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pute très-vive avec Paul Manuce sur l’orthographe du mot consumptus, dont Lambin soutenait qu’il fallait retrancher le p ; et l’on assure que les deux adversaires s’échauffèrent tellement dans la discussion, que des injures ils en vinrent aux coups. Le style de Lambin est facile et pur, mais diffus et un peu lent ; et ses ennemis le caractérisèrent par le mot lambiner, qui est resté dans la langue. On a de ce savant laborieux : 1° des traductions latines des Harangues choisies d’Eschine et de Démosthène, Paris, 1565, in-4° ; — des Harangues de Démosthène sur la Couronne, ibid., 1587, in-4° ; - de la Morale et de la Politique d’Aristote, réimprimées dans les éditions de ce philosophe données par Isidore Casaubon et Duval ; 2° des éditions de Lucrèce : De rerum natura. Paris, 1565, in-4° ; 1565, in-16 ; 1570, in-4°. L’édition de 1570, quoique peu recherchée, a encore ses partisans ; Lambin y accuse Giphanius de plagiat, et celui-ci se défend en prétendant qu’au contraire Lambin lui avait dérobé un grand nombre d’explications (voy. Giffen). Le savant Sigebert Havercamp a conservé les notes de Lambin dans l’édition qu’il a donnée de Lucrèce, Leyde, 1725, 2 vol. in-4°. — Des Œuvres de Cicéron, Paris, 1566, 4 vol.in-fol. André Schott (Vita Carol. Langii) assure que, toutes les fois que Lambin, après avoir corrigé quelque endroit de Cicéron, ajoute ces mots : Invitis et repugnantibus libris omnibus, il est certain qu’il se trompe. L’abbé d’Olivet, dont le sentiment est ici d’un si grand poids, lui reproche aussi de s’être trop livré à ses conjectures dans les corrections sur le texte de l’orateur romain. — D’Horace, Lyon, 1561, in-4° ; Venise, Paul Manuce, 1566, in-4° ; et plusieurs fois depuis à Francfort et à Paris, in-fol. Le commentaire de Lambin est fort estimé. — Des Œuvres de Démosthène en grec, Paris, 1570, in-fol. Des Comédies de Plaute, Paris, 1576, in-fol. Cette édition, publiée par Jacques Hélie, n’eut aucun succès. — Des Vies des hommes illustres de Cornélius Népos. Paris, 1569, in-4° ; 5° Ciceronis vita ex ejus operibus collecta, Cologne, 1578, in-8° ; 1° plusieurs discours très-intéressants, et dont l’abbé Goujet a donné une notice raisonnée dans le Supplément du Dictionnaire de Moreri, édition de 1719 ; 5" des préfaces et des épîtres dédicatoires qui ont été recueillies avec celles de Muret et de Louis Leroi (Regius), sous ce titre : Trium illustrium virorum præfationes, etc., Paris, 1679, in-16 ; 6° des lettres dans les différents recueils des Epistolæ clarorum virorum. On peut consulter, pour des détails, Teissier, Éloges des hommes savants, et Goujet, Histoire du collége royal.


LAMBINET (Pierre), né en 1742 à Tourne, près de Mézières, fit ses études au collége de Charleville, tenu alors par les jésuites. Ayant témoigné du goût pour’ leur institut, il fut à l’âge de quinze ans, et après avoir fini ses humanités, envoyé à Pont-à-Mousson pour y faire son noviciat. Il resta dans leur société jusqu’à sa suppression par Clément XIV. Vers 1776, il entra dans l’ordre de Prémontré, et y fit profession à l’abbaye de Villers-Coterets, sous l’abbé Richard, son compatriote. Quelques années après, il quitta l’abbaye et l’habit de l’ordre, sinon de l’aveu de ses supérieurs, au moins sans opposition de leur part. Il se retira d’abord à Liége, puis à Bruxelles, où le prieur d’une maison religieuse le produisit chez le duc de Croquenbourg, qui lui confia l’éducation de ses deux fils. Lambinet remplit cette tâche à la satisfaction du duc ; l’éducation finie, on lui assura une pension de huit à neuf cents francs qu’il conserva jusqu’à sa mort. Il était demeuré lié à l’ordre de Prémontré par ses vœux. Le désir de recouvrer sa liberté ou peut-être quelques scrupules de conscience lui firent solliciter à Rome un bref de sécularisation, qui lui fut accordé sur le consentement de l’abbé général de Prémontré, consulté par la pénitencerie. L’abbé Lambinet s’était attaché de prédilection à l’étude de la bibliographie. Dès 1798, il avait fait imprimer à Bruxelles des Recherches historiques, littéraires et critiques sur l’origine de l’imprimerie, particulièrement sur ses premiers établissements, au 15e siècle, dans la Belgique, in-8°, dont la seconde édition augmentée porte ce titre : Origine de l’imprimerie d’après les titres authentiques ; l’opinion de M. Daunou et celle de M. Van Præt, suivie des établissements de cet art dans la Belgique, et de l’Histoire de la stéréotypie, Paris, 1810, 2 vol. in-8°, fig. C’est encore l’ouvrage le plus exact que nous ayons sur cette matière. On y trouve reproduite textuellement et en entier l’Analyse des opinions diverses sur l’origine de l’imprimerie, par M. Daunou. L’abbé Lambinet avait publié, vers l’an 1776, un Éloge de l’impératrice Marie-Thérèse, Bruxelles, in-8° ; et en 1785, une Notice de quelques manuscrits qui concernent l’Histoire des Pays-Bas (dans le tome 5 des Mémoires de l’académie de Bruxelles) ; il donna ensuite, dans l’Esprit des journaux, différentes lettres sur la Bible des pauvres, sur le Missel ambrosien, etc. On lui attribue encore la Table alphabétique de l’Esprit des journaux (de 1772 à 1784), Bruxelles, 1 vol. in-12. Il a donné aussi l’Imitation de Jésus-Christ en latin, édition stéréotype, 1810, in-12. L’auteur, en adoptant l’opinion qui attribue à Kempis cet ouvrage célèbre, y réitérait l’accusation qu’il avait portée dans le Journal des curés en août 1809, contre l’éditeur Beauzée, d’avoir falsifié, comme Valart, le texte autographe. Gence avait relevé de suite, dans le même journal, l’erreur d’une telle imputation, fondée sur un exemplaire de l’édition même de Valart, prise pour celle de Beauzée. Lambinet n’eut connaissance qu’en mars 1813 de cette réclamation ; mais alors il s’empressa de réparer son erreur, et donna des ordres pour faire supprimer, dans sa préface, l’imputation si injurieuse à la mémoire de Beauzée. Cela est