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résidence et le rôle qu’il y avait joué, ils contenaient des particularités intéressantes ; mais ils n’ont pas été publiés.


MADELEINE (LA). Voy. Philipon.


MADELÈNE (sainte-Marie) était Galiléenne de naissance. Il paraît qu’elle a pris son nom du château de Magdalum, situé sur les bords du lac de Génésareth, ou mer de Galilée. Délivrée par Jésus-Christ, au commencement de sa mission, de sept démons dont elle était possédée, elle s’attacha aux pas de ce divin Sauveur, ne cessa de se nourrir des paroles de vie qui sortaient de sa bouche, et de le servir de ses biens. Elle ne l’abandonna pas durant sa passion ; elle se tint auprès de la croix parmi les autres Marie qui avaient constamment suivi Jésus-Christ ; elle assista avec elles à son ensevelissement, observa exactement comment son corps était placé, et, s’en étant retournée, elle prépara des aromates pour venir l’embaumer. Cependant elle resta en repos le jour du sabbat, selon la loi. Mais le premier jour de la semaine, elle alla au sépulcre de grand matin (lorsqu’il faisait encore obscur), portant les parfums qu’elle avait préparés probablement de concert avec les saintes femmes qui étaient de sa compagnie. La pierre qui fermait le sépulcre avait été ôtée ; elle put donc apercevoir que le corps de Jésus n’y était point. Aussitôt elle courut annoncer à Pierre et à Jean qu’on avait enlevé le Seigneur et qu’elle ne savait où il avait été déposé. Les deux apôtres se hâtèrent d’aller s’informer de cet événement ; et comme ils ne comprenaient point encore qu’il fallait que Jésus ressuscitât d’entre les morts, et que son corps d’ailleurs ne se trouvait point dans le lieu où il avait été mis, ils en conclurent qu’on l’avait enlevé, et ils se retirèrent. Madelène ne se retira point ; elle continua ses gémissements et ses pleurs. Jésus lui apparut enfin : elle ne le reconnut pas d’abord, mais quand il l’eut appelée par son nom, elle s’écria : Ô mon maître! Elle voulut aussitôt se jeter à ses pieds pour les baiser. Ne m’approchez pas, lui dit Jésus, je ne suis pas encore monté vers mon père ; mais allez trouver mes frères, et dites-leur de ma part : Je monte vers mon père et votre père, vers mon Dieu et votre Dieu. Marie Madelène vint donc dire aux disciples : J’ai vu le Seigneur, et voilà ce qu’il m’a dit. Depuis cette époque, l'Évangile ne parle plus de Madelène ; et l’on ne trouve presque rien dans les monuments authentiques de l’histoire ecclésiastique qui nous apprenne d’elle quelque chose de certain. On lit dans quelques auteurs grecs du 7e siècle et des siècles postérieurs qu’après l’Ascension de Jésus-Christ, Madelène accompagna la Ste-Vierge et St-Jean à Éphèse, qu’elle mourut dans cette ville et qu’elle y fut enterrée vers l’an 90. L’empereur Léon le Philosophe fit transférer ses reliques à Constantinople et les déposa dans l’église de St-Lazare. En 1216, le pape Honorius III, qui les tenait vraisemblablement des croisés, les fit enfermer à St-Jean de Latran sous un autel dédié à la sainte. L’Église d’orient et l’Église d’occident célèbrent sa fête le 22 juillet. Le cardinal de Bérulle a composé en son honneur des discours pleins de la plus douce onction. Celui que lui a consacré le fameux Michel Menot est remarquable par ses quolibets et ses singularités macaroniques. Maintenant se présente la question de savoir si Marie Madelène est la même que Marie sœur de Marthe et de Lazare, et la fameuse pécheresse de l’Évangile, ou si elle est un personnage distinct. Nous traiterons cette question à l’article Marie, sœur de Marthe. Ici, nous nous contenterons de dire que si Madelène paraît être la même que la fameuse pécheresse, on doit la distinguer de Marie de Béthanie ; c’est l’opinion dominante parmi les savants.


MADELÈNE DE PAZZI (Sama), née à Florence en 1566, de l’illustre maison des Passi, reçut au baptême le nom de Catherine, en l’honneur de Ste-Catherine de Sienne. Elle ne prit celui de Marie Madelène qu’à sa profession religieuse, qu’elle fit en 1584, chez les carmélites de St-Fridien, dans un des faubourgs de Florence. Elle poussa les austérités et les macérations aussi loin qu’elles pouvaient aller. Affligée de douleurs et de maladies graves, elle les souffrait avec une résignation héroïque ; et quand on lui demandait d’où pouvait lui venir tant de patience, elle répondait en montrant le crucifix : « Voyez ce que l’amour infini de Dieu a fait pour mon salut. Ce même amour voit ma faiblesse ; et il donne du courage a ceux qui se rappellent les souffrances de Jésus-Christ.» Aux peines extérieures se joignirent les tentations, les découragements et tout ce qui peut affliger une âme pure. Elle mourut le 25 mai 1607, fut béatifiée par Urbain VIII en 1626, et canonisée par Alexandre VII en 1669. Sa vie, écrite en italien par le P. Puccini, son confesseur, a été traduite en français par Brochaud, Paris, 1670 ; en latin, par un des Bollandistes ; en Anglais, Londres, 1687, in-6°. Cette dernière traduction est suivie d’un Traité curieux sur les extases et les révélations dont Ste-Madelène fut honorée, suivant l’auteur de sa Vie, et que le traducteur attribue au tempérament mélancolique de la sainte, à son imagination et à ses jeunes. Le P. Salvi, carme de Bologne, a recueilli les Œuvres spirituelles de Ste-Madelène de Pazzi, Venise, 1739. Il a donné aussi les relations des miracles opérés par son intercession, Milan, 1724-28.


MADELENET, et non pas MAGDELENET (Gabriel), bon poète lyrique latin, était né vers 1587, à St-Martin de Puy, village de l’Auxerrois, de parents honnêtes, mais assez mal partagés des biens de la fortune. Il fit ses premières études au collége des jésuites à Nevers, et alla ensuite étudier le droit à Bourges. Ses cours terminés, il vint à Paris en 1610, et se fit recevoir avocat au parlement ; mais il ne tarda pas à se lasser d’une