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542· MAR vrage. D’ailleurs, comme il craignait, dit Laet, que, dans le cas où il lui arriverait quelque malheur, un autre ne s’emparât de ses matériaux, il s’était servi, pour écrire une grande partie de ces observations et notamment les plus importantes, de caractères qu’il avait imaginés : i devenait donc nécessaire d’avoir recours à Falphabet qu’il avait soigneusement caché paour déc iiifrer ces signes. Laet se chargea de cet tâche, ajouta des notes et ublia le travail des deux naturalistes sous cellitre : G. Pisonia, de medicina Brasilicnsi libri quatuor ; Georgii Marggravii historic : rerum uaturalium Brasiliœ librî Octo, Amsterdam, 16 !i8, in-fol., fig. Les trois premiers livres sont consacrés aux plantes, le quatrième aux poissons, le cinquième aux oiseaux, le sixième aux quadrupèdes et aux serpents, le septième aux insectes, le huitième au pays et aux habitants. Marggraf n’avait laissé qu’une ébauche très-imparfaite de ce dernier livre. Laet y suppléa, le compléta de toutes les notions authentiques qu’il put recueillir, et y ajouta un traité articuler sur les Tapuyes et les Chiliens. Les figures des plantes et des animaux dessinées par Marggraf ne sont pas mauvaises. Ce voyageur a fait connaître une foule de lantes nouvelles ; il leur donne les noms que iles Brésiliens lui avaient indiqués : on en a retrouvé la plupart, et l’on a reconnu qu’en général ses descriptions sont exactes. Pison fondit ensuite l’ouvrage de Marggraf avec le sien (voy. Pisoivl, et le publia en 1658. Le uatrième livre, qui contient les plantes, ofïre les âiservations des deux voyageurs. Pison a retranché du travail de Marggraf ce qui lui a paru peu important : on lui reproche d en avoir souvent pro ité sans le nommer. On trouve de plus dans ce volume un opuscule de Marggraf, intitulé T ractatus topographicus et meteorologicus Brasiliœ, cum eclipti solari ; uibus additi sun ! illius et aliorum Commentarii xi Brasilicmium et Chilensium indole et Iiugua. Une mol’t prématurée l’empêcha d’achever un grand ouvrage dont Laet donne ainsi le titre : Progymnastica mathématica Americana tribus sectionibus comprehcnsa. On y devait trouver tout.ce qui a rapport à l’astronomie, à la géographie et à la géodésie du Brésil. Plumier a nommé maregraeia un arbrisseau grimpant des Antilles qui appartenait à la famille des guttifères, et dont on a fait depuis le type d’une famille nouvelle. E-s.

MARGGRAF (André-Sigismond), chimiste allemand, naquit à Berlin en 1709. Après avoir travaillé dans quelques pharmacies de sa ville natale, puis à Francfort et à Strasbourg, il étudia la médecine à Halle et la métallurgie à Freyberg, fut nommé en 1738 membre de l’académie royale de Berlin, et directeur de la classe de physique en 1760. Il fut aussi associé de l’Académie des sciences de Paris, et mourut à Berlin le 7 août 1782. Excité par les travaux de Pott, de Cronstedt, de Wallerius et de Gellert, il se livra avec succès à l’étude de la chimie philosophique que Stahl venait de créer, et il se distingue par de précieuses découvertes. En 1743, il fit des recherches très-importantes sur le phosphore et donna un moyen facile pour l’obtenir à l'aide du muriate de plomb. En faisant l’analyse de l’urine, il reconnut les différents sels qu’elle contient, et y découvrit l’acide phosphorique en décomposant le phosphate d’ammoniaque. Le premier, il combina le phosphore avec l’arsenic, le zinc et le platine, et le premier, il trouva dans les végétaux le phosphore, qu’il obtint en calcinant de la graine de moutarde. Avant lui l’alumine pure n’était pas connue, et la magnésie était confondue avec les autres terres. Il apprit à les distinguer et détermina leurs caractères. En 1745, il fit connaître les propriétés distinctives de la soude et de la potasse, et il analysa le lapis lazuli et le sulfate de barite qu’on n’avait point encore décomposé. Ses travaux sur les combinaisons minérales lui apprirent l’action de l'ammoniaque sur l’oxyde de bismuth, celle de l’acide muriatique sur les oxydes de mercure. Il retira le zinc de la calamine par distillation, combina l’étain avec l’arsenic, et enseigna le moyen de décomposer à froid le muriate d’argent, en triturant ce sel métallique avec du carbonate d’ammoniaque, de l’eau et du mercure. Il trouva le fer natif en filons dans la mine de Libenstock, en Saxe. En 1757, il fit beaucoup d’expériences sur le platine, et reconnut que ce métal augmente de poids et s’oxyde à la surface lorsqu'il reste longtemps en contact avec l’air à un feu de verrerie. La chimie végétale a quelques obligations à Marggraf. C’est lui qui, le premier, a extrait la potasse du tartre et du sel d’oseille, et c'est aussi lui qui, le premier, a prouvé qu’on pouvait retirer avec avantage le sucre de la betterave. Mais, s’il a devancé Achard dans cette découverte, il n’en sut pas tirer le même parti. C’est en traitant plusieurs racines potagères par l’alcool qu’il a démontré la présence du sucre dans les navets, les panais, les carottes, les oignons et la betterave. Enfin, on lui doit la connaissance de l’acide formique. Ses nombreux opuscules, presque tous écrits en français, et insérés dans le Recueil de l’académie de Berlin et dans les Miscellanea Berolinensis, ont été réunis avec une préface de J.-G. Lehmann, en 2 volumes in-8°, Berlin, 1761-1767, et traduits en allemand dans les Récréations minéralogiques, Leipsick, 1768, in-8°, t. 1er, C. G.

MARGON (Gvircxnln Pr.sr~··rAv1·r DE LA Psuss, abbé na), littérateur, né vers la fin du 17e siècle dans le diocèse de Béziers, d’une famille noblect. ancienne, vint de bonne heure à Paris, et s’y lit connaître par la vivacité de son esprit et par quelques écrits satiriques qui annonçaient moins de talent que de méchanceté. Tous les biographes qui ont parlé de lui s’accordent à le représenter comme un homme d’un caractère atroce. toujours disposé à faire le mal. sans cesse occupé