et résolut de profiter du mécontentement général pour marcher sur les traces de Sémiramis et de Nitocris ; Macrin la prévint, et lui ordonna de s’exiler d’Antioche. Julia-Domna se laissa mourir de faim, mais sa sœur Julia-Mœsa, exilée pareillement de la cour, fixa son séjour à Emèse, où ses richesses lui fournirent le moyen de procurer à son petit-fils Bassianus le titre et le rang de grand prêtre du soleil. Elle en vint à dire que ce jeune pontife était un fils de Caracalla, un rejeton de cette famille des Antonins si regrettée dans tout l’empire (voy. Héliogabale). Les largesses de Mœsa et ses intrigues achevèrent de lui gagner de nombreux partisans ; et les soulèvements particuliers contre Macrin se changèrent bientôt en révolte générale. L’irrésolution de cet empereur le retint longtemps dons son palais ; il
en sortit enfin à la tète des prétoriens et du peu de troupes qui lui étaient demeurées fidèles, et livra bataille à Bassianus, près du village d’Immœ à vingt-deux milles d’Antioche, le 7 juin 218. La mêlée fut sanglante ; mais Macrin ayant honteusement pris la fuite, son armée l’abandonna, et il fut massacré avec son fils (voy. Diadumenien), en cherchant à se réfugier chez les Parthes, ou, selon d’autres, en Italie ; ce qui paraît plus vraisemblable, puisqu’il fut atteint et tué près d’Archélaïde, en Cappadoce. Il avait régné quatorze mois moins trois jours. Les médailles de Macrin sont rares en or ; on n’en connaît point en petit bronze, ou, si l’on en cite, elles ont été moulées sur celles d’argent, et sont l’ouvrage de faussaires modernes.
MACRIN, poète latin, naquit à Loudun en 1490.
Son véritable nom était Jean Salmon, mais il prit
d’aberd le surnom de Mate-mu, et ensuite celui
de Jlaorisas ou Macau, sous lequel il est généralement
counu. Quelques auteurs ont prétendu
que son extrême maigreur lui fit donner ce dernier
surnom par François Ier ; mais il le portait
bien avant d’être admis auprès de ce monarque.
Il fut disciple de Jacques Lefèvre d’Étaples, et
précepteur de Claude de Savoie, comte de Tende,
et d’Honoré son frère. Le cardinal du Bellay eut
pour lui une estime particulière, et lui procura emploi de valet de chambre de François Ier. Varillas, dans son Histoire de l’hérésie, t. 5, rapporte
que, Macrin ayant été accusé de calvinisme, le roi le menaça de le faire pendre, et que le poëte effrayé, voyant à sa sortie du Louvre une manivelle de tonnelier qu’il prit pour une potence, perdit l’esprit, se jeta ans un puits et s’y noya. Mais ce récit est une fable ; car François Ier mourut en 1547 et Macrin termina sa carrière a Loudun en 1557. On a de lui des ’poésies lyriques si estimées dans son temps, qu’il fut nommé Horace français. Ce sont des hymnes, des odes, des élégies, des poëmes, un, entre autres, intitulé åvœaiœ, sur la mort de Guillonne Boursaug, sa
femme, que, par, une tournure grecque, l’apelle Galonia, c*est-à-dire 1-tante. On trouve dans les Mémoires de Niceron, t. 31, un article assez étendu sur Jean Salmon Macrin.— Charlet Macrin, son fils, ne lui était pas inférieur pour la poésie,
et le surpassa dans la connaissance de la langue grecque. Il fut précepteur de Catherine de Navarre, sœur de Henri IV, et périt au massacre de la St-Barthélemy, en 1572.
MACRINO D’ALBA, peintre, naquit à Alba, près de Turin, vers 1460, de la famille Alladia, considérée dans le pays. Quoique son style rappelle les maîtres de l’école milanaise, il paraît certain qu’il étudia pendant plusieurs années à Rome, comme on peut s’en convaincre par son tableau de St-François recevant les stigmates, où, parmi les fabriques qui ornent le paysage, il a représenté le Colysée de Rome. Son talent se découvre dans les tableaux qu’il a exécutés pour les deux chartreuses de Pavie et d’Asti. Dans la première il a peint en six compartiments la Résurrection de Jésus-Christ et la Vierge dans une gloire, ayant à ses côtés St-Hugues et St-Anselme. Ces tableaux portent Macrinus d’Alba faciebat 1496. Dans la chartreuse d’Asti, il a représenté le Christ mort, soutenu parla Vierge, St-Jean, un religieux et
un laïque chartreux ; et une llère de douleurs, estourée
de sept autres personnages. Enfin, a l’autel
de St-Bruno, il a peint une Vierge dans une gloire,
dont la beauté est remarquable. Ces deux derniers
ouvrages portent simplement le nom de Macrínus
et la date. On ignore le motif qui a åorté quelques
historiens, et même Lanzi, à ’re que le
nom de cet artiste était Jean-Jacques Fava. Quoi
qu’il en soit, Macrino fut un des artistes les plus
habiles de son temps et le plus distingué de son
pays. Il fut un des premiers la substituer le style
moderne a l’ancien. Ses têtes et ses expressions
sont pleines de vérité ; son faire est soigné et
étudié, quoíqμ’il mit de la sécheresse ; sa couleur
et son clair-o ur sont bien entendus. Asti,
Turin, Alba, conservent avec soin les ouvrages
de ce maître. La dernière de ces villes en possède
un assez grand nombre, tous remarquables par
leur mérite. Millin cite surtout une Ste-Anse dont
la tète a beaucoup de grâce, un St-François stigmates,
où on lit : Mauritius de Alladio. Il y en I
deux dans l’église paroissiale de St-Jean des Augustins,
et un divisé en trois compartiments,
dans l’ancienne église de St-François, remplis
de beautés du plemier ordre. Bnfln les magistrats
de la ville d’Al ont fait transporter dans une
des salles de l’hôtel de vüle un des ’plus beaux
ouvrages de llacrino, représentant à Vierge et
Pesfaat Jésus, placé : sous aun pavillon soutenu par
des anges, et ayant à leur cdti Ste-Anas et St-Jauplt.
Ce tableau, entouré de vingt-quatre autres petits
tableaux représentant des mystères, ornait
autrefois la cathédrale. Toutes ces peintures sont
sur bois, parfaitement conservées, et de demi grandeur.
L’éclat du coloris, la fermeté des chairs,
la vie qui anime toutes les figures en font im
ouvrage véritablement distingué. Macriuo Jouis-