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consigné dans une lettre du 5 juillet 1813, adressée par lui-même à l’auteur de la défense de Beauzée. La même année il eut une attaque de paralysie. Malgré son ardeur dans la critique, on ne peut attribuer à la fatigue d’une dispute littéraire soutenue en 1809 l’attaque qu’il essuya quatre ans après, et dont il mourut à Mézières, le 10 décembre 1815, à l’âge de 71 ans. L’abbé Lambinet était laborieux et avait de l’érudition. L’Institut a donné publiquement des éloges à ses connaissances.

L-y.


LAMBLARDIE (Jacques-Élie), inspecteur général et directeur de l’école des ponts et chaussées, et instituteur de l’école polytechnique, naquit en 1747 à Loches, en Touraine. Ses parents le destinaient à l’état ecclésiastique ; mais ne sentant pas de vocation pour cette carrière, il abandonna bientôt la théologie pour les mathématiques : Perronnet, qui eut occasion de le connaître, l’admit à l’école des ponts et chaussées, fondée par lui depuis douze ans ; et après cinq ans d’étude, Lamblardie fut employé comme sous ingénieur sur la côte de Normandie. Ce fut là qu’il inventa, pour repousser les barres de galets qui encombrent les ports de cette cote, les écluses de chasse flottantes, susceptibles d’être amenées pendant la haute mer vers les différents points dont on voudrait expulser le galet ; projet ingénieux, mais qui n’eut pas d’exécution. Lamblardie fut chargé d’exécuter, pour les écluses de chasse du Tréport et de Dieppe, les caissons inventés par Labelye pour construire dans l’eau sans épuisement (voy. Cessart) ; et il y réussit parfaitement, malgré les difficultés que les localités opposaient dans celle de Dieppe, la plus grande qui existe en ce genre. Pendant ce temps il rédigea sur les portes d’écluses tournantes un savant mémoire conservé en manuscrit à l’école des ponts et chaussées, et se livra aussi à d’importantes recherches sur les moyens de produire le calme dans l’intérieur des ports. En 1785, il fut nommé ingénieur du port du Havre ; et les grands travaux qu’il y a commencés ont rendu ce port un des plus beaux et des plus utiles que la France ait sur l’océan. On y admire surtout le pont à bascule qu’il fit établir sur la plate-forme qui sépare l’anclen bassin de celui qui le joint au nord ; il l’a décrit dans son Mémoire sur les diverses espèces de ponts mobiles. L’académie de Rouen ayant proposé un prix pour la recherche des moyens les plus propres à détruire les obstacles qui gênent la navigation dans la baie de la Seine, Lamblardie fit voir l’impossibilité de les combattre avec succès dans la baie elle-même, et prouva par d’exacts nivellements la possibilité de l’exécution d’un canal parlant de la Seine au-dessus de Villequier, et qui, ayant son embouchure au port du Havre, résoudrait parfaitement le problème. Il fit aussi très en grand et par des procédés aussi neufs qu’ingénieux un cours d’expériences sur la force des bois debout. Ce travail, terminé par ses camarades, a depuis été lu à l’Institut, et publié. Lamblardie fut ensuite nommé ingénieur en chef du département de la Somme, membre de la commission des travaux du port de Cherbourg, appelé à Paris l’an 1er (1793) pour être adjoint à Perronnet dans la direction de l’école des ponts et chaussées, et enfin premier directeur de l’école polytechnique lors de sa formation. Il mourut, sans fortune, le 6 frimaire an 6 (26 novembre 1797). Lamblardie n’a publié lui-même qu’un Mémoire sur les côtes de la Haute Normandie, 1789, in-4° de 67 pages, avec 2 planches ; ouvrage rempli de vues profondes et neuves, applicables aux constructions qu’on fait dans la mer, et dont il a déduit des principes, fondés sur l’observation, pour l’établissement et la direction des jetées

dans les ports sujets aux alluvions ; c’est avec ces principes qu’il a combattu et renversé la méthode des épis, employée jusqu’alors pour empêcher l’obstruction, par le galet, des ports situés sur ces côtes. Prony a donné une Notice sur la vie et les ouvrages de Lamblardie, dans le 5e cahier du Journal de l’École polytechnique (t. 2, p.179-184).

C. M. P.


LAMBRECHTS (Charles-Joseph-Mattieu), ministre de la justice sous le gouvernement directorial, était né, dans les Pays-Bas autrichiens, le 20 novembre 1755. Après avoir fait de bonnes études à l’université de Louvain, il y fut reçu docteur en droit, puis professeur, et enfin recteur en 1786. Appelé à Vienne par l’empereur Joseph II, ce philosophe sur le trône, pour nous servir de ses expressions, le chargea de visiter les différentes universités d’Allemagne. Revenu à Louvain, Lambrechts fut chargé d’y enseigner, a-t-il dit, une matière jusqu’alors fort négligée, le droit des gens, le droit naturel, public et universel. Ce fut dans ce temps-là qu’éclata dans ce pays l’insurrection contre l’empereur philosophe. Soupçonné fort mal à propos sans doute de conserver de l’attachement pour son souverain, Lambrechts fut obligé de s’éloigner de la Belgique, et n’y revint qu’en 1707, après l’invasion des Français, dont il adopta entièrement les opinions nouvelles ; ce qui le fit nommer, lors de la réunion de cette contrée à la France, président de l’administration centrale, puis commissaire du directoire exécutif près le département de la Dyle. S’étant fait remarquer par son habileté et par son zèle dans ces fonctions importantes, il fut appelé à Paris, et nommée ministre de la justice après la révolution du 18 fructidor (4 septembre 1797), qui renversa le parti royaliste et porta Merlin (de Douai) au directoire. En juillet 1799, il fut remplacé par Cambacérès ; mais, aussitôt après le 18 brumaire, il fut nommé par le premier consul membre du sénat conservateur, et, en 1801, comte et commandant de la Légion d’honneur. Pendant toute la durée du gouvernement impérial. Lambrechts siégea à côté de Lanjuinais, de Garat et de Volney, faisant partie