesse de Guise. Voyez Guise (François, duc de).


ANNE-MARIE, née duchesse de Brunswick, femme d’Albert, duc de Prusse, était remarquable par ses connaissances et par ses vertus : en mourant elle laissa à son fils, Albert-Frédéric, un petit traité de conduite intitulé Miroir des Princes, divisé en cent préceptes : on en voit encore un exemplaire dans la bibliothèque de Kœnigsberg. Elle mourut le 20 mars 1568, le même jour que son époux. G-t.


ANNEBAUT, ou ANNEBAUD (Claude, maréchal d’), guerrier, ministre, favori, sous François Ier, et du petit nombre de ceux qui, dans une pareille position, ont laissé après eux l’exemple de la plus incorruptible vertu et du désintéressement le plus pur. Il sortait d’une ancienne famille de Normandie, possédant, de temps immémorial, la seigneurie de son nom près de Pont-Audemer, et descendait, au neuvième degré, de monsieur Jehan d’Annebaut, ainsi inscrit sur le rôle des seigneurs qui, en 1097, avaient accompagné à la terre sainte Robert Courte-Heuse, duc de Normandie. Claude d’Annebaut se signala de bonne heure par sa bravoure et sa loyauté. À la bataille de Pavie (24 février 1525), il fut, avec Montejean, Trans, la Roche du Maine, du nombre de ceux qui, au lieu de suivre le duc d’Alençon dans sa honteuse retraite, se séparèrent d’avec lui, quoique sous ses ordres, et allèrent, les uns périr aux pieds de leur roi en le défendant ; les autres, partager ses périls et sa prison. François Ier s’affectionna depuis cette époque à Claude d’Annebaut, et plus il le connut, plus il le chérit. Pendant les campagnes d’Italie, de Flandre, de Champagne, le roi l’employa partout, et presque toujours avec le plus grand succès. On vit d’Annebaut successivement colonel général de la cavalerie légère, gouverneur du Piémont, maréchal de France, amiral, plusieurs fois ambassadeur, car il joignait la sagesse dans le conseil à l’intrépidité dans l’action ; enfin le roi le choisit pour remplacer