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par l’indépendance de ses opinions et par l’énergie avec laquelle il apostrophait les orateurs et le président lui-même, quand celui-ci s’écartait de ses devoirs. Le 7 décembre 1790, il fit rapporter le décret par lequel l’assemblée votait des remerciments au directoire du département de la Meurthe et à la municipalité de Nancy, en prouvant que la conduite de ces autorités, pendant les troubles qui venaient d’affliger cette ville, était loin de mériter un pareil honneur. Lorsque la constitution civile du clergé fut présentée à Louis XVI, ce prince différant d’y donner sa sanction, Babey proposa de lui demander le motif de ce retard, et de décider qu’en attendant sa réponse l’assemblée resterait en permanence. Quoiqu’il ne fût pas orateur, il ne craignait pas d’aborder la tribune. Il avait une voix de Stentor, qui, dans les discussions, couvrait toutes les autres. Lorsqu’il fut question de l’échange de Clermontois, il réfuta victorieusement l’opinion de l’abbé Maury. Le 28 février 1791, il se plaignit de la lenteur que l’on mettait à présenter une loi contre l’émigration ; et quelques jours après il fit décider que l’Assemblée n’entendrait pas M. de Clermont-Tonnerre qui voulait lui rendre compte des scènes tumultueuses dont il avait failli être la victime. Lors de l’arrestation de Louis XVI à Varennes, il appuya la proposition tendant à ce que l’assemblée s’emparât de tous les pouvoirs. Le 25 juillet suivant, il demanda que ce prince fût suspendu de ses fonctions jusqu’après l’achèvement de la constitution, et que, s’il refusait de l’accepter, il fût définitivement déchu. Après la session, Babey revint dans sa famille, et ne prit aucune part aux événements. Au mois de septembre 1792, ayant été nommé par le département du Jura membre de la convention, il s’y montra tout autre que ne pouvait le faire présumer sa conduite antérieure. Dans les débats qui s’ouvrirent sur le procès du roi, il demanda que cette grande question fut soumise aux assemblées primaires. Mais la convention ayant décidé que Louis XVI serait jugée par elle, il vota pour le bannissement à la paix, sous la réserve de l’appel au peuple. Babey fut l’un des soixante-treize députés qui protestèrent contre l’attentat du 31 mai 1793, et en conséquence il fut décrété d’accusation. Étant parvenu à se soustraire aux gardiens qu’on lui avait donnés, il se réfugia en Suisse, et s’y tint caché jusqu’au moment où la convention le rappela avec ses collègues (8 décembre 1794). Élu par son département au conseil des cinq-cents, il en sortit au mois de mai 1797 pour rentrer dans la vie privée. Il accepta peu de temps après la place de commissaire du directoire près de l’administration des salines de l’Est, et mourut à Salins, le 9 novembre 1815. W-s.


BABI (Jean-François), né en 1759, à Tarascon dans le comté de Foix, jouissait, à l’époque de la révolution, d’une fortune considérable, et se montra néanmoins un des partisans les plus fougueux du système de la terreur et des confiscations. Ayant été chargé, après le 31 mai 1793, de commander une troupe révolutionnaire, il porta l’épouvante dans tout le département de l’Arriége, et continua de se

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livrer aux mêmes violences, après qu’une loi de la convention nationale eut ordonné la suppression de toutes les troupes du même genre. Le député Clausel l’accusa alors à la tribune, et parvint à le faire décréter d’arrestation, ainsi que les nommés Picot, Allant et Massiac, qui avaient tenu la même conduite. Babi ne fut point déconcerté par ce décret ; il vint aussitôt à Paris, se présenta devant le comité de salut public avec audace, et non-seulement il se fit approuver, mais il obtint une somme d’argent avec une mission pour retourner dans son département, et y surveiller les contre-révolutionnaires. Le régime de la terreur était encore dans toute sa force ; Babi le fit exécuter si rigoureusement, qu’en peu de jours quatre cents suspects furent mis en arrestation par ses ordres, et quatorze envoyés au tribunal révolutionnaire de Paris, qui les condamna à mort. Il ne s’arrêta qu’à la nouvelle de la chute de Robespierre. Peu de temps après, il fut traduit lui-même au tribunal criminel de Foix pour concussion et actes arbitraires ; et il allait être condamné à la peine capitale, lorsque l’amnistie du 5 brumaire an 4 (octobre 1795) vint l’enlever a ses juges. Ses biens avaient été dévastés pendant son incarcération ; il adressa une demande au directoire exécutif pour être indemnisé, et le directoire n’y ayant eu aucun égard, il fit une pétition au corps législatif. Cette pétition fut lue au conseil des cinq-cents, dans la séance du 12 floréal an 4 (mai 1796), et elle y causa une grande rumeur. Le député de l’Arriége, Bordes, combattit la demande de Babi avec beaucoup d’énergie, et il le représenta comme un des hommes les plus sanguinaires qui eussent déshonoré la révolution par leurs crimes. « Je tiens à la main, dit-il, un échantillon des listes de sang écrites par ce barbare inquisiteur ; ce n’est que la douzième partie d’un volume in-fol. qu’il avait formé par l’im« pulsion de l’homme aux soixante ans de vertus « (Vadier)… Chaque ligne est empreinte de la soif qu’il avait du sang de ses concitoyens. » Malgré les efforts de Bordes, cette pétition fut renvoyée au directoire par le conseil des cinq-cents, où siégeait encore une majorité conventionnelle. Mais Babi s’étant alors établi dans la capitale, comme firent à cette époque la plupart des terroristes expulsés de leur département, y prit part à toutes leurs intrigues, et notamment à la conspiration qui conduisit, dans la nuit du 9 au 10 septembre 1796, à l’attaque du camp de Grenelle, les bandes de démagogues de la faction de Babeuf. Accueillis par des coups de sabre et de fusil, une partie de ces insensés périrent sur la place, et les autres furent arrêtés. Babi était au nombre de ces derniers. On le saisit sur la route de Sèvres avec l’ex-maire de Lyon, Bertrand, ayant deux pistolets chargés, dans ses poches. Traduit devant une commission militaire, il fut condamné à mort, et exécuté le 18 vendémiaire an 5 (9 octobre 1796). M-d j.


BABIN (François), professeur, doyen de la faculté de théologie, et grand vicaire d’Angers, sa patrie, où il était né, le 6 décembre 1651, mourut le 19 décembre 1734. Poncet de la Rivière, son