Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 28.djvu/219

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ressorts particuliers à l’époque qu’il décrit, le jeu mutuel de tous ces éléments, il ne les connaît point assez. On lui a reproché aussi d’avoir trop sacrifié dans ses récits au faux esprit philosophique du 18e siècle et de n’avoir même, dans ses dernières éditions, corrigé que superficiellement la couleur voltairienne. On regrette enfin que les autorités ne soient jamais indiquées dans le corps de l’ouvrage. Quelques pièces justificatives à la fin des volumes et les deux ou quatre tomes de la Bibliothèque des croisades, voilà ce qui en tient lieu, Ceci est bien, et la bibliographie est sans contredit très utile et très bien faite, mais nous aimerions mieux qu’il eût fondu avec art dans son récit tous les documents, qu’il se fût savamment et convenablement inspiré de chacun. C’est la tâche de l’historien, bien plus haute que celle du bibliographe. L’histoire et la bibliographie, comme elles s’offrent dans le recueil de Michaud, sont deux moitiés incomplètes juxtaposées, mais non fondues. 3° (En partie avec la collaboration de M. Poujoulat), Correspondance d’Orient, 1837, 7 vol. in-8o. C’est une série de lettres censées écrites d’Italie, de Constantinople, de la terre sainte, etc., etc., racontant ses impressions de voyage. Michaud est assez à l’aise ; son talent de causer se déploie librement comme au coin du feu de la Quotidienne, et quelques passages doivent avoir du charme pour les hommes de goût et de salon qui ne rendent pas justice à ce que la littérature actuelle renferme d’énergie, de vraies beautés et d’art à côté de fautes graves, 4° (En collaboration avec Lœiîlard d’Avrigny), Histoire des progrès et de la chute de l'empire de Mysore sous le règne d’Hyder-âly et de Typpoo-Saïb, 1801, 2 vol. in-8o. Ce n’est qu’une compilation faite à la hâte sur des matériaux qui étaient alors à la disposition du public, matériaux la plupart tronqués, superficiels. 5° Voyage littéraire fait en 1737 au Mont Blanc et dans quelques lieux pittoresques de la Savoie, Paris, 1791. Ce fut le premier ouvrage publié par Michaud, 6° Origine poétique des mines d’or et d’argent, conte oriental ; 7° et 8° les Adieux à Bonaparte, et les Derniers adieux à Bonaparte victorieux, anonymes tous les deux, mais réimprimés avec son nom en 1814). Ce sont deux plaidoyers en faveur des Bourbons, Ce fut un acte de courage assez remarquable ; bien que l’auteur n’y eût pas mis son nom, Bonaparte, alors premier consul, ne l’ignora pas. On ne devait pas supposer qu’il prendrait aussi bien la chose. Ces deux écrits avaient été commandés à Michaud de la part du roi Louis XYIII. 9° Les Quinze semaines, ou le Dernier règne de Bonaparte 1815, in-8o, Ce pamphlet eut 27 éditions. Ce n’est absolument qu’un ouvrage de circonstance, Les faits y sont rares, les dates manquent totalement rien n’est approfondi. 10° Bon nombre d’articles, les uns dans la Biographie moderne, on Dictionnaire des hommes qui se sont fait en Europe

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une réputation depuis 1789 ; les autres dans cette Biographie universelle. Parmi ces derniers, nous indiquerons Guillaume de Tyr et Godefroy de Bouillon ; du reste, il en est beaucoup auxquels il mit son nom et où sa tâche se réduisit à donner à une rédaction trop aride un aspect un peu littéraire tel fut, entre autres, Alexandre le Grand, fait d’abord par Clayier, qui ne voulut pas le signer parce qu’on y avait fait des suppressions). Nous ne pouvons nous dispenser d’ajouter à cette liste la Collection des Mémoires pour servir à l’histoire de France, depuis le 13e siècle jusqu’au 18e siècle, Paris, 1836-44, 32 vol,in-8û ; et l’Abrégé chronologique de l’Histoire de France, du président Hénault, continué jusqu’en 1830. Michaud ne prenait qu’une part de plus en plus faible à la compilation pour laquelle on s’étayait de son nom, puisqu’il passait des mois entiers sans toucher une plume, et qu’il répondit un jour à quelqu’un qui, après lui avoir fait quelques questions sur les Mémoires que l’on publiait en son nom, revenait à l’Abrégé du président Hénault : Ah ! pour celui-là, je l’ai lu !» - On lui a attribué : Déclaration des droits de l'homme, poème, précédé de quelques Réflexions sur la Déclaration des droits adoptée par l’assemblée constituante, suivi de l’Apothéose de Franklin, Paris, 1792 (mois de novembre) ; mais il a nié toute participation à cet écrit, composé dans un esprit révolutionnaire et sur le titre duquel son nom se trouve défiguré.

― MICHAUD (François), frère puîné du précédent, se rendit à St-Domingue, à peine âgé de dix-huit ans, et y était devenu le gérant d’une habitation considérable, lorsque les Anglais s’emparèrent du Port-au-Prince en 1794. Plein de courage et de patriotisme, il fit tous ses efforts pour les en expulser, et se mit à la tête d’un complot qui fut découvert au moment de l’explosion. Arrêté et traduit devant une commission militaire par ordre du général anglais, il fut condamné à mort et fusillé, C’était un des plus beaux hommes de la colonie, et il y fut vivement regretté.

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MICHAUD (Louis-Gabriel), frère du précédent, naquit le 19 janvier 1773, à Villette, près du bourg de Pont-d’Ain, dans l’ancienne Bresse. Il fit de bonnes études au collège de Bourg, embrassa à dix-huit ans la carrière militaire, et débuta par le grade de sous-lieutenant dans le régiment royal des Deux-Ponts, infanterie. Il prit part, sous les ordres de Kellermann et de Dumouriez aux batailles de Valmy et de Jemmapes, et quitta le service en 1797 avec le grade de capitaine dans le 101e régiment de ligne, A son retour en France, Michaud, qui appartenait comme son frère à la nuance la plus tranchée de l’opinion royaliste, fonda, de concert avec le sieur Giguet, un grand établissement d’imprimerie, dont il consacra les presses à la propagation exclusive des écrits, religieux et monarchiques. Cette conduite attira sur les trois associés les sévérités de la police directoriale. Ils subirent en