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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 26.djvu/7

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rope, etc., depuis le milieu du 18e siècle jusqu’à la fin du 20e et du monde ; reçues et révélées en 1728, Londres, 1733, 1 vol. in-8°, qui devait être suivi de cinq autres. Cet ouvrage fut saisi en partie quelques jours après sa publication, de sorte qu’il est aujourd’hui très-rare. 2° Le Monument de Boulter, poëme, revu par le docteur Jonhson, et publié en 1743 ou 1744 ; 3° une Épître d’environ deux cents vers, imprimée en tète de la Vie de Philippe de Macédoine, par Leland, 2e édition. L.


MADEC, colonel français, né à Quimper en 1736, de parents pauvres, s’embarqua en 1748 comme élève de la compagnie des Indes. À cette époque, la France et l’Angleterre, en paix en Europe, se faisaient la guerre dans l’Hindoustan, sous le nom de différents princes du pays auxquels chacune fournissait des secours. Blessé à l’escalade de Trichenapaly, Madec, voyant que son grade subalterne lui offrirait peu d’occasions de se signaler, se jeta à la mer pendant la nuit, et après avoir nagé pendant quatre heures, atteignit le rivage près de Pondichéry. Il s’enrôla dans les troupes françaises, obtint bientôt le commandement d’un corps de cipayes, et après avoir fait des prodiges de valeur, fut pris par les Anglais à Djinji. La guerre était déclarée ; ceux›ci tourmentaient leurs prisonniers pour les contraindre de passer à leur service contre les princes hindous. Madec et quelques autres feignirent de prendre ce parti, et s’évadèrent à la première occasion. Ses 222 compagnons le nomment leur chef ; et, à leur téte, il va offrir ses services à Soudjaeddoulah, nabab du Bengale. La troupe de Madec ne tarda pas à se monter à 1,500 hommes, au milieu desquels il fit flotter le drapeau français. Soudja-eddoulah, vaincu deux fois par les Anglais, ayant été forcé de leur abandonner le Bengale, Madec passa chez les Djats, et par ses hauts faits d’armes acqlrit une grande réputation. Il ne fut pas toujours heureux ; mais, après avoir éprouvé des revers, on le voyait toujours reparaître à la tête de partis plus forts et plus nombreux. Ce fut ainsi qu’après un échec considérable il employa les bienfaits du radja à faire fondre 12 pièces de canon de 4 et un mortier. Vers 1771, il songeait à retourner en Europe et à y mettre en sûreté une fortune considérable, lorsqu’une lettre du commandant de Chandernagor, qui l’invitait à servir les intérêts de la France auprès des princes de l’Hindoustan, lui fit changer de projet. Il allait en 1772, quitter les Djats pour l’empereur du Mogol, lorsque celui-ci entra dans le pays pour le soumettre ; Les raisons ne manquaient pas à Madec pour ne plus servir chez les Djats : ils lui devaient deux cent mille roupies et ne le payaient pas. Cependant il prévoyait qu’ils seraient furieux de sa retraite, malgré ’abandon de sa créance. C’est ce qui arriva : il avait un corps de 3,000 hommes ; il les laissa dans son camp, et ne prit que 50 hommes de cavalerie pour aller chercher sa famille et ses effets. Un gros détachement vint l’attaquer à son retour ; il se battit depuis huit heures du matin jusqu’à trois heures du soir, repousse l’ennemi, et regagna son camp. Sa marche précipitée l’avait forcé d’abandonner la plus grande partie de son bagage. Bientôt il eut près de 100 000 hommes à ses trousses. Ils ne purent l’enfoncer ; et, après douze jours de route, il établit son camp à trois lieues de Dehly. L’empereur lui accorda le titre de nabab de première classe, et le ceignit lui-même de son sabre. « Ces deux jours, dit Madec « dans ses Mémoires, furent les plus beaux de ma « vie.... Je me disais : Tout ceci est-il un songe ? « Hélas, ce n’en était qu’un effectivement. » Les Mahrattes, craignant que la jonction de Madec au Mogol ne rendit ce prince trop redoutable, s’allièrent aux Djats, ses ennemis, et vinrent avec eux assiéger Dehly. Leur armée réunie était de 200 000 hommes. Celle du Mogol, bien plus faible, prit la fuite au premier choc. Madec resta seul sur le champ de bataille avec ses troupes et deux bataillons de cipayes, combattant pendant neuf heures sans être entamé. Les Mahrattes se vengèrent en pillant son camp, et ils forcèrent ensuite l’empereur à capituler. Ce prince n’avait plus le moyen de payer Madec, qui alla chez Scindiah, et qui, ruiné par ses trois derniers combats, résolus d’aller enfin chercher le repos dans sa patrie. Ce fut avec des peines infinies qu’il traversa le territoire des Djats pour rejoindre sa famille. L’empereur l’ayant appelé de nouveau, il leva une troupe assez nombreuse ; mais après une guerre assez longue, où il eut des alternatives de succès et de revers, voyant que le souverain qu’il servait était dans l’impossibilité de résister aux Mahrattes lorsque ceux-ci se joindraient aux Djats, il lui conseilla de se mettre sous la protection de la France, et, pour se l’acquérir, de céder une province à cette puissance. Des circonstances imprévues firent manquer l’affaire. Madec combattit encore les Mahrattes avec le radja de Ghod, puis licencia ses troupes, et le 1er mai 1777 se mit en route avec une escorte pour Pondichéry, où il n’arriva qu’après neuf mois de marche. Il attendait l’arrivée des vaisseaux d’Europe pour partir, lorsque la place fut investie par les Anglais. Il contribua beaucoup à sa belle défense, fut compris dans la capitulation, et s’embarqua. Un corsaire s’empara du bâtiment. Enfin Madec atterrit à Lorient en 1779. Un brevet de colonel lui avait déjà été expédié ; il obtint la croix de St-Louis et des lettres de noblesse. Il demandait à retourner dans l’Inde, une maladie grave arrêta son élan ; la paix était faite quand il recouvra la santé. Épuisé par les fatigues, il mourut en 1784, laissant une bien mince fortune pour un homme qui avait joui de la faveur des princes de l’Hindoustan. Il avait composé des Mémoires sur les affaires de ce pays ; on peut croire que, d’après sa longue