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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 23.djvu/184

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ces travaux difficiles furent accomplis en dix jours, malgré le feu continuel de la place. Au mois de novembre, l’armée` russe prit des quartiers d’hiver, et le comte de Langeron eut le commandement de toutes les troupes cantonnées dans la Moldavie et les deux Valachles. Il fit en lever d’assaut la forteresse Kalé, où l’on prit le pacha, 40 canons, 11 drapeaux et 400 soldats. Peu de jours après il bombarda Tourno, où l’on trouva 50 canons. Il y avait alors 14 de. grés de froid, et comme on ne pouvait creuser la terre pour remplir les gabions, avec lesquels en construisit sept batteries, on les remplit avec de la neige battue. L’empereur Nicolas, en récompense de ces trois affaires, nomme le comte de Langeron chef du régiment de Miajsk, et lui fit présent de deux canons des forteresses prises. Au mois de mars 1829, Diebitch ayant été nommé commandant en chef de l’armée, Langeron, plus ancien que lui, se retira avec l’agrément de l’empereur, et passa deux ans à St-Petersbourg. Attaqué du choléra, lorsque cette épidémie exerça ses ravages en Russie, il vit approcher sa fin avec fermeté, et mourut le 4 juillet 1851. Par ordre de l’empereur Nicolas, il fut inhumé dans l’église catholique d’Odessa. Le comte de Langeron était un homme de beaucoup d’esprit. Avant son émigration, il avait passé plusieurs années à Paris, et donné au théâtre une fort jolie comédie intitulée le Duel, qui a été imprimée en 1789. Il travaillait dans le même temps aux Actes ’des apôtres’ avec Peltier et Champcenetz, et l’on cite cette épigramme qu’il y inséra contre le duc de la Rochefoucauld-Liancourt, qui s’était attribué des vers dont il n’était pas l’auteur :

Si l’on empruntait du courage
Comme on emprunte de l’esprit,
Liancourt aurait l’avantage
De se battre comme il écrit. F.


LANGES (Nicolas de), seigneur de Laval et de Dommartin en Lyonnais, était fils unique de Nicolas de Langes, conseiller au parlement de Dombes, et de Françoise de Bellièvre, sœur du chancelier ; il naquit en avril 1525, dans le château baronial de St-Paris-le-Chastel. Son père mourut la même année, à l’âge de 27 ans ; sa mère, qui n’en avait que vingt-deux, refusa de se remarier pour surveiller son éducation. Ses premières études terminées, il alla prendre ses grades de docteur dans les universités de Padoue et de Bologne ; il se rendit ensuite à Paris pour y embrasser la profession d’avocat. Des qu’il eut atteint sa majorité, il vint à Lyon prendre possession de la charge de conseiller au parlement de Dombes, dont il avait hérité de son père, et vers le même temps (en 1551) il fut nommé conseiller au présidial de Lyon. En 1570, il succéda à son oncle Pompone de Bellièvre dans l’office de lieutenant général à la sénéchaussée de Lyon. Il exerçait ces dernières fonctions lors du massacre de la St-Barthélemy, et, de tous les magistrats de cette ville, il fut le seul qui eut le courage de refuser de prendre part à cette exécrable boucherie. En 1574, pendant le séjour que Henri III fit à Lyon, à son retour de Pologne, il lui prêta serment en qualité de premier échevin, à l’occasion des clefs de la ville rendues au consulat, qui en était privé depuis 1572. Fidèle à son serment, il quitta Lyon pendant la ligue, et n’y revint que lorsque cette ville eut fait sa soumission à Henri IV. Il mourut la 4 avril 1606, et fut inhumé dans l’église de St-Georges ; il était alors président du parlement de Dombes et du siège présidial de Lyon. Il avait épousé en premières noces Louise de Vinola, et en secondes Louise Grollier ; il eut de ce dernier mariage une fille unique, Louise, mariée à Balthazard de Villars. Mécène des gens de lettres, le président do Langes les accueillait dans sa maison de Fourvière, connue sous le nom de l’Angélique où il avait assemblé un grand nombre d’antiquités. Il mérite, par ses vertus et son urbanité, les éloges de tous ses contemporains, de Paradin, de Rubys, de Papire Masson, de Jean Godard, etc. On a de lui une traduction de l’histoire des premières années du règne de Louis XII, composée en latin par Humbert Velay (ou Veillez) de Savoie a La dédicace qu’il en fit au duc de Nemours est datée de Trevols, le 6 novembre 1592. Cette traduction se trouve à la fin de l’édition donnée en 1835, par le bibliophile Jacob, de la chronique de Jean d’Autun. Voy. Pernetty, t. 2, p. 408, et la Biographie lyonnaise, p. 162. Pernetty dit que Paradin, pour la fin de ses Mémoires de l’histoire de Lyon, profita des recherches sur l’antiquité qu’avait faites N. de Langes. Il veut sans doute parler des douze chapitres qui se trouvent à la fin du 5e livre de l’ouvrage de Paradin, et qui sont intitulés Aucuns chapitres qui ont été envoyés par l’auteur, depuis le reste du livre imprimé, desquels nous n’avons voulu frauder le lecteur ; et peut-être aussi des Inscriptions antiques, formules et épitaphes, qui terminent le volume.

A. B—t et A. P.


LANGETTI (Jean-Baptiste), peintre, naquit à Gênes en 1655. Il fut d’abord élève de Pierre de Cortone, et entra ensuite dans l’école du vieux Cassana, dont il a en général rappelé le coloris. Il alla s’établir à Venise, et, en 1650, il était au nombre des peintres étrangers qui florissaient dans cette ville. Boschini, dans son poëme en langage vénitien, intitulé Carta del navegar pittoresco, où il célèbre les artistes distingués de Venise, consacre quelques vers à Langetti, et le loue comme un professeur habile dans le dessin et le maniement du pinceau. Ces éloges ont été confirmés par Zanetti, et plus encore par les tableaux qu’il a exécutés avec soin, et parmi lesquels on remarque un Crucifix, placé dans l’église de Ste-Tbérèse. Dans ses autres ouvrages ll a peint en général de pratique, et n’a guère déployé que le talent d’un homme habile dans le métier. Les galeries de Venise et de la Lombardie possèdent un