Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 20.djvu/375

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admettre qu’il s’était de bonne heure classé parmi les adversaires de l’indépendance ou de la supériorité du saint-siége. Après la mort de Pascal II, et quand Gélase ll, ayant refusé les demandes de l’empereur, s’enfuit à Gaëte, c’est lrnérius qui conseilla au souverain de déposer le pontife fugitil’, qu’il taxait de rebelle, et de faire élire un autre pape ; ce qui fut exécuté le 9 mars 1118. Le choix tomba sur l’archevêque de Braga, Maurice Bourdin, qui prit le nom de Grégoire VIII, et qui bientôt vit son compétiteur Gélase mourir en France, à Cluny (29 janvier 1119). Muratori s’écrie ici avec indignation que par ce trait on peut apprécier le savoir et la conscience d’Irnérius. Quand on admettrait que le conseil de destituer le pape fût d’un homme vénal et sans conscience, nous ne voyons pas en quoi cette vénalité préjudicierait au savoir d’lrnérius. Suivant Phypothèse établie au commencement de cet article, Page d’lrnérius à cette époque aurait été d’environ cinquante-trois ans ; d’après le dire, inexact du reste, qui montre Lothaire souriant à l’école de Bologne, il aurait encore vécu au moins huit ans et peut-être vingt (de 1126 à 1158), ou même davantage. Ce dont on ne peut douter, c’est qu’il n’existait plus en 1158, et l’on ne conçoit pas que Panciroli, Fichard, Ducange, l’aient fait vivre jusqu’en 1199 : car, à la célèbre diète de Roncaglia en 1158, Frédéric Ier, voulant faire déterminer, par un parere solennel des jurisconsultes, les droits impériaux, appela les quatre disciples les plus célèbres rslrnérius, Jean Bulgare, Martin Gosia, Hugues et Jacques di Porta Ravegnana ; mais lrnérius n’en fut pas : lrnérius était donc mort. Comme cependant ses quatre grands disciples- vivaient, il est probable que sa mort ne remontait pas très-haut, et nous la placerons plutôt après qu’avant 1158. On.assure qu’au moment de rendre l’ame il désigna pour son successeur à la chaire de Bologne J. di Porta Ravegnana, en le nommant un autre lui-même ; ce qu’en paraphrasa depuis en mettant dans la bouche du mourant le distique latin qui suit : Bulgarus os anrenm Msi-tions eopla legnin Hugo son|le¢um, ’.lacobusld quod ego. Aux quatre disciples déjà nommés il faut joindre Azzon. lrnérius passe pour avoir imaginé les degrés qui conduisent au doctorat, les titres de bachelier, de licencié ou maître ès arts et de docteur, le bonnet, les ornements et les autres marques qui caractérisent chaque grade. Il croyait, et de son temps il avait raison, qu’en frappant l’imagination par les yeux, il concilierait à la science plus de vénétation

☞-B. Corniani, Seeoli della letter. ítal.. t. 1", p. 65). Il n’était pas complétement inventeur à ccäîgard, et ce qu’il avait ont dire des grades des iétés secrètes fut ce qui lui suggéra l’idée de cette hiérarchie capacitaire. Enfin il est certain que c’est à l’école de droit de Bologne que furent admises pour la première fois ces distinctions, que bientôt celles de théologie les adoptèrent, ’et qu’elles se répandirent dans les universités. Autant le renom et l’œuvre verbale d’lrnérius nous frappent, autant ses ouvrages écrits nous semblent peu de chose, bien qu’en ait eu tort de les trop déprécier. Ce sont : 1° des Glen : (en latin) sur diverses parties du corps du droit romain (imprimées avec celles de Gosia, de Jearî le Bulgare, de Jean de Plaisance, dans le recueil e celles d’Accurse) ; 2° un Formulorium ou formula instramenloru quoi um in fofo : mu (augmenté à diverses reprises par d’autres compilateurs.et publié à Rome, à Florence, à Venise, esc.). P-or.

lRPlNO (Bass), poëte agréable, né à Parme vers la fin du.15e siècle, marcha sur les traces de Pétrarque, mais sans se trainer servilement, comme tant d’autres, sur les pas de ce grand maître. Il célébra plus d’une dame dans ses vers. et changea plusieurs fois de ville, attiré par de nouvelles beautés ; mais désabusé de ses chimériques espérances, il revint dans sa patrie, et après avoir retouché ses poésies, il les retrait en un volume, qu’il dessin, par une lettre du 20 mars 1520, à Jean Bruno dé Purcitadi, littérateur et poëte, dont le chanoine Angelo Battaglini a publié un choix de vers, précédé d’une notice sur la vie de l’auteur, Rimini, 1785, in-8°. Le Carzonière d’lrpino se conserve à Parme, ã la bibliothèque royale. Le savant P. Affo en a publié plusieurs morceaux remarquables, dans la curieuse notice qu’il a consacrée ã ce poëte, digne d’être plus heureux, dans son Scristori Parnigiaai. t. 5, p. 182-92. W-s.

IRSON (Claude), plus connu comme arithméticien que comme grammairien, né en Bourgogne au 17e siècle, fut juré teneur de livres, et publia, entre autres ouvrages de calcul, une Arithmétique universelle démontrée, Paris, in-4o, 1674 (ou, selon Goujet, 1672), et une Méthode des comptes en parties doubles, ibid., 1678, in-fol. Barbier observe que ce même Irson, à la fin d’une nouvelle édition de son Arithmétique, et en tête d’un abrégé d’un Traité des changes, rappelle les différentes éditions d’une grammaire de sa composition, sous le titre de Nouvelle méthode pour apprendre facilement la principes et la pureté de la langue française, Paris, 1657 (1656), 1662, in-8o ; même méthode abrégée, 1667, in-12 ; qu’ainsi l’abbé Papillon s’est trompé en attribuant les ouvrages de calcul à un fils du grammairien, contre l’opinion de Goujet. Dans une Liste des auteurs les plus célèbres de notre langue, liste bien précieuse pour cette époque à cause des notes dont elle est accompagnée, la grammaire d’Irson (édition de 1656) donne à un M. de Cerisiers (probablement René) une traduction française de l’Imitation de Jésus-Christ, que Barbier soupçonne être celle qu’en trouve désignée par les initiales R. C. A., dont nous possédons un exemplaire : mais celle-ci n’étant autre chose, comme ce bibliographe le remarque lui-même,