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ATH

Chilpéric, roi de Soissons, et Brunehaut, la cadette, à Sigebert, roi d’Austrasie. Il mourut à Tolède, en 867, après 13 ans de règne, regretté de ses sujets, qui avaient rendu justice à sa prudence et à ses talents. Athanagilde était catholique au fond du cœur ; mais il dissimula sa religion, dans la crainte de déplaire aux Visigoths, ariens très-fervents ; aussi lui pardonnèrent-ils d’avoir rappelé dans ses États des étrangers dangereux et puissants. B-P.


ATHANARIC, roi des Visigoths, n’était encore que juge et l’un des principaux de la nation, lorsque les Romains cédèrent aux Goths occidentaux, ou Visigoths, des habitations dans la Thrace. Athanaric était extrêmement courageux ; mais son courage, dit Thémistius, le cédait encore à sa pénétration, à son éloquence et a son habileté. Procope s’étant révolté contre Valens, et ayant pris le titre d’empereur, Athanaric épousa sa cause, et lui envoya un corps de 5,000 hommes ; mais Procope fut vaincu, et Valens, irrité contre les Goths, leur déclara la guerre. En vain Athanaric représenta qu’il avait considéré Procope comme parent de Constantin, et héritier de sa maison ; en vain il produisit des lettres qu’il avait reçues de ce prince, et allégua qu’il était venu, comme ami et allié de l’empire, au secours d’un empereur romain ; Valens marcha contre lui, et le défit en bataille rangée, vers le Danube, en 569. Les chefs des Goths se soumirent, et payèrent leur imprudence par la perte de leurs subsides et de leurs pensions ; et l’exception stipulée en faveur d’Athanaric fut peu honorable à ce juge des Visigoths, qui parut avoir ménagé dans cette occasion ses intérêts personnels ; mais il soutint mieux ensuite sa dignité et celle de sa nation, lorsque les ministres de Valens lui proposèrent une entrevue. Athanaric refusa de passer le fleuve, sous prétexte que son père lui avait fait jurer de ne jamais mettre le pied sur les terres des Romains. On choisit, pour le lieu de la conférence, le Danube même. L’empereur et le juge des Visigoths, accompagnés d’un nombre égal de soldats, s’avancèrent chacun dans un grand bateau, au milieu du fleuve. La paix fut conclue à des conditions peu honorables pour les Goths, qui s’obligèrent à ne plus passer le Danube. Ils restèrent paisibles environ six ans, jusqu’à l’époque où les Huns, descendus des régions du Nord, les chassèrent de leurs foyers, et les rejetèrent vers les provinces romaines. Athanaric plaça alors son camp sur les rives du Niester, résolu de se défendre contre les barbares victorieux ; mais les Huns surprirent son armée, et ce ne fut qu’à force de courage et d’intelligence qu’il parvint à opérer sa retraite. Il avait déjà formé un nouveau plan de guerre défensive, lorsque ses compatriotes trompèrent son espoir, et déconcertèrent ses projets. Le corps entier de la nation s’avança vers les bords du Danube, sous la conduite de deux autres chefs, et implora la protection de l’empereur. Athanaric, qui avait perdu tout ascendant, se retira, suivi d’une troupe fidèle, dans le pays montagneux de Caucaland, défendu par l’impénétrable forêt de Transylvanie ; il s’y forma un établissement, et ne prit qu’une part indirecte à la guerre qui éclata bientôt entre sa nation et les Romains. Ceux-ci tremblaient au nom des Goths, comme les Goths avaient tremblé au nom des Huns. La plus grande partie des Goths avait reconnu pour roi Fritigern, et Athanaric, retiré dans le pays de Caucaland, contempla de loin leurs succès ; mais à la mort de Fritigern, il abandonna sa retraite et traversa le Danube, malgré son prétendu serment de ne jamais entrer sur les terres de l’empire. Une grande partie des sujets de Fritigern, qui sentaient déjà tous les maux de l’anarchie, reconnurent volontiers pour roi un juge de leur nation, dont ils respectaient la naissance et dont ils avaient éprouve souvent habileté. mais l’âge avait refroidi l’audace d’Athanaric, et au lieu de conduire les Goths aux combats et a la victoire, il écouta la proposition d’un traité avantageux que lui fit Théodose. L’empereur alla au-devant de lui, et Athanaric fit son entrée à Constantinople, avec Théodose, le 11 janvier 381, et y fut reçu avec magnificence. Le prince goth contemplant l’éclat de la ville impériale, voyant la vaste étendue de son port rempli de vaisseaux, les armes et la discipline des troupes, dit ces paroles : « Un empereur lointain est un dieu sur la terre, et le mortel présomptueux qui ose l’attaquer devient homicide de lui-même. » Le roi des Goths ne jouit pas longtemps de cette brillante réception. Il mourut le 25 janvier, des excès auxquels il se livra à la table somptueuse de l’empereur. Théodose le fit inhumer à la manière des Romains, et avec tant de pompe, que les Goths, par reconnaissance pour l’empereur qui avait ainsi honoré la mémoire de leur prince, se chargèrent de garder les bords du Danube, et passèrent sous les drapeaux de Théodose, qui eut soin de les gagner par ses libéralités. Ammien fait l’éloge d’Athanaric ; mais, selon St. Jérôme, c’était un barbare, ennemi irréconciliable des chrétiens. B-P.


ATHANASE (Saint), patriarche d’Alexandrie, docteur de l’Église, naquit dans cette ville, vers l’an 296. Après avoir reçu dans sa famille une éducation chrétienne, il passa dans la maison de St. Alexandre, depuis archevêque d’Alexandrie, qui se chargea de le diriger dans ses études, et le fit ensuite son secrétaire Attiré par la grande réputation de St. Antoine, il alla mener pendant quelque temps la vie ascétique au près de ce célèbre anachorète, d’où il revint recevoir le diaconat à Alexandrie. St. Alexandre le produisit au concile de Nicée, où ses vertus naissantes et les talents qu’il déploya dans les discussions contre Arius frappèrent les Pères de surprise et de respect. Quoique très-jeune encore, il eut beaucoup de part aux décisions qui y furent prises. C’est de là qu’il faut dater la haine que lui vouèrent les ariens, et les persécutions qu’ils lui suscitèrent pendant tout le cours de sa vie. Six mois après le concile, St. Alexandre mourant le désigna pour son successeur, et ce choix, accueilli par les vœux unanimes du clergé et du peuple, fut confirmé par les évêques d’Égypte. À cette nouvelle, les sélaciens et les ariens déposèrent leur animosité réciproque pour se liguer contre Athanase, et, des ce moment, sa vie n’offre plus