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vait la manière de Salvator Rosa : même perspective aérienne, même chaleur de tons, même énergie de contrastes. Le second envoi de Michallon fut le Combat des Lapithes et des Centaures, tableau fait dans le goût du Poussin, et qui attestait un grand progrès sous le rapport de la composition des groupes et de la science des figures. Après avoir parcouru l’Italie et la Sicile, Michallon revint à Paris en 1822, et présenta à l’exposition plusieurs vues, parmi lesquelles on remarquait les Ruines du Cirque, un Paysage des environs de Naples et une Cascade suisse. Il exécuta la même année plusieurs vues du parc de Neuilly, pour le duc d’Orléans, depuis Louis-Philippe. Etant allé un jour au jardin des Plantes pour faire des études d’arbres, il fut, en rentrant chez lui, atteint d’un violent mal de gorge. L’inflammation gagna bientôt la poitrine, et, peu de jours après, Michallon n’existait plus ; il mourut dans la nuit du 23 au 24 septembre 1822, n’ayant pas encore accompli sa 26e année. M. Y.-A. Vanier, son parent, prononça sur sa tombe une oraison funèbre qui a été imprimée. On trouve la nomenclature de ses ouvrages, au nombre de quatre cent soixante-trois, dans le Catalogue des tableaux, études, peintures et dessins de feu A.-E. Michallon, Paris, 1822, in-8o.

Z.



Voyez ARÇON (D’).


MICHAUD (Claude-Ignace-François), général, naquit en 1753 à Chaux-Neuve, dans les montagnes du Jura. Engagé le 10 septembre 1780 dans le 5e régiment de chasseurs à cheval, il quitta le service après avoir fourni son temps, et rentra dans sa patrie, où il fut, en juillet 1789, nommé commandant de la garde nationale. Il fit avec distinction les campagnes de 1792 et 1793 à l’armée du Rhin, et fut promu au grade de général de division par brevet du 4 vendémiaire an 2. Lorsque Pichegru eut quitté le commandement de l’armée du Rhin, an commencement de 1794, Michaud en fut nommé provisoirement général en chef, C’était l’époque où la terreur, autant que l’incertitude de l’avenir, éloignait du commandement beaucoup de militaires. Le maréchal Gouvion-St-Cyr en a fait dans ses Mémoires une peinture qui est très remarquable et très vraie. En entrant en fonction, Michaud écrivit, au comité qu’il se croyait peu capable de commander l’armée dans les circonstances où l’on se trouvait. Il renouvela cet aveu le 2 mars 1794 ; selon lui, son armée n’avait alors que 30,923 hommes combattants. Il avait demandé un plan d’opérations ; le comité lui écrivit :

« Prenez pour base de har-
« celer continuellement l’ennemi ; éloignez-le de
« nos foyers, afin que vous puissiez vivre à ses
« dépens. Ayez toujours à votre disposition deux
« ou trois corps de 15 à 18,000 hommes, prêts
« à marcher sur les points d’attaque. Tâchez, de
« maintenir la bonne harmonie avec les cantons
« de la Suisse. »

La minute est de la main de

MIC 205


Carnot. Le 23 mai, il fut attaqué sur toute sa ligne. Quoiqu’il eût obtenu des succès à la droite que Desaix commandait, l’armée de la Moselle ayant éprouvé des échecs, il fut obligé de quitter la position du Spireback pour occuper les hauteurs en avant de Landau. Le 28 mai, sa gauche fut forcée, et le lendemain il écrivit au comité : « L’armée du Rhin est trop faible et sa position est des plus critiques. Je ne puis tenir contre les Autrichiens et les Prussiens réunis. Envoyez-moi des secours. » Le 8 juin, il annonce au comité que, d’après ses ordres, il a fait arrêter les généraux Delmas et Laubadère, qui sont en chemin pour se rendre à Paris. Le 13 juillet, Michaud, de concert avec l’armée, de la Moselle, attaqua sur toute la ligne les Prussiens, qui occupaient le duché des Deux-Ponts. Le Platzberg, montagne élevée sur laquelle ils s’étaient établis, fut emporté à la baïonnette. Ils furent également chassés de leurs autres positions, laissant neuf pièces d’artillerie. Après ces succès, Michaud rentra à Spire et à Neustadt. Le 9 août, l’armée de la Moselle entra dans Trêves. Le général Wurmser ayant repris le commandement de l’armée autrichienne, à laquelle de nouveaux renforts étaient arrivés, Michaud fit peu de progrès ; mais, après les avantages que les armées du Nord et de Sambre-et-Meuse avaient remportés, il opéra le 13 octobre sa jonction avec l’armée de la Moselle ; le 19 et le 22 octobre, il entra dans Worms, Alzey et Oppenheim. Quelques jours après, le comité de salut public ayant décidé qu’il serait chargé de diriger à la fois les sièges de Manheim et de Mayence, il écrivit pour protester contre cet arrangement, qui, selon lui, exigeait ce qui était au-dessus de ses forces. Le comité lui répondit le 14 novembre : « En applaudissant à ton zèle et à ton courage, le comité pense que tu ne mets pas assez de confiance en toi-même. Il te commande de prendre Mayence et la tête de pont de Manheim. » Le 25 décembre, le général écrivait au comité : « Le fort du Rhin de Manheim est en notre pouvoir. L’ennemi a capitulé après quatorze heures de bombardement. » S’étant démis quelque temps après du commandement en chef, il ne conserva que celui d’une division avec laquelle il pénétra en Hollande au mois de janvier et occupa Flessingue et Middelbourg, dans la Zélande. Ayant été obligé de quitter l’armée au mois d’avril par la fracture d’une jambe, il fut remplacé par Kleber, reçut aussitôt le commandement de la Flandre orientale et de la Flandre hollandaise, et envoya à la convention une adresse énergique par laquelle il la félicitait de la victoire qu’elle venait de remporter contre la queue de Robespierre, dans les journées des 20, 21 et 22 mai. Nommé en 1798 commandant de la 13e division, il mit en état de siège et fit occuper militairement les communes de Rieux, la Poterie et Allaire, en Bretagne, comme ayant