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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 28.djvu/625

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mouvement accéléré ; mais ils se repoussent le plus souvent, si le fluide qui s’élève autour de l’un s’abaisse autour de l’autre ; et alors, si l’on diminue convenablement la distance, on voit l’attraction succéder a la répulsion. Amontons, l’un des plus estimables savants sauvés de l’oubli par Fontenelle, avait tenté d’expliquer ce phénomène. Monge, en 1787, démontra l’insuffisance et même l’inexactitude des principes d’Amontons dans un mémoire où l’on trouve des aperçus heureux, des vues fines et des expériences curieuses. (Delambre, Mémoires de l’institut, 1806.) Les essais de Monge en chimie prouvent encore qu’il eût mérité la gloire d’un expérimentateur habile si celle de géomètre ne l’eût pas si impérieusement attiré. Cependant il travailla moins pour la gloire que pour les jouissances intimes et profondes que les sciences lui présentaient en elles-mêmes. Le plaisir le plus vif qu’elles lui procurèrent fut peut-être d’avoir été applaudi un jour par Lagrange pour une leçon d’éclat donnée à l’école polytechnique. Quand sa réputation fut assurée, il parut se reposer dans la carrière laborieuse de l’enseignement. Presque bègue et accoutumé à une prosodie vicieuse, il suppléait aux difficultés de son articulation par une pantomime très-animée. Une bonté naïve, combinée avec un penchant prononcé à l’enthousiasme, était le trait distinctif de son caractère. Sa seule bonhomie apparaissait dans ses habitudes privées ; mais l’on s’étonne que, prenant sa gaucherie dans la société pour l’indice d’un esprit borné, madame Roland ait fait une caricature de cet homme célèbre, à qui des appréciateurs plus justes appliquaient ce jugement de Buffon sur Daubenton, qu’il n’avait jamais ni plus ni moins d’esprit que n’en exigeait le sujet de sa pensée. Madame Roland, tout en rendant un témoignage remarquable à la probité de Monge, insinue encore qu’il fut ingrat envers Bossut : la vérité est que celui-ci s’éloigna le premier de Monge, qui lui avait été préféré dans la place d’examinateur de la marine. Monge a inséré quatre Mémoires d’analyse pure dans la Collection des savants étrangers de l’Académie des sciences de Paris, t. 7, 9 et 10. Pour marquer la progression de ses travaux scientifiques, nous désignerons par leurs titres ceux qu’il a consignés dans les Mémoires de la même académie : 1781, Mémoire sur la théorie des déblais et des remblais ; - 1783, Sur le résultat de l’inflammation du gaz inflammable et de l’air déphlogistiqué dans des vaisseaux clos ; Sur une méthode d’intégrer les équations aux différences finies non linéaires ; — 1786, Sur l’expression analytique de la génération des surfaces courbes ; Sur le calcul intégral des équations aux différences partielles ; Mémoires supplémentaires (les deux premiers morceaux avaient déjà été publiés dans les Mémoires de l’académie de Turin) ; - 1786 (avec Vandermonde et Berthollet), Du feu, considéré dans ses différents états métalliques ; Sur l’effet des étincelles électriques excitées dans l’air fixe ; — 1787, Sur quelques effets d’attraction ou de répulsion apparente entre les molécules de matière ; — 1789, Rapport sur le système général des poids et mesures (avec Borda et Lagrange). Monge a enrichi le premier volume du Journal de l’école polytechnique d’un cours de stéréotomie, et a répandu divers Mémoires dans les tomes 1, 6 et 8 de ce Journal. Il a rempli d’un bien plus grand nombre de morceaux la Correspondance polytechnique, rédigée par Hachette. Son nom figure parmi ceux des collaborateurs du Dictionnaire de physique, de l’Encyclopédie méthodique ; et les Annales de chimie contiennent de lui un Mémoire sur quelques phénomènes de la vision ; un autre Sur les causes des principaux phénomènes de la météorologie ; des Observations sur le mécanisme du feutrage, et des Notes sur la fabrication du fromage de Lodésan, t. 3, 5, 6 et 17. Il faut ajouter à cette énumération des Observations sur la fontaine de Moïse, dans le 1er volume de la Description de l’Égypte, in-fol. ; l’Explication du mirage, dans le 1ervolume de la Décade Égyptienne. Monge a publié séparément : 1° Traité élémentaire de statique, Paris, 1786, in-8° ; ibid., 1813, 5e édition ; 8e édition revue par Hachette, et suivie d’une note contenant une nouvelle démonstration du parallélogramme des forces, par M. Aug. Cauchy, Paris, 1815, in-8° ; 2° Description de l’art de fabriquer les canons, Paris, an 2, in-4°, ornée de 60 planches. On la joint quelquefois à la Collection des arts et metiers d’Yverdun, dont elle forme alors le 21e volume ; 3° Leçons de géométrie descriptive, publiées d’abord dans le Journal des séances de l’école normale, Paris, an 3 ; ibid., 1813, in-8°, 3e édition, avec un supplément par Hachette ; nouvelle édition, augmentée d’une Théorie des ombres et de la perspective, extraite des papiers de l’auteur, par M. Brisson, Paris, 1819, 1827, 1816, in-4°, avec 28 planches ; 6° Application de l’analyse à la géométrie des surfaces du premier et du deuxième degré, 4e édition, Paris, 1809, in-4° : la 1re édition, in-fol., avait paru dans l’an 3 sous le titre de Feuilles d’analyse appliquée à la géométrie ; la 5e édition, Paris, 1819, in-1°, a été revue, corrigée et annotée par M. Liouville. Z.


MONGELLAZ (madame Fanny), née à Chambéry en 1798, :était nièce de l’abbé Burnier-Fontanel, doyen de la faculté de théologie de Paris, ainsi que du célèbre Berthollet, dont elle fut l’héritière. Dés son enfance, mademoiselle Burnier se fit remarquer par un grand amour pour l’étude, par une exaltation d’idées et de sentiments qui contrastait avec son organisation délicate. Placée fort jeune dans la meilleure pension de Genève, elle attesta par de brillants succès la rare précocité de son esprit. Vivement attachée à un frère dont elle recevait à son tour les plus tendres soins, elle eût voulu lui consacrer son