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Après avoir rempli comme lui la charge d’échanson du sultan Sandjar, il trahit la confiance de son prince, en se rendant indépendant dans le Kharism, qu’il possédait à titre de fief. Au bruit de sa révolte, Sandjar marcha contre lui, le vainquit, prit son fils, qu’il lit périr, et donna le gouvernement du Kharism à Solyman son neveu. Le sultan était à peine de retour dans ses États, qu’Atzyz, secouru par les Kbitans, rentra dans le Kharism. Sandjar, d’abord vaincu, leva une nouvelle armée, battit encore une fois Atzyz, le força à la paix ; et, par un trait de générosité déplacée, lui rendit le Kharism. Loin d’être reconnaissant d’un aussi grand bienfait, ce rebelle n’en devint que plus hardi. Il voulut même attenter à la vie de son vainqueur ; mais les assassins qu’il avait envoyés à la cour de Sandjar furent pris et condamnés à mort. Le sultan rentra, en 1147, dans le Kbarism. Atzyz, après avoir soutenu un long siége dans Hézar-Asp, eut beaucoup de peine à se sauver. Il implora encore la clémence de Sandjar, qui consentit à lui accorder le pardon de son crime, s’il voulait venir se prosterner devant lui et baiser la terre Atzyz promit ; mais, trop fier pour accomplir une aussi humiliante condition, il s’approcha monté sur son cheval, inclina la tête devant le prince, et s’en retourna. Sandjar sacrifia son orgueil au bien des peuples tourmentés par la guerre, et se contenta de cette démarche. Depuis ce temps, Atzyz vécut avec lui en bonne intelligence, et porta ses armes chez les peuples qui habitent le long de la mer Caspienne. Il conquit plusieurs provinces, et mourut peu après, en 1155, dans la vallée de Khabouschan, âgé de 61 ans. Atzyz est représenté dans l’histoire comme un prince très-courageux, savant dans l’art militaire, et très-libéral envers les hommes de lettres, au nombre desquels on pouvait le compter. Il avait régné 29 ans dans le Kharism, que son père avait reçu à titre de fief. (Voy. Cothib-Eddyn.) Son fils Il-Arcela lui succéda.

J-n.


AUBAIS (Charles de Baschi, marquis d’), d’une famille illustre, originaire d’Italie, qui avait la prétention d’avoir été souveraine, naquit au château de Beauvoisin, près de Nîmes, le 20 mars 1686, et mourut dans celui dont il portait le nom, le 5 mars 1777. Passionné pour les lettres, il leur consacra sa fortune et sa vie. Il fut des académies de Nîmes et de Marseille. Il a publié : 1° avec Léon Ménard (voy. ce nom), des Pièces fugitives pour servir à l’histoire de France, avec des notes historiques et géographiques, 1759, 5 vol. in-1° ; 2° seul : Géographie historique, 1761, in-8°. Le premier de ces ouvrages est un recueil de divers morceaux qui étaient peu connus, ou totalement ignorés, généalogies, relations de voyages, récits de batailles, de sièges, de troubles civils, chartes, titres, etc. Chaque pièce est précédée d’une notice sur l’auteur, accompagnée de remarques, et suivie, quand elle en est susceptible, d’une table chronologique des événements qui y sont retracés. Parmi beaucoup de choses curieuses et utiles que renferme cette collection, on en trouve quelques-unes de minutieuses, et qui n’offrent aucun intérêt ; mais les compilateurs à qui on la doit avaient pour système que le reproche de minutie, en fait d’histoire, n’est que l’effet d’un préjugé que les ignorants et les paresseux veulent établir, et ils croyaient rendre un grand service à la postérité, en travaillant à le détruire. L’un d’eux s’est montré étrangement fidèle à ces maximes, dans sa volumineuse Histoire de Nîmes. Les Pièces Fugitives eurent du succès ; la Géographie historique n’en eut pas : c’est une compilation sans méthode et sans exactitude, l’auteur s’était cependant procuré les plus grands secours pour ce genre de travail, en rassemblant dans son château une des bibliothèques les plus nombreuses et les mieux choisies qu’un particulier opulent puisse former.


AUBAN.... (marquis de Saint-), mort le 11 juillet 1715, lieutenant-général des armées du roi, après quarante-six ans de service, avait fait dix-sept campagnes, et s’était trouvé à trente-huit sièges ou batailles. Partisan des anciennes ordonnances de l’artillerie française, il a donné : 1° Considérations sur la réforme des armes jugée au conseil de guerre, 1775, in-8° ; 2° Supplément aux considérations, etc., in-8° ; 3° Mémoires sur les nouveaux systèmes d’Artillerie, 1775, in-8° ; 4° une traduction de l’ouvrage d’Antoni, intitulée : Uso dell’ armi de fuoco, publiée par le marquis de Fraguier, beau-fils de St-Auban. (Voy. Antoni.)

A. B-t.


AUBE (d’). Voyez Richer d’Aube.


AUBENTON. Voyez Daubenton.


AUBER, membre de l’académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, naquit dans cette ville vers le milieu du dernier siècle et se consacra dès sa jeunesse à l’enseignement. Lors de la création des écoles centrales, en 1795, il fut nommé professeur de belles-lettres à celle du département de la Seine-inférieure. Il joignait à une profonde connaissance de la littérature une instruction peu commune dans les sciences. Pour se livrer avec plus de loisir à leur étude, il résigna sa chaire, avant la suppression des écoles centrales ; mais il mourut en 1805 une année après sa retraite. Secrétaire de la société d’émulation de Rouen, il a fait preuve d’un vaste savoir dans les rapports qu’il a publiés sur les travaux de cette société. M. Robert de St-Victor, qui lui succéda dans cet emploi, prononça dans une séance publique, en 1801, l’éloge de son prédécesseur. On trouve, dans le précis des travaux de l’académie de Rouen pour l’année 1801 (p. 54-60) un mémoire biographique de M. Gourdin sur les membres de l’académie décédés, depuis sa suppression jusqu’à son rétablissement : Auber y occupe une place honorable. Les ouvrages qu’il a publiés, sont : 1° Mémoire sur le gisement des côtes du département de la Seine-Inférieure, sur l’état actuel de ses ports tant sur la Manche que sur la Seine, sur les moyens de les perfectionner, et sur les canaux qu’il serait utile d’y établir pour faciliter la navigation intérieure, Rouen, 1795, in-4°. 2° Rapport sur les moyens d’améliorer les laines, 1795, in-1°. C’est en qualité de commissaire-administrateur du bureau d’agriculture qu’Auber fit paraître ce rapport. 5° Mémoire sur la nécessité de conserver, de multiplier, de réunir dans la