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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 3.djvu/99

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politique, fréquentant les théâtres, les acteurs et quelques sociétés. Il allait beaucoup chez Cambacéres. Dans les salons, il brillait toujours par sa conversation ; mais trop souvent, quand quelqu’un, admirant l’amabilité de cet homme et ses manières distinguées, venait à demander qui il était, le nom de Barère détruisait le prestige. Au retour de l’Ile d’Elbe, il se hâta d’écrire à Napoléon pour l’inviter à conserver les grands principes de la révolution. Il n’apposa point sa signature à l’acte additionnel aux constitutions de l’empire. En mai 1815, il publia une traduction ou plutôt un extrait du roman anglais de Brooke, intitulé : le Fou de qualité, mais sous ce titre plus grave : Théorie de la constitution de la Grande-Bretagne, ou de ses trois pouvoirs séparés et réunis, précédée d’un examen des constitutions qui se sont succédé en France depuis 1791 jusqu’en 1811. Barère, nommé membre de la chambre des représentants, fit encore paraître : Considérations sur la chambre des pairs ou sur la chambre des représentants héréditaires, avant qu’elle soit acceptée, établie et composée, 1815, in-8°. Le 19 juin il parait à la tribune pour appuyer la proposition du ministre de la police, Fouché, tendant a établir une commission spéciale, chargée de proposer des mesures contre les ennemis du gouvernement. Il s’attacha à faire sentir de quelle importance ce projet devait être pour assurer l’initiative à la chambre des représentants. "Félicitons-nous, dit-il, de ce que cette initiative, qui paraissait si entravée, reçoit aujourd’hui, par le malheur des temps, un accroissement de constitutionnalité : remercions-en les circonstances." Une satisfaction si déplacée excite de violents murmures. Lorsqu’après la convention du 5 juillet, on communique à la chambre la proclamation par laquelle la commission du gouvernement, en annonçant la capitulation de Paris, faisait entendre aux Français que la seule voie de salut était de se soumettre au roi, Barère proposa de placer les représentants ainsi que les pairs sous la sauvegarde de tous les citoyens et particulièrement de la garde nationale, et de déclarer antinational tout gouvernement, tout prince, qui prétendrait établir son autorité sans la participation de la chambre. Aucune de ces propositions ne fut adoptée. Inscrit sur la liste du 24 juillet, il demeura caché à Paris jusqu’à la loi d’amnistie du 12 janvier 1816, qui le bannit de France comme régicide. Il se réfugie en Belgique, où il vécut du revenu de son modique patrimoine, et du produit de ses travaux littéraires. La révolution de 1830 le ramena à Paris. Revenu à Tarbes en 1832, il fut élu député, mais son élection fut annulée pour vice de forme. Les électeurs le dédommagèrent en l’appelant au conseil général de son département ; il donna sa démission en 1810, et mourut le 15 janvier 1841, âge de 86 ans. On a de lui, outre les ouvrages déjà cités, un grand nombre de publications dont le détail se trouve dans la France littéraire de M. Quérard. Barère a publié en outre les deux premiers volumes de ses Mémoires (Paris, 1851, in-8°), précédés d’une notice par M. Carnot, député et fils du conventionnel. D-R—R.


BARET (Jean), né à Tours, en 1511, fut conseil-Ier au présidial de cette ville, puis lieutenant général du siège royal de Loches, et considéré comme un des meillems magistrats de son temps. Il a publié : 1° le Style de Touraine, Tours, 1588, in-21. 2° Coutumes du duché et bailliage de Touraine, édition augmentée de la Forme du style des procédures ès cours et juridictions de ce duché, ibid., 1591, in-4°. — René Bauer, petit-fils du précédent, né également à Tours, chevalier de l’ordre de St-Miehel et maître d’h6tel du roi, a fait paraître un livre intitulé : de la parfaits Connaissance des checaua : et de toutes leurs maladies, Paris, 1661, in-8°.

— Jacques Bauer ns : LA Gauivnssxs, ne il Tours em.’Ft9, fils du procureur du roi à la prévété, se lit recevoir avocat, puis référendaire à la chancellerie de France. Plus porté a l’étude des lettres qu’a celle de la jurisprudence, il lit paraître un livre curieux intitulé : le Chant du coq /i-ançols au Roy, oil sont rapportées les prophéties dansIiermite allemand, Paris, 1621, in-12. Dans la première partie de cet ouvrage, Baret engageait Louis XIII a faire la guerre aux Turcs pour les obliger à reconnaître la croix. La seconde partie est un recueil de révélations pour annoncer le triomphe de l’Église sur l’hérésie de Calvin.— Chalmel, dans son Histoire de Touraine, t. -1, p. 18, cite un autre Jean Bean, qui rédigea, sur les mémoires de Charles de Joppecourt, l’Histoire des derniers troubles de Moldavie, Paris, 1620, in-8°. F-’r-is.


BARETTI (Jossrn), littérateur et poete italien du 18e siècle, naquit à Turin, le 22 mars 1716. Son père le destinait d’abord à l’étude des lois ; le jeune Baretti, ne se sentant aucun goût pour cette carrière, partit de Turin et se rendit à Guns» talla, auprès d’un oncle qui le plaça, en qualité de secrétaire, chez un riche négociant. Ce négociant avait un associé nommé Cantoni, qui était poëte. Baretti ne lui connaissait pas ce talent ; et |orsqu’il arrivait à Cantoni de vouloir lui dicter des lettres de quelque importance, il se fachait, et répondait qu’il saurait bien les écrire lui-même. Un jour, Csntoni tira de son bureau un volume de poésies manuscrites, et les donna à lire aux jeunes gens du secrétariat, sans dire qu’elles fussent de lui. Baretti les ayant lues à son tour en fit de grands éloges. Cantoni, soit par modestie, soit seulement pour s’amuser, soutint qu’elles ne valaient rien du tout. À Elles « sont très-bonnes, vous dis-je, répondit Baretti ; et a vous, monsieur, qui n’etes pas poete, vous ne devriez point juger de ce que vous n’entendez pas. n Quand cette scène eut assez duré, Cantoni se lit enfin connaître. À Excusez-moi, reprit le jeune a étourdi ; je ne vous prenais pas pour un homme « d’esprit : vous pourrez désormais, quand il vous s plaira, me dicter mes lettres. s Cantoni le prit des lors en amitié, et Vengagea tl cultiver avec plus d’application la poésie, dont il ne s’était jusqu’alors fait qu’un jeu. Baretti réussissait également dans le genre sérieux et dans le genre burlesque ; mais il avait pour ce dernier des dispositions particulières. Au bout de deux ans, il retourna dans sa patrie, et