Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 26.djvu/656

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des clefs, dans laquelle Mariette disait que l’absolution du prêtre ne remet pas devant Dieu les péchés ; selon lui, elle est une simple déclaration que les péchés sont remis devant la société ecclésiastique. On saisit chez l’imprimeur ce qui était déjà imprimé de l’ouvrage ; et le 12 janvier 1763 cette affaire fut jugée à l’audience de la police : on fit brûler toute l’édition, et l’imprimeur fut interdit pour trois mois et condamné à une amende. On voulut obliger Mariette à se rétracter ; mais il s’y refusa : et sur les plaintes de l’évêque d’Orléans, ses confrères furent obligés de le renvoyer de la maison de l’oratoire, où il résidait encore. Il quitta même sa ville natale, et vint à Paris. On trouve les détails de cette affaire dans une suite de Lettres à un ami de province, dont la première est du 20 janvier 1763 ; il y a sept lettres en tout et le recueil en forme 110 pages : on y relève plusieurs erreurs de Mariette, et, entre autres, celle-ci, que le pouvoir qu’ont les prêtres de remettre les péchés ne regarde nullement le péché en lui-même, ni la peine éternelle qui le suivrait, mais uniquement la peine temporelle. Il parut encore une Discussion théologique, in-12 de 113 pages ; d’un autre côté, Mariette publia Lettre d’un laïque à un laïque, du 4 février 1763, et Défense des lois de la charité, du 29 mars suivant. Il paraît que la hardiesse de ses assertions n’avait pas empêché qu’il ne se fît quelques partisans à Orléans. Cet appelant mourut

à Paris le 15 avril 1767.

P-c-t.


MARIETTE (Jacques-Christophe-Luc), né dans la Normandie en 1760, était avocat à Rouen avant la révolution. Il en embrassa la cause avec ardeur, et fut nommé en septembre 1792 député de la Seine-inférieure à la convention nationale ; mais, ayant appris que cette assemblée avait commencé ses travaux par l’abolition de la royauté, Mariette voulut se démettre. Cependant, malgré cette répugnance, il se rendit à son poste. Dans le procès de Louis XVI, il vota pour l’appel au peuple, pour la détention, le bannissement à la paix et enfin pour le sursis à l’exécution, en déclarant qu’il votait comme législateur et non comme juge. Après le 9 thermidor, il remplit une mission dans les ports de Cette, Marseille, Bordeaux, Bayonne et dans les départements des Bouches-du-Rhône et du Var, pour les opérations relatives aux marchandises qui s’y trouvaient en dépôt, et pour y lever la loi du maximum. Il a été accusé d’avoir alors souffert dans le Midi les terribles représailles que la jeunesse, indignée du sang que les terroristes avaient fait couler, tira d’eux après la chute de la Montagne, surtout à Marseille. Il était à Toulon lors de l’insurrection jacobine de cette ville en 1795, et contribua beaucoup à la comprimer ; il accusa, depuis, Salicetti de l’avoir favorisée en introduisant 6 000 Corses dans la ville, et demanda son arrestation. En juin même année, il fut nommé secrétaire de l’assemblée, entra ensuite au comité de sûreté générale, et se prononça contre les sections de Paris, dirigées par le parti royaliste aux approches du 13 vendémiaire. Devenu, par la réélection des deux tiers, membre du conseil des Cinq-Cents, il en sortit en mai 1797. Mariette obtint en 1800 une place de juge au tribunal d’appel de Rouen, qu’il occupa jusqu’à l’organisation des cours impériales en 1811. Il passa, peu de temps après, à la prévôté des douanes d’Anvers, et fut ensuite président d’un tribunal de douanes en Hollande. Nommé enfin commissaire de police à Paris, il perdit encore cette place après le second retour du roi en 1815. Il mourut à Paris, dans le mois de janvier 1821. M-n j.


MARIGNAC (Pierre Galissard de), né à Alais en 1712, fut envoyé dès l'âge de onze ans à Genève, où il obtint ensuite le droit de bourgeoisie. Il s’attacha à l’instruction publique, fut professeur de la troisième classe de l’université de cette ville, et y mourut en 1780. On a de lui : 1° Discours sur la dispute ; 2° Lettre critique sur la religion essentielle. Cet ouvrage a été réfuté par le professeur de Roches. 3° Épître sur la poésie ; 4° le Spectateur suisse, composé de Sept

discours ; 5° Épître critique à M. d’Alembert sur l’article Genève de l’Encyclopédie. Le Journal historique renferme un grand nombre de ses vers latins et français qui ne donnent pas une haute idée de son talent pour la poésie.

V. S. L.


MARIGNAN (Jean-Jacques Medichino, marquis de), l’un des plus grands capitaines de son temps, trouva moyen de se glisser, à la faveur de son nom, dans la maison des Médicis de Florence, et en prit les armoiries. Il était le fils d’un amodiateur des fermes du duc de Milan, et naquit en cette ville l’an 1497. Entré fort jeune ans la carrière des armes et ayant signalé sa valeur dans différentes occasions, il parvint enfin au grade de capitaine. Il fut présenté au fameux François Sforce, duc de Milan, et obtint bientôt toute sa confiance. Hector Visconti avait, par sa naissance, des droits sur le Milanais ; ses richesses et son crédit sur l’esprit des habitants ins irèrent de la jalousie à Sforce, qui résolut de se délivrer d’un ennemi dangereux. Medichino fut choisi, avec un autre capitaine nommé Pozzino, pour l’assassiner ; mais, e crime commis, Sforce ne songea plus qu’à se débarrasser de ses complices. Pozzino fut tué, et Medichino reçut l’ordre de se rendre au château de Muzzo, sur le lac de Côme, avec une lettre pour le gouverneur. Dans le trajet, il soupçonna les intentions de Sforce, et il s’en convainquit bientôt par la lecture de la lettre dont il était porteur : il la supprima, et en fabriqua une autre qui ordonnait au gouverneur de Muzzo de lui remettre provisoirement le commandement de cette forteresse, dans laquelle il se maintint contre tous les efforts du duc de Milan[1]. En 1525, il surprit Chiavenne :

  1. Gal. Capella et Henri Dupuy (Erycius Puteanus) ont écrit