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ouvrages de Martin de Barcos est aujourd’hui complétement oubliée, comme les discussions qui les ont fait naître. T-d


BARD (Samuel), médecin américain, fils d’un médecin d’origine française, naquit à Philadelphie, le 4" avril 1142. Après avoir fait ses études au collège royal de New-York, il se rendit en Europe, en 4 764, pour y étudier la médecine. Comme la guerre existait alors entre la France et l’Angleterre, il fut pris par les Français pendant la traversée, et retenu prisonnier à Bayonne pendant neuf mois. Il se rendit ensuite à Londres, où il fit connaissance de Fothergil, de Hunter, de Mackensie, de Russel, et de là à Édimbourg, où il eut pour maîtres Cullen et les deux Monro. Il y suivit aussi les leçons particulières du célèbre Brown, mais il n’embrassa pas sa doctrine. Bard reçut le grade de docteur à Edimbourg, le 6 septembre 1765, et soutint à cette occasion une thèse sur les vertus de l’opium. Il revint ensuite en Amérique, s’y livra à la pratique avec son père pendant trois ans, et entreprit ensuite de fonder à New-York une école de médecine, qui fut d’abord réunie avec le collège royal. Ses collègues furent les docteurs Clossy, Jones, Middleton, Smith et Tennant. Bard enseigna la pathologie et la thérapeutique. Le nouvel établissement commença, en 1769, à conférer les grades académiques. La même année on y fonda un hôpital pour l’instruction des élèves ; mais il fut détruit peu après dans un incendie, et institué de nouveau, en 1794, sous la présidence de Bard. Durant la guerre de l'indépendance, Bard se retira pendant quelque temps à New-Jersey ; il revint bientôt à New-York, et après la paix, il se livra de nouveau avec zèle à ses fonctions de professeur et à la pratique. Il compta même parmi ses clients le célèbre Washington. En 1787, il eut le malheur, sur six enfants qu’il avait, d’en perdre quatre de la scarlatine, et de voir sa femme atteinte d’une mélancolie grave. Il quitta alors ses occupations habituelles pendant un an, et ne les reprit qu’après le rétablissement de sa femme. En 1798, il donna sa démission de ses fonctions de professeur et se retira à la campagne ; il fut cependant encore nommé, en 1845, président du collège des médecins et des chirurgiens de New-York. Il mourut le 24 mai 1884. Ce médecin avait des connaissances étendues en histoire naturelle, en botanique et en chimie. Il a été utile à son pays par la fondation de plusieurs établissements. Ainsi il a été le fondateur du dispensaire de la cité et de la première bibliothèque publique de New-York. Bard a peu écrit. On a de lui un mémoire sur l’Angine gangréneuse (traduit en français par Ruette, Paris, 1810, in-8°) ; plus, un traité d’accouchements : A Compendium of the theory and practice of midwifery, New-York, 1811-1815, in-8°. G—th—r.


BARDANES, surnommé le Turc. Voyez Irène et Nicéphore.


BARDANES. Voyez Philippicus.


BABDAS, patrice de l’empire d’orient, dut son élévation au mariage de sa sœur Théodora avec l’empereur Théophile, en 850. Sa naissance était illustre ; Marin son père, et Manuel son oncle, occupaient des places importantes. Bardas, dévoré d’ambition et capable de tous les crimes, avait l’art de cacher ses vices sous un extérieur séduisant. Théophile y fut trompé, le nomma, en mourant, tuteur de son fils Michel (842), encore au berceau, et lui donna pour collègues le sage Théoctiste, et Manuel, que ses vertus faisaient généralement estimer. Tous trois formaient le conseil de l’impératrice, déclarée régente pendant la minorité de son fils. Bardas, gêné par l’ascendant que ses collègues avaient à la cour, et par l’attachement que le peuple témoignait pour Théodore, prit, pour les renverser, une route détournée, mais qui devait le conduire à son but. Il ne rougit pas de nourrir et d’exciter les mauvaises dispositions du jeune Michel, et de développer les semences du vice dans le cœur d’un prince, son neveu, son pupille et son maître. L’assassinat de Théocliste fut le premier résultat de ces funestes soins ; l’exil de Manuel suivit de près. Théodore ne tarda pas al étre chassée du palais, et bientôt après, cette mère infortunée fut enfermée dans un cloitre avec les princesses ses filles. Dès lors rien ne s’opposa plus à de Bardas, qui venait de se faire donner le titre de César. Une conjuration, vraie ou supposée, tramée contre lui, devint le prétexte de la mort des sénateurs et des patrices les plus distingués. L’illustre patriarche Ignace voulut mettre un frein à ces crimes ; il fut déposé, renfermé dans un cachot, et le fougueux Photius fut installé sur le trône patriarcal de Constantinople. Tandis que Bardas désolait l'empire par ses concussions et ses cruautés, il s’élevait en silence un vengeur à ses côtés. Basile le Macédonien, sorti de l’obscurité la plus profonde, parvenu de degré en degré jusqu’au grade de grand chambellan, s’était introduit peu à peu dans la familiarité de l’empereur. Il sut écarter les soupçons que Bardas conçut plusieurs fois contre lui, et Michel, qui commençait à sentir le joug que le patrice lui avait imposé, parut songer à le briser. Basile entretint des dispositions dont il espérait recueillir tout le fruit, et hâta la perte de Bardas. L’empereur annonça le projet de porter la guerre en Crète, et l’armée, campée dans une plaine, attendait le moment favorable pour s’embarquer. Bardas avait placé sa tente loin de celle de l’empereur, sur une éminence d’où il dominait sur tout le camp. Basile profita de cette circonstance pour exciter les soupçons de Michel, et pour mettre un terme aux irrésolutions de ce prince ; l’ordre de massacrer Bardas lorsqu’il se présenterait le lendemain fut donné. Celui-ci, informé de ce qui se tramait, crut intimider son neveu en faisant bonne contenance et en se présentant dans un appareil magnifique. Rempli de cette idée, il arrive a la tente de l’empereur. Basile le reçoit avec respect et l'introduit ; à l’instant Symbace, officier des gardes, donne le signal. Les conjurés, saisis de crainte, restent immobiles, mais Basile tire son épée ; en vain Bardas se jette aux genoux de l’empereur, il est repoussé et tombe percé de coups aux pieds de ses assassins, le 21 avril 866. L-S-e.