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ANN

l’amiral Chabot, qui, avec le cardinal de Tournon, avait été mis a la tête des affaires, lors de la disgrâce du connétable de Montmorenci. En 1545, le roi d’Angleterre, Henri VIII, s’étant ligué avec l’Empereur, et la ville de Boulogne, après la plus vigoureuse résistance, ayant été obligée de lui ouvrir ses portes, François Ier conçut le hardi projet de faire une descente en Angleterre, et chargea d’Annebaut de l’exécution. Dans un seul hiver, le roi et l’amiral parvinrent à rassembler cent cinquante gros navires, soixante vaisseaux de moindre grandeur, et vingt-cinq galères. Les Anglais n’avaient à mettre en mer que soixante gros vaisseaux et des gamberges. Ils n’en bravèrent pas moins les efforts de la France. L’expédition d’Annebaut se réduisit à une vaine promenade devant Portsmouth, à quelques débarquements, et à un vaisseau coulé bas par ses galères ; succès insignifiants, trop achetés par la perte d’un des meilleurs officiers de la marine royale, le chevalier d’Aux, capitaine des galères de Normandie. Cet officier, ayant reçu ordre de descendre dans l’île de Wight, y prit poste ; mais bientôt, abandonné de son monde, il se battit presque seul contre un détachement d’Anglais, et finit par tomber sous leurs coups, « ce qui fut grande perte pour le service du roi, dit Martin du Bellay ; car il était très-vaillant et expérimenté gentilhomme. » L’année suivante, d’Annebaut, grand amiral de France, négocia et conclut la paix avec le grand amiral d’Angleterre. Les deux monarques ne survécurent pas longtemps au traité ; ils moururent en 1547 : Henri VIII, le 29 janvier, et François Ier le 31 mars. Sur son lit de mort, le monarque français conseilla au dauphin de continuer à se servir du cardinal de Tournon, mais surtout de l’amiral d’Annebaut. « Je vous le recommande spécialement, dit le roi mourant à son successeur, comme le seul homme de la cour qui n’ait jamais eu en vue que le bien de l’État, et qui se soit appauvri dans le maniement des affaires publiques. Aussi, en considération de sa probité et de ses services, je lui lègue une somme de 100,000 livres. » Cette dernière recommandation de François Ier fut la première chose qu’oublia Henri II. Le parti du connétable de Montmorenci prévalut. On ôta le ministère à d’Annebaut ; mais on ne put lui ôter, ni l’estime générale, ni le crédit attaché a ses services et à ses vertus. Catherine de Médicis le rappela depuis au conseil. Il mourut à la Fère, le 2 novembre 1552. Son frère, Jacques, évêque de Lisieux, cardinal sous le titre de Ste-Suzanne, était mort à Rouen en 1547. Sa fille, Madeleine d’Annebaut, avait été mariée à Gabriel, marquis souverain de Saluces, et il laissait un fils unique, Jean d’Annebaut, baron de la Hunauderie, tué a la bataille de Dreux en 1562. L-T-l.


ANNEIX. Voyez Souvenel.


ANNÈSE (Gennaro), successeur de Masaniello dans le commandement des révoltés de Naples, en 1617 et 1618. Le duc d’Arcos, après avoir fait assassiner Masaniello, voulut exercer une vengeance éclatante sur le peuple qu’il avait dirigé ; et, en conséquence, il fit attaquer les Napolitains par ses gendarmes espagnols, tandis que les forteresses bombardaient la ville, de concert avec l’armée navale commandée par don Juan d’Autriche ; mais le peuple n’en devint que plus furieux : il repoussa les Espagnols, et, après avoir massacré François de Toraldo, prince de Massa, qu’il s’était donné pour capitaine général, et qui avait trahi sa cause, il choisit pour chef, le 22 octobre 1647, Gennaro Annèse, homme de basse extraction, mais qui joignait un caractère ferme à beaucoup de pénétration et d’habileté. Annèse fut investi d’une magistrature constitutionnelle, et reconnu comme l’élu du peuple et le chef de la municipalité. Cependant les Napolitains, qui longtemps avaient voulu demeurer fidèles à Philippe IV, et repousser seulement le joug de son vice-roi, avaient enfin été entraînés dans une révolte complète. Après avoir foulé aux pieds tous les signes de la royauté, ils avaient aboli les gabelles, mis a prix la tête de plusieurs seigneurs ; enfin, par un manifeste, ils venaient de signaler la mauvaise foi et la cruauté des Espagnols, en invitant le pape, l’Empereur, tous les princes et républiques, à les aider à recouvrer leurs anciens privilèges, ou plutôt à rétablir leur liberté, car la ville de Naples prenait déjà le titre de république. Annèse ouvrit une correspondance secrète avec le ministre de France à Rome, et détermina les Napolitains à rappeler Henri de Lorraine, duc de Guise, pour être le protecteur de la nouvelle république. Ce prince entra dans Naples ; l’autorité militaire lui fut attribuée, et Annèse fut chargé du gouvernement civil. Bien plus fier et plus ambitieux que Masaniello, il ne voulut point reconnaître le duc de Guise pour son supérieur. La mésintelligence se mit bientôt entre les deux chefs, et Annèse ne vit plus qu’avec jalousie le rival qu’il s’était donné lui-même. Il chercha secrètement à lui nuire auprès du peuple, tandis que le cardinal Mazarin le traversait à la cour de France. Annèse traita enfin avec les Espagnols. Le duc d’Arcos, qui était l’objet de la haine universelle, ayant été rappelé par son maître, don Juan d’Autriche fut introduit, le 6 avril 1648, dans Naples, par Annèse, qui lui remit les clefs de la grande tour des Carmes qu’il commandait. Le reste de la ville suivit cet exemple, et don Juan fut mis en possession de tous les postes et de toutes les forteresses. Le comte d’Onatte, qui succéda presque aussitôt au jeune prince dans le gouvernement, jugea qu’il n’avait plus rien à craindre de la populace. Au mépris de l’amnistie générale, il établit une junte pour faire juger tous ceux qui avaient participé à la révolte. Un grand nombre de victimes périrent sur l’échafaud, et Annèse lui-même, après avoir vu mourir presque tous ses partisans, eut aussi la tête tranchée par l’ordre du prince auquel il avait rendu la couronne. S-S-i.


ANNESLEY (Arthur), comte d’Anglesey, né à Dublin en 1614. Il parcourut les diverses parties de l’Europe, et revint en Angleterre en 1640. La division commença, quelque temps après, à se manifester entre Charles Ier et le parlement ; Annesley se déclara d’abord en faveur de la cause royale ; mais il passa ensuite dans le parti du parlement, qui le chargea de plusieurs négociations dont il s’acquitta avec beaucoup d’habileté. À la mort de Cromwell, et