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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 3.djvu/269

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Nicolas Foscarini. Bergame, Brescia et quelques autres villes des États vénitiens de terre ferme demandaient leur réunion à la Cisalpine. Le 19 mars 1797, le parti révolutionnaire qui y dominait fit arrêter Battaglia ; il fut menacé et chassé de Brescia, et forcé de retourner à Venise, où il fut nommé avogadore, c’est-a-dire l’un des trois tribuns de la république. Mais la situation de cette république devenant de jour en jour plus alarmante, le sénat ne vit pas d’autre moyen de conjurer l’orage que d’envoyer des commissaires à Bonaparte, et le choix tomba sur Battaglia et Dandolo. Battaglia eut avec le général en chef de longues conférences dans lesquelles celui-ci le fascina complétement par ses manières tour à tour insinuantes et despotiques. Il fut néanmoins encore une fois obligé de retourner à Venise, lorsque Bonaparte s’empara ouvertement de Vérone et de toutes les autres villes de terre ferme. Ce fut alors que parut, sous le nom du provéditeur, une espèce de manifeste ou de déclaration de guerre contre les Français, dont le but était évidemment d’exciter des récriminations et des vengeances qui devaient amener la ruine de la république. Battaglia se hâta de démentir cette pièce mensongère, et le sénat en repoussa également la responsabilité[1]. La suite des événements a suffisamment prouvé qu’en effet l’un et l’autre y étaient étrangers. Rentré dans le sénat, le provéditeur continua d’y user de tout son crédit en faveur des Français, et il s’ouvrit, entre Pesaro et lui (voy. Pesaro), une lutte qui ne devait finir qu’à la chute de la république. Ce fut à l’instigation de Battaglia qu’une flottille partit du port de Venise, pour transporter jusque dans cette ville la division Baraguay d’Hilliers. (Voy. ce nom.) Cependant, lorsqu’il vit sa patrie livrée aux Autrichiens, et lorsqu’il ne lui fut plus possible de se faire illusion sur le véritable but de tant d’intrigues, Battaglia en conçut un chagrin si profond, qu’il mourut à Venise en 1799, quelques mois après l’occupation de cette ville par les troupes autrichiennes. — Battaglia, colonel des gardes d’honneur du royaume d’Italie, mourut à Smolensk, en 1812, par suite des fatigués et des souffrances qu’il essuya dans la retraite de Moscou. M—d j.


BATTAGLINI (Marc), né le 25 mars 1615, dans une petite ville du diocèse de Rimini, fut d’abord évêque de Nocera, en Ombrie, puis de Césène, où il mourut, le 19 septembre 1717 ; Ughelli (Italia sacra, vol. 2), se trompe en plaçant sa mort au mois d’octobre. L’ouvrage qui lui fit le plus de réputation est son histoire des conciles, Istoria universale di tutti i Concili generali e particolari di santa Chiesa. Venise, 1686, in-fol. Malgré son titre, il ne parla point de tous les conciles, mais seulement des principaux, au nombre de quatre cent soixante-quinze ; mais il donna, en 1689, une 2e édition, 2 vol. in-fol., augmentée de quatre cent trois autres conciles, et d’après laquelle ont été faites (aussi à Venise) celles de 1696, 1701 et 1711. On a encore de lui, outre quelques ouvrages de moindre étendue : Annalí del sacerdozio e dell’ imperio intono all’ intero secolo decimo settimo di nostra satute, Venise, 1 vol. in-fol. ; le 1er, 1701, le 2e, 1701, le 3e, 1709, et le 4e, 1711. Chacun de ces volumes embrasse les événements arrivés d’un jubilé universel à un autre, ou dans le cours de vingt-cinq ans. Ils ne sont point divisés par livres, mais par années. Le style a de l’affectation et de l’enflure ;

c’est le défaut de presque tous les écrits de ce temps, où l’on faisait peu de cas du naturel et de la simplicité. Il s’est fait du tout ensemble une 2e édition, à Ancône, 1742, 3 vol. in-fol.

G-é.


BATTALUS, joueur de flûte d’Éphèse, célèbre par sa mollesse. Le poète Antiphane, qui vivait vers l’an 400 avant J.-C., avait fait une comédie sur lui, ce qui fit que son nom devint proverbe. Comme Démosthène était très-efféminé dans sa jeunesse, on lui donna le surnom de Battalus.

C-r.


BATTARA (Jean-Antoine), ecclésiastique, médecin et botaniste italien, qui a exercé en même temps le sacerdoce et la médecine, ce qui n’est pas rare en Italie. Il était curé à Rimini, sa ville natale, où il est mort en 1789. Il observa avec beaucoup de soin les champignons qui croissent aux environs de cette ville, et il en a publié l’histoire : Fungorum agri Ariminensis Historia, Faenza, 1155 ; 2e édition, 1759, in-1°, avec 200 figures. Il les classa d’une manière particulière, et il en fit connaître plusieurs espèces nouvelles, dont il a donné des figures en 10 planches, qui, bien que médiocres pour l’exécution, sont néanmoins exactes, ayant toutes été dessinées par l’auteur. Il chercha à prouver que ce sont de véritables plantes, qui doivent leur origine à des graines, et non pas a la putréfaction, comme on le croyait assez généralement alors. Dans le nombre des champignons qu’il découverts, il s’en est trouvé un qui se distingue des autres par des caractères particuliers ; ce qui a engage Persoon à en faire un nouveau genre sous le nom de Battara. Ce savant donna, en 1778, Pratíca agraria dístríbuta in varii díaloghi, Rome, 2 vol. in-12. Cet ouvrage, propre à l’instruction des gens de la campagne, a été réimprimé avec des augmentations de l’auteur, Cesene, 1785, 2 vol. in-8°. Battara a publié deux autres petits, ouvrages : Litteræ ad C. Toninium, dans les Attí dell’ acad. di Siena, t. 4, et Epistola selecla de re naturalí obseruationes complectens, Arimini, 177-1, in-4°, cum tab. æneís 1. Ce sont des lettres contenant des observations sur l’histoire naturelle. Jean Bianchi, plus connu sous le nom latin de Plancus, dont Battara avait été le disciple, contribua à l’édition du traité des champignons. D-P-s

BATTEL (André), voyageur anglais, né dans le comté d’Essex, vers 1565, s’embarqua, le 20 avril 1589, à Londres, sur un navire marchand qui faisait voile pour le Rio de la Plata, avec deux autres petits bâtiments. Après un voyage difficile, les Anglais arrivèrent en automne à l’embouchure du fleuve ; mais le manque de vivres, car ils furent ré-

  1. Ce manifeste avait été fabriqué à Milan par un nommé Salvadori, qui l’avait inseré dans son journal, le Thermomètre politique. Obligé de quitter l’Italie en 1799, ce journaliste se réfugia à Paris, où il vécut longtemps malheureux, et finit par se noyer.