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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 28.djvu/665

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grande flotte pour s’opposer à la confédération des Français et des Hollandais, Monson fut nommé vice-amiral de cet armement, et s’acquitta de son emploi avec autant de bravoure que de talent. Retiré ensuite dans sa terre de Kinnersley, il y mourut en février 1643, après avoir terminé ses Essais ou Traités sur la marine (Naval tracts), publiés dans la Collection de voyages de Churchill.


MONSTIER (Du). Voyez Mérinville.


MONSTIER (Arthur de), compilateur, né dans le diocèse de Rouen au commencement du 17e siècle, embrassa la vie religieuse dans l’ordre des Récollets, et s’appliqua particulièrement à rassembler les titres et chartes relatifs à l’histoire de sa province. Il mourut en 1662, laissant en manuscrit une compilation en 5 volumes in-folio. Les deux premiers, intitulés Neusria christiana, contiennent l’histoire chronologique des archevêques et évêques de Normandie, depuis l’établissement du christianisme ; le troisième, Neustria pia, imprimé en 1663, traite de l’origine et de la fondation des abbayes et prieurés de la province ; le quatrième, Neustria sancta, renferme les vies des saints du pays, et le cinquième, Miscellanea Neustria, les titres et chartes dont l’auteur n’avait pu faire usage dans les premières parties. Dom Toussaint Duplessis a relevé quelques inexactitudes de du Monstier dans la Description de la haute Normandie. On a encore de ce bon religieux : 1o la Piété françoise envers la sainte Vierge Marie, Notre-Dame de Líesse, Paris, 1637, in-8o. On trouve dans cet ouvrage quelques pièces intéressantes pour l’histoire de la Picardie. 2o De la sainteté de la monarchie françoise, des rois très-chrétiens et des enfants de France, íbíd., 1638, in-8o ; 3o Martyrologium franciscanum, Paris, 1653, in-fol. ; 4o Fortissími martyris Christi D. Lauriani archiep. Hispaliensis agon, bravium et elogium, cum annotationibus, ibid., 1656, in-12 ; 5o Martyrologium amplissimum sanctarum et beatarum mulierum, Paris, 1657, in-fol. Les Bollandistes ont consacré le 6e chapitre de leur tome 1er de février à la critique de cet ouvrage. L’abbé Saas a lu à l’académie de Rouen un Éloge du P. du Monstier, conservé dans les registres de cette compagnie.


MONSTRELET (Enguerrand de). On ignore en quelle année naquit cet historien. La plupart des biographes indiquent l’an 1390, prétendant qu’il avait trente ans lorsqu’il commença à écrire ses Chroniques, en 1420. Aucun détail sur sa vie privée n’est parvenu jusqu’à nous ; seulement on sait qu’il fut prévôt de Cambrai et bailli de Walincourt. Un acte capitulaire de la métropole de Cambrai, daté de 1437, prouve qu’íl était à cette époque bailli de ce chapitre ; mais il avait perdu cette qualité au moment de sa mort, arrivée en 1463. Les Mémoriaux de Jean le Robert, abbé de St-Aubert, contemporain de Monstrelet, relatent ainsi qu’il suit les obsèques du prévôt de Cambrai : « Le xx jour de juillet, l’an xiiii c. Liii, honorable homs, et noble Engherans de Monstrelet, escuyers, prevost de Cambray, et baillís de Walincourt, trepassa et eslisit se sépulture aux Cordelois de Cambraiy, et fu la porté en I portatoire enveloppez une natte vestus en habit de Cordelois, le visage au nud, et y heult vx flambeaux et íiij chirons de iij quarte chacun autour de le bière, où il y avoit un linceul estendu…. un habit de Cordelois, et heult loffice de trésorie, le quart de ledite chire, et li curez de cheens le quart des offrandes, et ny heult nient de drap. Il fut né de bas, et fu uns biens honnestes homs et paisibles, et croniqua de son tems des gherres de France, d’Artois, de Picardie et de Engleterre, et de Fland. de ceulx de Gand contre Mons. le ducs Phelippe, et trespassa xv ou xvj jours avant que la pais fust faicte qui se fist en le fin de jullet l’an xiiij c. Liij. Louez en soit Dieux et benis. » Cet article de nécrologie a fait penser que Monstrelet était bâtard, à cause de ces mots « né de bas », qu’il est impossible de concilier avec les titres de noble et écuyer donnés à Monstrelet, qui d’ailleurs commence sa chronique par ces mots : « Je Enguerrand, issu de noble génération. » Si Monstrelet fût né de basse extraction, suivant la signification que l’Académie attache aux mots : « né de bas, » il n’eût point été à la tête du corps échevinal d’une ville impériale, alors composé presque entièrement de nobles. Les historiographes contemporains s’accordent à le qualifier de nobilis scutifer, armiger. À l’appui de ces preuves, on peut ajouter celle qu’un fils de Monstrelet, reçu chevalier de Malte, prit vêture en cette qualité le 19 juillet 1444, dans la cathédrale de Cambrai. À cette époque, la qualification de bâtard n’avait rien d’injurieux : ce ne fut que sous le règne de Henri IV que les enfants naturels des nobles d’extraction furent privés de la noblesse. M. Farez, secrétaire perpétuel de la société d’émulation de Cambrai, dans un rapport fait à cette société en 1808, insinue qu’au lieu de « né de bas lieu », il devait y avoir « né de Ponthieu », contrée où se trouve la terre de Monstrelet. Quoi qu’il en soit de cette qualité, Monstrelet est jugé favorablement comme historien : l’hommage le plus flatteur qu’il ait pu recevoir est d’avoir été consulté et suivi par le président Hénault. Bayle, Moréri, le P. Lelong, Foppens, Duverdier, Duchéne, Sorel, Lenglet-Dufresnoy s’accordent à louer la fidélité des dates, la naïveté du style et la clarté des faits de ses Chroniques. Monstrelet ne dissimule pas son attachement pour les ducs de Bourgogne, qu’il suivit au siége de Compiègne en 1430. Il se contente de dire que la mémoire lui manque lorsqu’il pourrait aggraver les torts de son maître en rapportant exactement ses paroles. Les Chroniques de