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ment politique du cardinal de Richelieu est supposé, ce qui a fait dire à Voltaire qu’Aubery fut le premier qui fit connaître la fourbe de son auteur. — Aubery, son frère, chanoine de St-Jacques, puis du St-Sépulcre, enfin de la Ste-Chapelle, et confesseur du président Lamoignon, figure dans le Lutrin de Boileau, où il est désigné par ces vers du 4e chant :

Alain, ce savant homme,
Qui de Bauni vingt fois a lu toute la Somme,
Qui possède Abelli, qui sait tout Raconis,
Et même entend, dit-on, le latin d’À Kempis.

A. B-t.


AUBERY, AUBRY (Jean), Albericus, natif du Bourbonnais, médecin du duc de Montpensier, vivait au commencement du 17e siècle. On a de lui : 1° l’Apologie de la médecine, en latin, Paris, 1608, in-8° ; 2° un Traité des bains de Bourbon-Laney et de Bourbon-l’Archambault, Paris, 160-1, in-8° ; 3° l’Antidote de l’Amour. 1599, in-12, réimprimé à Delft, en 1665, in-12. D’après la manière dont l’auteur envisage son sujet, il ne parait pas être du sentiment d’ovide, qui regarde l’amour comme rebelle aux secours de la médecine :

Nullis amor est medicabilis herbis.

— Un autre Aubry (Jean-François), médecin, intendant des eaux minérales de Luxeuil, sa patrie, a publié un excellent ouvrage, sous le titre d’oracles de Cos, Paris, 1776, in-8° ; et Paris, 1781, in-8°, avec une Introduction à la thérapeutique de Cos. Ce médecin est mort à Luxeuil, en 1795.

C. et A-n.


AUBERY (Louis), sieur du Maurier, fils de Benjamin Aubery, ambassadeur de France en Hollande, dans le 17e siècle, dut à cette circonstance l’avantage d’avoir pour précepteur Benjamin Priolo, qui était venu à Leyde afin de suivre les cours de Daniel Heinsius, de Grotius et des autres professeurs qui rendaient l’université de cette ville si recommandable. Il passa une partie de sa jeunesse dans le Nord. Revenu en France, il espérait que les services de son père et la faveur du cardinal de Richelieu pourraient lui faire obtenir un emploi diplomatique ; il fut constamment trompé dans son attente. Las des grands, il se retira dans sa terre, pour mettre la dernière main aux mémoires dont il avait recueilli les matériaux dans ses voyages. Il avait publié précédemment l’Histoire de l’exécution de Cabrières et de Mérindol et d’autres lieux de Provence, particulièrement déduite dans le plaidoyer qu’en fit, l’an 1551, Jacques Aubery, lieutenant civil au Châtelet de Paris ; ensemble une Relation de ce qui se passa aux cinquante audiences de la cause de Mérindol, Paris, 1615, in-4°. Ce titre indique suffisamment qu’Aubery du Maurier n’a pu être que l’éditeur de l’ouvrage, quoique plusieurs bibliographes le lui attribuent. Il y a joint plusieurs pièces assez intéressantes qui se rapportent aux mêmes événements.

C’est en 1680 qu’il publia des Mémoires pour servir à l’Histoire de Hollande et des autres Provinces-Unies, où l’on voit les causes des divisions qui sont depuis soixante ans en cette république et qui la menacent de ruine, au Maurier, Jacques Laboé, Paris, in-8°. Ces mémoires eurent tant de succès, lorsqu’ils parurent, qu’il s’en lit plusieurs éditions en peu d’années. La manière de voir de l’auteur n’était pas propre à lui concilier le suffrage du gouvernement des Provinces-Unies ; aussi ce livre fut-il sévèrement prohibé. L’auteur embrasse chaudement les opinions de son père, qui, lors de son ambassade en Hollande, avait été lié avec Grotius, et qui, dans cette affection, eut le bonheur d’être fidèle aux instructions de la cour de France. Ces instructions le chargeaient d’intercéder en faveur du grand pensionnaire Barneveldt, de Grotius et de Hoogerbetz, arrêtés par les ordres des états généraux, sous l’influence du prince d’orange. L’histoire a écrit en caractères de sang que la médiation de la France ne fut point écoutée! L’intérêt des mémoires d’Aubery du Maurier s’est peu affaibli. L’abbé Sépher en donna une nouvelle édition, en 1754, sous ce titre : Histoire de Guillaume de Nassau, prince d’orange, etc., 2 vol. in-12. On y trouve de plus que dans les mémoires originaux des notes inédites d’Amelot de la Houssaye. Il y a des exemplaires ou l’ancien titre est conservé. Louis Aubery mourut au Maurier, en 1687. Lenglet Dufresnoy dit qu’on l’a toujours regardé comme un auteur indépendant et désintéressé. M. Dorvaulx du Maurier, son petit-fils, a publié en 1755 un ouvrage tiré des manuscrits qu’il avait laissés. Il est intitulé : Mémoires de Hambourg, de Lubeck et de Holstein, de Danemark, de Suède et de Pologne, Amsterdam (Blois), in-12. Ils sont loin d’avoir obtenu le même succès que les premiers. Aubery avait entrepris d’écrire une histoire des dernières années de Louis XIII ; mais elle n’a point paru. Il était en correspondance avec plusieurs hommes de mérite, entre autres avec Costar. Ancillon a publié sa vie dans les Mémoires concernant plusieurs modernes, p. 558-57.


AUBESPINE (Claude de l’), baron de Châteauneuf, d’une famille originaire de Bourgogne, fut le premier qui porta le titre de secrétaire d’État, au lieu de celui de secrétaire des finances, et le transmit à ses successeurs. Il servit son pays avec autant de zèle que d’intelligence, sous François Ier, Henri II, François II et Charles IX. Le premier de ces princes le nomma, en 1545, un des commissaires chargés d’aller négocier la paix de Hardelot, avec les Anglais, et le second l’envoya, en 1555, aux conférences de la Marck. L’Aubespine fut encore un des plénipotentiaires de France au traité de Cateau-Cambrésis, et il se trouva aux états de Paris en 1559, à l’assemblée de Fontainebleau en 1560, à la reddition de Bourges, à la conférence du faubourg St-Marcel et à celle de la Chapelle ; enfin, il n’y eut pas une opération diplomatique de son temps dans laquelle il ne fût appelé ; et il s’y acquit une réputation d’un des plus habiles négociateurs de l’Europe. Chargé par la cour de traiter avec le prince de Condé et les autres chefs des huguenots, il ne put réussir à les ramener. La morgue qu’ils lui témoignèrent, jointe à la vive douleur qu’il ressentait du triste état de la France, déchirée par les factions, lui causa une maladie qui le conduisit au tombeau, le 11 novembre 1567. Ca-