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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/343

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ASS

courager les recherches historiques, et lui donna constamment des marques de sa bienveillance. Quoique très-savant, Assemani n’obtint pas une réputation aussi grande que celle de son oncle et de son frère, parce qu’il s’occupa de matières qui n’offrent d’intérêt qu’à un petit nombre d’érudits. Il mourut à Rome, le 9 février 1782. On connaît de lui : 1° Codex liturgicus Ecclesiæ universæ, in 15 libros distributus, Rome, 1749-65, 12 vol. petit in-4o. Cette collection précieuse est très-rare en France. 2° De sacris ritibus Dissertatio, ibid., 1757, in-4o. 3° Commentarius theologico-canonico-criticus de ecclesiis, earum reverentia et asylo, atque concordia sacerdotii et imperii, ibid., 1766, in-fol. On a inséré dans ce volume deux petits traités, l’un du P. Joseph dei Buoni, de Oratoriis publicis, et l’autre du P. Fortune de Brescia, de Oratoriis domesticis. 4° De Unione et Communione eeclesiastica, et de canonibus pænitentialibus Dissertationes, ibid., 1770, in-4o. 5° De catholicis et patriarchis Chaldæorum et Nestorianorum Commentarius historico-theologicus, ibid., 1775, in-4o. 6° De synode diæcesana Dissertatio, ibid., 1776, in-4o. W-s.


ASSEMANI (l’abbé Simon), Syrien maronite, de la même famille que les orientalistes célèbres dont il vient d’être parlé, naquit à Tripoli de Syrie, le 20 février 1752, et fit ses études à Rome, où sa famille avait obtenu le patriciat : à l’imitation de ses illustres parents, et sous leurs auspices, il se livra avec ardeur à la culture des langues et de la littérature orientales. Entraîné par son goût pour les voyages, il se rendit dans l’Orient à l’âge de vingt ans, visita la Syrie et l’Égypte, recevant partout l’accueil le plus distingué. Privé depuis deux ans des nouvelles de sa famille, il revint à Rome en 1778. Son projet était de passer en Amérique ; mais, a son arrivée à Gènes, où il devait s’embarquer, ayant été dépouillé de tout ce qu’il possédait, il prit, fort triste, le chemin de Vienne, où le cardinal Garampi chercha, par sa bienveillance, à le consoler de ses pertes. En 1785, il fut nommé professeur de langues orientales au séminaire de Padoue, et peu de temps après il devint membre de l’académie des sciences, des lettres et des arts de la même ville. En 1807, il fut appelé à la chaire de langues orientales de l’université de Padoue, et prit possession de cette chaire le 20 décembre, par un discours qui a été publié à Padoue en 1808, sous le titre suivant : Discorso inaugurale alla cattedra di lingua orimtali nella regie università di Padova. La célébrité du professeur attirait à Padoue un grand nombre d’étrangers, qui s’estimaient heureux de pouvoir profiter des leçons d’un si habile maître. L’abbé Assemani était en correspondance avec l’illustre cardinal Borgia et les plus célèbres orientalistes contemporains, spécialement avec M. Silvestre de Sacy et M. Ol.-Gerh. Tychsen de Rostoch. Ce fut à la recommandation du savant abbé Morelli, bibliothécaire de St-Marc, qu’il fut chargé par le chevalier Nani de taire la description des manuscrits orientaux de sa bibliothèque, et celle des monnaies arabes de son cabinet. On a de lui les ouvrages suivants : 1° Saggio storico sull’ origine, culto, letteratura e costumi degli Arabi avanti il pseudoprofeta Maometto, Padoue, 1787, in-8o. Cet ouvrage n’est guère qu’un extrait des travaux de plusieurs célèbres orientalistes, tels qu’Ed. Pocock, G. Sales, William Jones, d’Herbelot, etc. Le père Moschini dit qu’il a été traduit en français par Denon. 2° Museo cufico Naniano illustrato, en 2 parties, Padoue, 1787 et 1788, in-4o, avec des figures. 3° Catalogo de codici manoscritti orientali della biblioteca Naniana. Ce catalogue, publié à Padoue, in-4o, est pareillement divisé en 2 parties, dont la 1re a paru en 1787, et la 2e en 1792. On y trouve de nombreux extraits des manuscrits et de savantes dissertations sur divers sujets, entre autres un long mémoire sur la nation des Cophtes. Dans ce mémoire, l’auteur a traité en particulier, avec beaucoup de soin, du commerce tant actif que passif de l’Égypte moderne. Cette partie de son travail a été reproduite en français par M. Langlès, dans le Magasin encyclopédique, 6° année, 1800, t. 1. L’orientaliste français oublia totalement d’indiquer la source où il avait puisé, ou plutôt l’original qu’il n’avait fait que traduire. Ce procédé fut vivement ressenti de l’abbé Assemani ; mais il crut prudent de ne point donner de publicité a ses plaintes. 4° Globus cælestis arabico-cuficus Veliterni musei Borgiani.... illustratus, præmissa.... de Arabum astronomia dissertatione, Padoue, 1790, in-4o, avec planches. Ce livre est devenu très-rare. Il contient la description d’un globe céleste, dressé pour l’usage du sultan d’Égypte Malek-Camel en 1225, vers la latitude nord de 28 degrés[1]. 5° Une dissertation imprimée sans date, mais qui est au plus tard de 1807, et dans laquelle l’auteur examine si les Arabes ont eu quelque influence sur la poésie moderne de l’Europe ; elle a pour titre : Se gli Arabi ebbero alcuna influenza sull’ origine della poesia moderna in Europa, dissertazione, etc. 6° Un autre mémoire sur les monnaies arabes avec figures : Soprà le Monete arabe effigiate, Padoue, 1800, in-4o. Sur la première de ces questions, Assemani, sans attribuer aux Arabes l’introduction de la rime dans la poésie moderne de l’Europe, soutient que ce sont les relations des Arabes d’Espagne avec les autres nations de l’Europe qui ont rendu l’usage de la poésie rimée général parmi ces nations. Sur la seconde, Assemani a mieux réussi, ce nous semble, à réfuter les conjectures de ceux qui avaient traité le même sujet avant lui, qu’à donner une solution satisfaisante de ce problème numismatique. En général, on pourrait désirer dans les ouvrages du professeur de Padoue une érudition plus vaste et une critique plus sévère. Les révolutions qui ont affligé sa patrie pendant les trente dernières années de sa vie ont contribué sans doute a priver la littérature d’un travail dont il s’était longtemps occupé, et qui avait pour objet les géographes arabes. Peut-être aussi n’avait-il pas à sa disposition les matériaux néces-

  1. On en trouve une description dans les notes de la traduction du Purgatoire du Dante, par M. la chevalier Artaud, Paris, 1830, un-32 t. 1 p. 168.