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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 28.djvu/619

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réintégré dans le bon esprit, Bouillon, 1784, in-12 ; 3° Dialogue entre Pierre le Noir et Marie Leblanc, Bouillon, 1785, in-12 ; 4° Réponse à la critique d’une lettre anonyme, Bouillon, 1786, in-12 ; 5° les Phases de la fortune, Bouillon, 1786 ; 6° Catéchisme historique, Bouillon, 1787, in-12 ; 7° le Chemin du ciel par la fortune, Bouillon, 1788, in-12 ; 8° Coup d’œil de mes ouvrages bien clair, en voyant les trois conversations suivantes, Bouillon, 1788, in-12, 3° édition. Ces conversations sont avec une marquise, un homme de lettres et un rétro. Suivent : 1° Mémoire afin d’obtenir justice à la cour souveraine ; 2° Réflexions sur l’éducation ; 3° Sur le discours préliminaire du Journal général de France du mardi 3 janvier 1766 ; 4° l’Homme de bonne foi, 3° édition ; 5° l’Homme qui influe sur tous par l’impression de Dieu ; 6° Définition de l’homme, 7° Éducation des ordres splendides, et divers autres ouvrages frappés de mort en naissant.

P. L-t.


MONGAULT (Nicolas-Hubert), excellent traducteur, né à Paris en 1674, était fils naturel de Colbert-Pouanges. Il fit ses études au collège Duplessis, et mérita, par son esprit et par son application, l’estime de Rollin[1]. À seize ans il entra dans la congrégation de l’Oratoire, et fut envoyé au Mans faire son cours de philosophie. On n’enseignait encore que la philosophie ancienne ; il étudia seule celle de Descartes, et se

trouva en état, à la fin de ses cours, d’en prendre la défense dans des thèses qui furent très-applaudies. Il professa ensuite les humanités à Vendôme ; mais la faiblesse de sa poitrine ne lui permit pas de soutenir longtemps les fatigues de cet emploi, et il quitta la congrégation en 1699 pour se retirer au collège de Bourgogne. Colbert, archevêque de Toulouse, qui prenait un vif intérêt à l’abbé Mongault, l’appela près de lui, et le combla de témoignages solides de son affection ; cependant il regrettait le séjour de Paris, si utile à un homme de lettres : il y revint dès qu’il en eut obtenu la liberté, et peu de temps après il fut admis à l’Académie des inscriptions. Chargé en 1710 de l’éducation du fils aîné du duc d’Orléans, régent du royaume, il s’acquitta de ses importantes fonctions de manière à se concilier l’estime et la bienveillance de son élève. Il s’attacha surtout à lui inspirer les principes religieux, capables de le préserver de a corruption générale. Mongault fut récompensé de ses soins par plusieurs bénéfices et par la place de secrétaire général de l’infanterie dont le duc de Chartres était colonel. L’abbé Dubois, devenu premier ministre, aurait voulu que le prince vint travailler avec lui, et il pria Mongault de l’y engager : « Je n’abuserai jamais, lui répondit celui-ci, de la confiance du prince pour l’engager à s’avilir. » On voit que, si Mongault avait de l’ambition comme on le lui a reproché, il était du moins bien étranger aux moyens de réussir. Le succès de sa traduction des Lettres de Cicéron à Atticus lui ouvrit en 1718 les portes de l’Académie française. Rendu à la vie privée, il se proposait d’entreprendre quelques ouvrages imposants ; mais sa santé chancelante ne le lui permit pas. Pendant les vingt dernières années de sa vie, il fut continuellement tourmenté par des douleurs de gravelle ou par les vapeurs qui leur succédaient. Un jour on lui demandait ce que c’étaient que les vapeurs dont il se plaignait : « C’est, répondit-il, une terrible maladie ; elle fait voir les choses telles qu’elles sont. » Il conserva jusqu’au dernier moment la fermeté d’un philosophe chrétien, et mourut le 15 août 1746[2], emportant les regrets de tous ceux qui l’avaient connu. Duclos fut son successeur à l’Académie française. C’était un homme d’un caractère franc, vrai, bon ami ; joignant à la sagacité qui saisit le ridicule l’indulgence qui le fait pardonner ; au talent encore plus rare, celui d’en connaître les bornes (voy. le Discours de réception de Duclos). On a de l’abbé Mongault la traduction de l’Histoire d’Hérodien, Paris, 1700, in-12, et celle des Lettres de Cicéron à Atticus, ibid., 1714, 4 vol. in-12. Elles jouissent toutes deux de l’estime générale ; le style en est pur et élégant, et les notes dont est accompagnée la traduction des Lettres à Atticus offrent une érudition choisie ; elles ont été fort utiles à Middleton pour la vie de Cicéron (voy. Middleton). On a encore de l’abbé Mongault deux Dissertations, l’une sur les honneurs divins rendus aux gouverneurs des provinces du temps de la république romaine, et l’autre sur le fanum ou temple) de Tullla ; elles font vivement regretter que sa santé ne lui ait pas permis d’en rédiger quelques autres, comme il en avait le projet.

W-s.


MONGE (Gaspard), créateur de la géométrie descriptive et l’un des fondateurs de l’école polytechnique, naquit à Beaune en 1746. Son père était marchand établi dans cette ville ; il soutenait assez facilement sa famille pour avoir pu diriger l’éducation de ses trois enfants vers les sciences et se priver de leur concours. Cet homme de bien, à qui un sens droit faisait sentir l’importance de l’instruction, ne négligea rien pour leur en procurer le bienfait. Tous les trois se dirigèrent vers les fonctions de l’enseignement : les deux plus jeunes suivirent d’abord les traces de leur ainé, qui fait l’objet de cet article [3] ;

  1. Rollin a inséré dans son Traité des études deux lettres de Cicéron, traduites par Mongault, dont il compare la version avec celle de St-Réal ; toutes deux lui semblent laisser encore quelque chose à désirer, et ses observations sont pleines de goût et de justesse. Mais son attachement pour Mongault perce au travers de ses critiques, et il en convient lui-même avec une admirable candeur. Voy. le chapitre de la Traduction, t. 1er.
  2. Voltaire prétend que l’abbé Mongault mourut de chagrin de n’avoir pu faire auprès de son élève la même fortune que l’abbé Dubois : mais rien n’est moins vraisemblable. Est-il donc si étonnant qu’un homme d’une santé délicate, accablé d’infirmités avant l’âge, meure à 72 ans! Si l’on doit être surpris, c’est qu’il ait résisté plus de vingt ans à des douleurs continuelles.
  3. L’un succéda depuis à son ainé dans la plane d’examinateur de la marine ; l’autre est mort professeur d’hydrographie à Anvers.