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mutinée. Il fut nommé lieutenant général le 22 mai de la même année, et envoyé à l’armée du Var commandée par Montesquieu. Ce dernier lui confia le soin de faire la conquête du comté de Nice. À la tête de 12 à 15,000 hommes, Anselme passa le Var le 28 septembre 1792, et s’empara de Nice, du fort de Montalban, du château de Villefranche, sans presque éprouver de résistance. Cette dernière conquête était importante : cent pièces d’artillerie, 5,000 fusils, un million de cartouches, une frégate et une corvette armées de leurs canons, qui se trouvaient dans le port, un arsenal de marine qui était bien fourni, tombèrent au pouvoir des Français. Nommé général en chef de l’armée d’Italie, Anselme continua, mais avec moins de succès, le cours de ses opérations : les pluies, les neiges, le dénûment où se trouvaient ses soldats manquant d’habillements, de souliers et de munitions, le forcèrent, après une attaque inutile sur Saorgio, de se borner à l’occupation de Sospello, et déprendre ses quartiers d’hiver dans les environs de cette ville. Cependant les ordres du gouvernement et la nécessité de procurer des ressources à son armée le décidèrent à renoncer à cette oisiveté. De concert avec l’amiral Truguet, il forma le projet de s’emparer d’Oneille. L’armée navale se présenta devant cette place le 25 novembre, et aussitôt un parlementaire fut envoyé aux magistrats pour les engager à se réunir aux Français et à leur ouvrir les portes de la ville. Les habitants répondirent d’abord à l’officier chargé de ce message par des signaux qui semblaient l’inviter à s’approcher ; mais à peine le canot qui le portait fut-il près du rivage, qu’une décharge de coups de fusil tirés à bout portant blessa cet officier et tua sept personnes autour de lui. Cette déloyauté fut promptement punie : la ville fut bombardée le même jour, emportée le lendemain, et les Français ne l’abandonnèrent qu’après l’avoir pillée et réduite en cendres. Mais dès lors le désordre régnait dans l’armée ; elle n’observait plus aucune discipline, se livrait à toutes sortes de violences et de déprédations envers les habitants du comté de Nice qu’elle occupait, et le général Anselme était accusé de manquer d’énergie pour réprimer ces excès, peut-être même de les protéger, et d’en profiter lui-même pour commettre des exactions et des pillages. Il publia, dans le courant de décembre 1792, un mémoire justificatif de sa conduite, dans lequel il s’efforça de prouver qu’il avait réprimé le pillage, et que loin de contempler le meurtre, comme on l’en avait accusé, il avait arraché plus d’un malheureux à la fureur des cannibales. Il rejetait le dénûment de ses troupes sur Montesquieu et sur la négligence des administrations, et protestait de la pureté de ses sentiments républicains. Les commissaires envoyés par la convention à l’armée du Var pour examiner sa conduite furent loin d’être satisfaits des raisons qu’il alléguait : ils rejetèrent au contraire tous les désordres sur sa faiblesse, sur son incurie, et le suspendirent de ses fonctions (décembre 1792) ; le général Brunet fut nommé son successeur provisoire. La invention nationale, dans sa séance du 11 février 1705, décréta d’arrestation le général Anselme, sur le rapport de Collot d’Herbois ; il fut aussitôt mis en prison. Privé de ses papiers, de sa correspondance, de ses registres d’ordres, qui avaient été mis sous le scellé à Apt et à Paris, il écrivit néanmoins et rendit public, au mois de mars 1795, un nouveau mémoire justificatif (in-4o de 35 pages), dans lequel il retraçait en détail toute sa conduite, depuis le jour où il avait été chargé du commandement de l’armée du Var, et où il faisait voir que, dès lors, cette armée se trouvant dénuée de tout et en proie à l’anarchie, on ne pouvait que lui savoir gré de l’avoir conduite à la victoire contre des forces bien plus nombreuses et mieux organisées. Ce mémoire[1] parut produire un effet favorable au général Anselme ; le Moniteur en parla d’une manière avantageuse, et l’auteur eut le bonheur d’être oublié dans sa prison. Il y languit longtemps encore ; et ce fut la révolution du 9 thermidor (27 juillet 1791) qui le rendit à la liberté. Il prit aussitôt sa retraite, et obtint un traitement de réforme dont il a joui, dans une obscurité paisible, jusqu’à sa mort, arrivée vers 1812. F-ll.


ANSELME. Voyez Ascelin.


ANSELMO (Antoine), né à Anvers, où il fut échevin pendant plusieurs années et avocat fiscal de l’évêque, mourut en 1668, presque octogénaire. Il a beaucoup écrit sur le droit belgique. On a de lui : 1o  un recueil d’ordonnances en flamand, 4 vol. in-fol., Anvers, 1648 ; 2o  Codex belgicus, Anvers, 1649, in-fol. ; 3o  Tribonianus belgicus, Bruxelles, 1692, in-fol. ; 4o  Commentaria ad perpetuum edictum, Anvers, 1701, in-fol. ; 5o  Consultationes, 1671, in-fol. Ces quatre derniers ouvrages sont connus sous le nom d’Opera juridica. A. B-t.


ANSGARDE, première femme de Louis le Bègue, roi de France, fixa les vœux de ce prince, lorsqu’il n’avait encore que dix-huit ans. Comme elle avait moins de naissance que de beauté, Charles le Chauve n’approuva pas le mariage de son fils. Quelques historiens ont regardé comme bâtards les enfants qui en naquirent ; ce qui ne les a point empêchés de succéder à leur père, l’aîné sous le nom de Louis, et le second sous le nom de Carloman. Lorsque Louis le Bègue répudia Ansgarde pour épouser Adélaïde, Hincmar, archevêque de Reims, et le pape Jean VIII, qui était alors en France, refusèrent d’autoriser le divorce et de couronner la nouvelle reine ; aussi d’autres historiens ont-ils déclaré bâtard le fils qui naquit de ce second mariage, et qui régna sous le nom de Charles le Simple ; d’où il faudrait conclure que Louis le Bègue n’eut pas de postérité légitime, quoique tous ses fils aient monté sur le trône. On ignore ce que devint la belle Ansgarde après sa répudiation. F-e.


ANSIAUX (Emmanuel-Antoine-Joseph), né à Liège, le 1er janvier 1761, s’adonna avec passion à l’étude de la jurisprudence et acquit de vastes connaissances dans le droit romain et le droit

  1. L’auteur en annonçait un second, qui devait contenir les pièces justificatives, et qu’il se proposait de mettre au jour après que ses papiers lui auraient été rendus. Il paraît que ce second mémoire n’a pas été publié.