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pour la somme de dix écus. Le libraire eut à se féliciter de son marché sous tous les rapports ; les vers de Michaelis furent goûtés, et l’auteur s’en ressentit. En effet, un des poëtes les plus considérés, Gleim, lui voua une amitié constante et lui procura une petite rente du chapitre de Halberstadt. Michaelis fut chargé de composer le prologue pour l’ouverture de la nouvelle salle de spectacle à Leipsick, et le succès de ce prologue lui attira la demande d’autres pièces de circonstance. On lui procura aussi une bourse pour qu’il pût continuer ses études de médecine. Mais cet état lui déplut, et, après une longue maladie de nerfs, dont il ne fut jamais bien rétabli, il y renonça entièrement. Obligé alors de tirer parti de son talent poétique, il composa de nouveau des pièces de commande et publia le Recueil de ses œuvres. Ses amis, Weisse, Garve et Engel, lui procurèrent en 1769, à Leipsick, une place de précepteur assez lucrative. L’année suivante, on lui confia la rédaction du Correspondant de Hambourg, une des plus anciennes gazettes d’Allemagne. Cependant, ne pouvant s’assujettir à un travail de ce genre, qui demandait trop de patience et d’attention, il préféra s’enrôler, en qualité de poëte dramatique, dans la troupe de comédiens dirigée par Seiler. Il la suivit dans ses voyages ; mais cette vie errante, accompagnée d’embarras de finance, le dégoûta aussi, et renonçant alors à tout projet d’avancement dans le monde, il prit le parti de se retirer auprès de Gleim, et de vivre pour ses amis et pour les Muses. Dans cette retraite, qui lui parut délicieuse, il composa des opéras-comiques, des épîtres, et il corrigea ses essais poétiques. Une maladie de poitrine l’enleva le 30 septembre 1772 aux lettres allemandes, dans lesquelles il n’avait encore donné que de belles espérances. Il s’était toujours efforcé de suivre les bons modèles : il faisait une étude constante de Virgile, d’Horace et de Juvénal, ainsi que des meilleurs poëtes allemands ; les œuvres de Boileau étaient toujours sur sa table. Il avait publié : 1° des Fables, odes et satires, Leipsick, 1766 ; 2° des Pièces détachées, ibid., 1769 ; 3° des Opéras-comiques, ibid., 1772 ; 3° des Epitres, ibid., 1772. Il avait encore écrit un Eloge en latin sur la mort de Lindner, à Zittau, et un discours dans la même langue : De abusu lingues vernaculœ, Leipsick, 1767, in-4o. Il avait fourni des pièces de vers a plusieurs recueils, entre autres à l’ Almanach des muses allemandes. C. H. Schmid a réuni ces diverses pièces sous le titre d’Oeuvres de Michaelis, t. 1er, Giessen, 1780. Le même éditeur avait publié cinq ans auparavant, à Leipsick, la Vie de cet auteur. Schirach, dans son Magasin, a donné un article sur les écrits et le génie poétique de Jean-Benjamin Michaëlis.

D—G.


MICHALLON (Claude), né à Lyon en 1751, dans l’obscurité, montra dès l’enfance du goût pour la sculpture, et commença à modèler quelques sta

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tues en bois, qui le firent remarquer. Venu à Paris pour y cultiver ce talent naturel, il suivit les leçons de Bridan, puis celles de Coustou, qui l’employa à sculpter es mascarons au Louvre. Passionné pour létude, il lisait la nuit dans son lit, éclaire par une lampe de son invention, et travaillait le jour pour les besoins auxquels le réduisait son peu de fortune. Ce fut par ce travail opiniâtre qu’il remporta le grand prix de sculpture a l’Académie. Comme tous les artistes ainsi honorés, il fit le voyage de Rome, où il se lia avec Drouais, peintre d’histoire. Lorsque celui-ci mourut, en 1788, Michallon obtint au concours l’exécution en marbre du tombeau de son ami, et ce monument, place à Ste-Marie, in via lara, commença sa réputation. Obligé de quitter Rome, après l’assassinat de Bassville, il revint à Paris et y fut charge des statues colossales qui servaient alors aux fêtes nationales. Il remporta différents prix donnés par le comité d’instruction publique, et traça pour le terre-plein du pont Neuf un plan qui n’a pas été exécute. Il composa aussi divers modèles de pendules, qui ont eu beaucoup de succès, entre autres L’Amour et Psyché. Michallon mourut à Paris en 1799, d’une chute qu’il fit en travaillant à des bas-reliefs au Théâtre-Français. On lui doit un beau buste de Jean Goujon.

Z.


MICHALLON (Achille-Etna), peintre paysagiste, fils du précédent, naquit à Paris le 22 octobre 1796. Devenu orphelin presque au berceau, il fut élevé dans la famille de sa mère, qui était belle-fille de Francine, sculpteur au Louvre, et qui prit le plus grand soin de son éducation. Le jeune Michallon fit de si rapides progrès sous la direction de David, Valenciennes, Bertin, Dunouy, qu’à l’âge de douze ans il était déjà artiste.

« Qu’on se figure Michallon en récréation, dit
« M. Vanier, fouettant un sabot, faisant tourner
« une toupie ou enlevant un cerf-volant dans la
« cour de la Sorbonne, pendant qu’un illustre
« étranger, le prince Youssoupoff, admire ses
« tableaux dans l’atelier de David, qu’il était
« venu visiter. »

Ce seigneur russe fit dès lors au jeune artiste une pension, qui fut exactement payée jusqu’au désastre de Moscou, où le prince Youssoupoff perdit la plus grande partie de sa fortune. Après avoir reçu en 1811 la médaille de l’Académie, et à l’exposition de 1812, la médaille d’or du second prix, Michallon obtint en 1817, à l’unanimité des suffrages, le grand prix au concours qui venait d’être ouvert pour le paysage historique. Il partit alors pour Rome en qualité de pensionnaire du roi. Le premier objet qui frappa ses yeux en entrant à l’école française fut son nom gravé en creux sur l’une des tables : c’était la place qu’avait occupée son père ; il la choisit pour la sienne et s’en montra digne. Le premier tableau qu’il envoya de Rome fut le paysage historique de Roland à Roncevaux, que l’on vit à l’exposition de 1819. On y retrou-