sans que la poésie ait pourtant beaucoup de vigueur. Abandonnant pour un instant la rime, il publia dans le Blackwood’s, en 1824, un conte fort amusant et plein d’humour, l’Autobiographie de Mansie Wauch. Cette publication dura près de quatre ans ; mais les lecteurs ne s’en lassèrent pas ; car ce type écossais est rendu d’une manière très-heureuse. On crut reconnaître dans ce roman la touche de John Galt, tant l’œuvre s’éloignait du genre habituel de David Moir. l’ouvrage eut cinq à six éditions en Angleterre, et fut réimprimé en France et en Amérique. Moir ne délaissait pas pour cela sa clientèle. C’est à peine si, de 1817 à 1828, il sortit de Musselbourg. On lui offrit une belle position à Édimbourg ; mais il aimait mieux ses plaines, ses halliers et ses chers patients de Musselbourg. En 1831 parurent ses Esquisses de l’histoire ancienne de la médecine, ou Vues sur l’art de guérir chez les Égyptiens, les Grecs, les Romains et les Arabes, ouvrage d’une vaste érudition. Dans le temps du choléra (1832), tout en soignant avec dévouement les malades, il lança une brochure qui eut du retentissement, Observations pratiques sur le choléra-morbus, suivie bientôt d’une autre, Preuves de la contagion du choléra-morbus. Membre zélé de la société des antiquaires d’Écosse, il avait étudié les vestiges de l’antiquité qui subsistent à Musselbourg et surtout à Inveresk, une des stations romaines les plus importantes de l’Écosse. Il composa pour le New Statistical Account un mémoire sur cette dernière localité. Ses Domestic verses, où, entre autres choses, il déplore d’une manière touchante la perte de deux de ses fils, parurent en 1843. Le docteur Butler a traduit en latin un passage de ce poëme relatif au mont St-Bernard. Au printemps de 1851, Muir fit à l’Edimburgh philosophical Institution plusieurs cours sur la littérature poétique du siècle passé. Le poëme de Sélim fut sa dernière contribution au Blackwood’s Magazine, où il avait fourni trois cent soixante-dix morceaux de tout genre, en vers et en prose. Il mourut le 6 juillet 1851. C’était un tory ferme dans ses opinions et un partisan de l’Église d’Écosse. Comme il était aimé de tous dans sa localité, à laquelle il s’était entièrement consacré, on lui fit des funérailles publiques. Les Œuvres poétiques de Moir ont été publiées en 1852, avec un mémoire sur sa vie par T. Aird ; mais ce n’est qu’un choix de ses meilleures pièces. — Consultez son article nécrologique dans l’Edinburgh Courant, 1851 ; le Gentleman’s magazine, August, 1851, et l’Englísh Cyclopœdia.
MOIRA (François Rawdon, comte de), connu
dans les derniers temps de sa vie sous le nom de
marquis d’Hastings, était de l’ancienne famille
de Rawdon, qui, comblée des bienfaits de Guillaume
le Conquérant, en avait obtenu des terres
dont elle jouit encore. Fils du premier comte de
Moira et de sa troisième femme Élisabeth Hastings, il naquit en Irlande le 7 décembre 1754 et reçut une brillante éducation. Il fit ensuite un
voyage sur le continent, entra dans l’armée en
1771, devint lieutenant en 1773, puis s’embarqua
pour l’Amérique, où les hostilités contre les
États-Unis avaient commencé. Il combattit en
qualité de lieutenant de grenadiers à la fameuse
affaire de Bunker’s-hill, et y reçut deux coups de
feu à son bonnet. Sa bravoure dans cette occasion
lui mérita les plus grands éloges de la part
du général Burgoyne. Il devint en 1775 capitaine
et aide de camp de sir Henri Clinton. Il se trouva
aux batailles de Brooklyn et de White-Plains, à
l’assaut donné au fort Washington, à celui de
Clinton, et s’y comporta avec courage, ainsi que
dans plusieurs autres affaires, ce qui lui valut un
avancement extrêmement rapide ; car en 1778.
n’ayant pas encore vingt-quatre ans, il était adjudant
général avec le rang de lieutenant. Lord
Rawdon (c’était le nom qu’il portait alors), rendit
de grands services à l’armée dans sa retraite à travers
les Jerseys de Philadelphie à New-York et dans
l’action qui eut lieu à Monmouth. Il s’embarqua
ensuite avec ses troupes pour Charlestown, et
assista au siégé de cette place, où il montra tant
d’expérience, de jugement et une valeur si extraordinaire,
que, malgré sa jeunesse, il reçut le commandement d’un corps séparé dans la Caroline méridionale. Ce corps, dit des volontaires
irlandais, était formé des nombreux Irlandais qui
désertaient les rangs des Américains pour grossir
ceux des Anglais ; mais qui étaient fort enclins à
déserter de nouveau et à retourner à l’autre
parti. Rawdon déploya contre cet esprit de trahison
une sévérité sans miséricorde et très-expéditive.
C’est pourtant avec ce corps qu’il contribua
en 1780 au gain de la bataille de Camden, où
moitié des siens furent mis hors de combat.
Après cette affaire, lord Cornwallis le laissa dans
la Caroline méridionale, pour tenir tête aux généraux
américains Marion et Cumpter ; mais tout
à coup il eut affaire à Green, qui. après la bataille
de Guildford, ayant tourné la gauche de
Cornwallis, se trouva en face de lord Rawdon,
mal défendu par quelques redoutes à Camden.
Lord Rawdon ne s’en tira qu’en prenant l’initiative
et en tombant sur les Américains avec une intrépidité
et une vigueur qui les forcèrent à la fuite
devant Hobkirk-Hill (1781). Les affaires des Anglais
n’en commençaient pas moins à décliner, et
lord Rawdon avait été chargé de diriger la retraite
de leur armée, obligée d’évacuer Camden
pour revenir à Charlestown. Ce fut pendant son
séjour dans cette place qu’il fit traduire devant
une cour d’enquêtes le nommé Isaac Haynes,
Américain, qui fut condamné à mort et exécuté,
pour avoir cherché à soulever des milices à la
solde de l’Angleterre. Les attaques les plus virulents
furent lancées contre lui à cette occasion ;
on l’accusa presque d’avoir commis un assassinat ;
et le duc de Richmond en parla avec beau-