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a un illustre voyageur (M. de Humbolt) des caisses ravies par des corsaires et rachetées par lui au cap de Bonne-Espérance. Broussounet, forcé de fuir la France, retrouva partout, à Madrid, à Lisbonne, à Maroc, la main bienfaisante de Banks. C'est Banks aussi qui fit le premier parvenir des secours et une lueur d’espérance dans le cachot ou gémissait Dolomieu à Messine. En revanche, quand la France, violatrice à son tour du droit des gens, emprisonna des milliers d’Anglais, paisibles et inoffensifs consommateurs des produits de l’industrie française, il šemprä d’adresser à l’Institut une liste de tous ceux de ses compatriotes en faveur desquels pouvait s’alléguer le moindre titre scientifique ; et l’Institut, peu difficile sur le prétexte, réclamait le captif comme savant. De tels procédés certes suffiraient pour immortaliser un nom, même lorsqu’il ne se recommanderait par nul autre mérite. — Banks peut encore être cité comme un des fondateurs de la société borticulturale de Londres et du bureau d’agriculture, ainsi que comme un des membres les plus anciens, les plus actifs de la société africaine dont le but est d’augmenter nos connaissances sur cette partie du monde et de la civiliser. Tous ceux qui ont voulu pénétrer dans l’intérieur de cette effrayante et mystérieuse contrée, tombeau des Européens, les Park, les Belzoni, les Bovvdicb, ont reçu de Banks des encouragements efficaces et l’appui le plus flatteur. C’est encore lui qui a contribué, en dépit de quelques tentatives malheureuses, a faire persévérer l’amirauté dans la recherche du passage nord-ouest, enfin trouvé, au moins en partie, par le capitaine Parry. -Tant de travaux, tant de services, furent successivement récompensés par les titres que nous avons énumérés au commencement de cet article, et dont sans doute la chronologie complète intéresserait peu le lecteur. Nous rappellerons néanmoins que celui de conseiller du roi, conféré à Banks en 1797, donna lieu à quelques plaisanteries dont il ne lit que rire, comme jadis il avait ri de Pfléroîde de la reine Obéréa d sir Joseph Banks (opuscule attribué au professeur Porson), et du pamphlet qui le représentait implorant du Seigneur la rénovation des plaies d’Égypte, ou au moins la multiplication des insectes. Cette fois on le montrait courant après des papillons, tandis que ses graves collègues délibéraient sur les intérêts de l’Europe. Mais comme évidemment ce n’est pointaux véritables conseils politiques que Banks était admis, l’épigramme tombe d’elle-mémezle róle de Banks, àvrai dire, subornait cette influence familière que lui donnait sur le monarque la communauté de goûts et de travaux. Cette influence sans doute était assez grande, puisque les ministres l’employèrent quelquefois pour faire adopter des plans que les circonstances nécessitaient peut-être, mais que George III n’envisageait qu’avec répugnance. Ce qu’il y a de sur, c’est que jamais Banks ne travailla directement à augmenter cette indnence, et qu’il n’en usa pas plus avec l’idée d’usurper un rang politique que dans l’intérêt de sa fortune et de sa vanité. En effet, qu’eñt-il souhaité de plus ? Tout ce qui contribue au bonheur du sage. tout ce qu’il avait ambitionne dès sa jeunesse, il le possédait : richesse, amis, considération, instruments et matériaux scientifiques, position sociale, moyens d’être utile. — La félicité domestique ne lui manqua point. Marié en 1779 à Dorothée Weston Huggeson, s’il n’eut pas d’enfants, du moins il vit constamment ses jours embellis par les soins de sa compagne ; il ne perdit sa mère qu’en 180~l. Sa sœur, une des femmes les plus spirituelles de l’Angleterre, vécut jusqu’en 1817, et depuis son veuvage demeura toujours auprès de lui. libabile botaniste Brown était devenu son bibliothécaire ; tout respirait autour de Banks la science et l’amitié, lorsque des infirmités douloureuses Vavertirent que sa lin approchait. Il expira dans sa maison de Soho-Square, le 19 mai 1820, léguant à Brown, sinon de quoi Pindemniser des espérances qu’il avait abandonnées pour lui, au moins de quoi rendre sa situation indépendante ; à M. Bauer des sommes pour continuer les beaux dessins botaniques commencés dans le jardin royal de liew ; enfin au musée Britannique sa bibliothèque, dont le catalogue seul (5 vol. in-8°, Londres, 1796-1800), publié par Dryander, est sans contredit le monument bibliographique le plus utile aux naturalistes. (Voy. Dansnea.) Ses ouvrages, qui réunis ne forment guère qu’un volume in-8°, consistent surtout en articles dans les recueils périodiques des sociétés savantes (Transactíons philosophie., Archœologia, ele.}. Il faut y joindre un essai sur les causes des maladies des blés (A short Account of the cause of bligbl, the mildew and nut in corn, 1805). — Cook donne le nom de Banks à une lle située au sud-est de la Nouvelle-Zélande par 43° 45’ lat. S. et environ 176° long. 0. du méridien. Depuis on a donné ce même nom à diverses terres parmi lesquelles nous ne mentionnerons qu’une des îles découvertes en 1820 par le Fury et l’H¿ch dans la mer polaire. Val.. P.


BANNELIER (Jean), savant jurisconsulte, naquit à Dijon, en 168". Après avoir exercé quelque temps la profession d’avocat, il fut nommé professeur de la faculté de droit établie dans la capitale de la Bourgogne en 1722, et en devint ensuite le doyen[1]. Il était avec Davot (voy. ce nom) l'oracle du barreau de Dijon, et ses décisions, en ce qui touche l’ancienne coutume de la province, sont encore suivies dans les tribunaux. Outre une Introduction à l'étude du Digeste, Dijon, 1750, in-8° de 60 pages, qu’il composa pour ses élèves, on a de lui des notes sur quelques-uns des arréts notables du parlement, dans le recueil de Fr. Perrier, 1782, in-fol. ; et des Observations sur la coutume de Bourgogne, qui forment le 8e volume de l’édition des Traités sur diverses matière : de droit français, ti rasage du duché de Bourgogne, de Gab. Davot, qu’il fit paraitre de ›l7ä| à 1766, Dijon, 8 vol. in-12, avec des notes étendues. Le barreau de la province accueillit ce travail avec faveur, et il lit souvent autorité de-

  1. L'université accordée à la ville de Dijon fut, sur les représentations de celles de Paris et de Besançon, restreinte à la seule facultéde droit. Essais historiques sur Dijon, par X. Girault, p. 263.