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soit l’ouvrage d’une main plus qu’octogénaire. Ce grand peintre est mort le 5 janvier 1818, âgé de 87 ans, aussi regretté pour son caractère de bonté et de bienfaisance que pour la supériorité de son talent. Le gouvernement polonais a acheté son portrait pour le placer dans la grande salle de l’université. Sa famille lui a fait ériger, dans l’église métropolitaine, un monument où il est réuni à sa femme, a sa mère et à son aïeul.

G-y.


BACICCIO (Jean-Baptiste Gaulli), peintre, né à Gênes en 1639, alla de bonne heure à Rome, où les conseils du Bernin lui furent très-utiles. Il a peint dans cette ville la voûte de l’église de Jésus, remarquable par l’accord des teintes, l’unité de l’action, le relief des objets et l’exactitude de la perspective. Il faut cependant plutôt examiner cet ouvrage dans son ensemble que le juger trop sévèrement dans quelques parties ; le dessin n’y est pas toujours correct. Baciccio fit, à St-François a Ripa, une Vierge avec son fils dans ses bras, dont le profil est très-soigné. Ce tableau a de l’expression et de la couleur ; mais les figures ne sont pas bien dessinées. Baciccio a fait, pour la première chapelle à droite en entrant dans l’église de St-André de Monte-Cavallo, un St. François Xavier mourant d’un très-bel effet. On doit à cet artiste les portraits des sept pontifes sous lesquels il a vécu. C’est surtout dans le genre du portrait qu’il a réussi. Il avait l’habitude de prier les personnes qui se faisaient peindre par lui de gesticuler et de parler librement, disant qu’il ne voulait pas représenter des statues. Le caractère de Baciccio était ardent et violent. On assure qu’il s’emporta un jour jusqu’à donner un soufflet à son fils, devant une nombreuse compagnie, et que le jeune homme, au désespoir, alla se jeter dans le Tibre. Baciccio mourut en 1709, à l’âge de 70 ans.

A-d.


BACILLY (Bénigne de), prêtre, compositeur et écrivain sur la musique, naquit dans la basse Normandie, vers 1625. Son principal ouvrage est intitulé : Remarques curieuses sur l’art de bien chanter, Paris, 1688, in-12 ; ce livre a eu trois autres éditions, 1671, 1679 et 1681. On y trouve des choses utiles, et à l’époque où il parut il méritait le succès qu’il obtint. Bacilly a aussi publié un Recueil des plus beaux airs qui ont été mis en chant, 2 vol. in-12, 1661 ; deux Recueils d’airs bachiques, in-8o obi., 1677 (c’est une seconde édition) ; deux Recueils d’airs spirituels à deux parties, 1692, in-8o obi. C’est encore une seconde édition, et, comme le frontispice porte par feu M. de Vasilly, on en peut conclure, malgré la mauvaise orthographe du nom, qu’en cette année l’auteur avait depuis peu de temps cessé de vivre.

J.-A. de L.


BACIO (Henri), jésuite originaire d’une famille italienne, naquit à Nancy, en 1609. Ayant fait profession dans la compagnie de Jésus, à Dijon, il obtint la chaire de rhétorique au collège de cette ville, et fut ensuite chargé d’aller prêcher sur divers points du royaume. Il mourut préfet des classes, à l’université de Pont-à-Mousson, au commencement de l’année 1681. On connaît de lui : 1° Illustrissimi ducis Bellegardii Laudatio, 1617, in-4o ; 2° Elegium Henrici Borbonii II, 1647, in-12. Ces deux morceaux oratoires ne sortent pas de la ligne commune des écrits de ce genre, même pour le temps où ils ont été composés.

L-m-x.


BACIOCCHI (Marie-Anne-Élisa Bonaparte, depuis Madame), la première des sœurs de Napoléon, naquit à Ajaccio, en Corse, le 5 janvier 1777[1]. Elle fut élevée gratuitement et par le crédit de sa famille à la maison royale de St-Cyr, dans le temps où son frère Napoléon terminait de la même manière son éducation à Brienne et à l’École militaire. Cet établissement de St-Cyr ayant été supprimé par un décret de la convention nationale, Ëlisa retourna dans sa famille avec son frère, à la fin de 1792 (voyez NNAPOLÉON), et lorsqu’en 1795 la Corse tomba au pouvoir des Anglais, elle vint avec sa mère et ses sœurs, résider à Marseille. Elles eurent, comme l’on sait, dans cette ville une existence précaire et malaisée, dans les détails de laquelle quelques écrivains se sont plu à fouiller pour y chercher de graves motifs d’accusation contre leur conduite. Si ces récits n’ont pas été complètement inventés par la haine, ils sont au moins dénués de preuves, et le devoir de l’historien qui les mentionne est de ne pas les admettre avec légèreté. Ce qu’il y a de bien certain, c’est que rien alors, dans l’état où se trouvait la famille Bonaparte, ne pouvait faire présager sa prochaine grandeur. Napoléon devint, peu après, général en chef de l’armée d’Italie ; mais cette soudaine élévation ne l’empêcha pas, comme on l’a prétendu, de donner son consentement à l’union projetée par sa mère entre Élisa et Baciocchi ; loin de lit, il vit cette union avec beaucoup de plaisir, parce que Baciocchi, ancien officier au régiment Royal-Corse, était d’une famille plus ancienne et plus considérée que celle des Bonaparte. Le mariage fut célébré à Marseille, dans le mois de mai 1797[2] ; et,

  1. Nous suivons pour cette date l’autorité de l’Almanach impérial, 1806, p. 36. M. Mahul. Ann. nécrolog., 1820, p. 3, dit le 8 janvier, erreur qu’il parait avoir prise dans les biographies précédentes, et qu’ont adoptée. selon l’usage, toutes celles qui ont paru depuis.
  2. Par une bévue tout à fait inconcevable dans un historiographe anssi minutieux, Bourrienne (Mém., chap. 19, t. I, p. 298 et suiv.) a prétendu avancer de plusieurs années la date de ce mariage. Il appuie son assertion sur une lettre datée d’Ajaccio, 1er août 1797, écrits et signée par Christine Bonaparte, qui propose a Napoléon d’être parrain de son troisième enfant. Bourrienne a cru, on ne peut deviner sur quel fondement, que Christine Bonaparte était la même qu’Élisa. Il est évident qu’il s’agit de Christine Boyer, première femme de Lucien. La lettre, signée d’elle, est de la main de son mari, ainsi que nous l’apprend Bourrienne lui-même, et elle commence par ces mots, qui sont d’une belle-sœur et non pas d’une sœur : « Général, permettez-moi de vous appeler du nom de frère… » Au surplus, cette lettre peut servir à prouver que dès lors, et même auparavant, la bonne intelligence avait cessé d’exister entre les deux frères Lucien et Napoléon. Quant à l’opposition de celui-ci an mariage de sa sœur avec Baciocchi, nous ne sommes pas les premiers à la contester : on lit a ce sujet dans un journal : « Le mariage civil de madame Baciocchi fut contracté à Marseille, le 1er mai 1797, avec l’agrément du général Bonaparte, et fut bientôt après célébré religieusement à Montebello, en même temps que celui de la princesse Borghèse, dans la chapelle du château de ce nom, occupé par le général Bonaparte lors du traité de paix de Campo-Formio ; il n’a donc pas été fait malgré lui. »