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Brabantinæ du comte de Wynants, son beau-père.

St-t.


NÉOBAR (Conrad), savant imprimeur, originaire d’Allemagne, fut agrégé en 1537 à la corporation des libraires de Paris, après un examen qui lui mérita les éloges de l’université. François Ier le nomma en 1538 son imprimeur pour le grec, et le chargea spécialement de la publication des manuscrits en cette langue. Par son ordonnance datée du 17 janvier, le roi accorde à Néobar cent écus d’or au soleil, de gages annuels, l’exemption des impôts et les autres privilèges dont jouissaient le clergé et l’université. Cette pièce, imprimée par Néobar lui-même en 4 feuillets in-4°, paraît avoir été inconnue à Lacaille et à Maittaire. M. Renouard, qui en rapporte les principales dispositions dans son Catalogue d’un amateur, t. 1, p. 45-116, croit qu’elle mériterait d’être réimprimée. Néobar fut enlevé aux lettres par une mort prématurée dans les premiers mois de l’année 1540[1]. Henri Estienne a composé son épitaphe en grec et en latin (insérée dans le poème De artís typograph. querimonia), où il nous apprend que Conrad mourut d’une douleur de tête, occasionnée sans doute par une application excessive à l’étude. Maittaire a publié la liste des ouvrages sortis de ses presses (Ann. typogr., t. 3, p. 451). On n’en connaît que douze, huit grecs et quatre latins ; auxquels il en faut joindre trois, qui portent le nom de sa veuve et dont le dernier est daté de 1511. Elle se nommait Emée Tussan et était sans doute parente du savant helléniste Jacques Tussan ou Toussain. La marque typographique de Néobar est le serpent d’airain autour d’un T ou d’une croix portée par deux mains, avec les abréviations typs. sal. (Typus salutis ou salvatoris). Outre les Préfaces dont Néobar a enrichi ses éditions, estimées pour leur beauté et leur correction, on a de lui : 1° Compendiosa facilisque artis dialecticæ ratio, Strasbourg, 1536, in-8° ; Leipsick, 1537, in-8° ; 2° De inveniendi argumenti disciplina libellus, ibid., 1536, 1537, in-8°.

W-s.


NEPER (JEAN). Voyez Napier.


NÉPOMUCÈNE (St-Jean), ou Jean Népomucky, prélat de la Bohème, et patron de ce pays, né entre 1320 et 1330 à la ville de Pomuc (et non Népomuck), mort à Prague le 16 mai (ou 21 mars) 1383. Après avoir étudié à Prague, il devint pasteur à l’église St-Gall de cette ville, et professeur de droit canon. Plus tard, il fut, avec le titre de chanoine, prédicateur à l’église de Deyn (ou Théyn). En 1381 enfin, il fut nommé doyen de la collégiale de St-Guy ou Toussaint, en même temps d’aumônier et confesseur de la reine Jeanne du Palatinat, femme de Wenceslas. Ce dernier, qui avait des soupçons sur la fidélité de la reine, insista en vain auprès de Jean Népomucène(pour qu’il lui révélât le secret de la confession e sa emme. Après avoir épuisé toutes les promesses, puis toutes les tortures, Wenceslas fit précipiter, mains et pieds liés, dans la rivière de a Moldau le malheureux aumônier, le 21 mars 1383. Le corps de St-Jean ne fut retrouvé sur les rives du fleuve que le 6 mai, jour qui fut alors fixé comme anniversaire de sa fète. Plus tard on la porta au 16 mai. Révéré comme mart r dans toute la Bohême, Jean Népomucène a été béatifié en 1721 par le pape Innocent XIII, dont le successeur, Benoît XIII, l’a canonisé le 19 mars 1729. Comme saint, il est invoqué surtout contre les calomnies et les médisances. Une confrérie spéciale a été érigée en son honneur. Le 8 juin 1829, l’anniversaire séculaire de sa canonisation a été solennellement célébré à Prague et dans toute la Bohème. Ce fut à cette occasion que, à côté de beaucoup de biographies du saint, il surgit aussi différents écrits mettant en doute l’existence authentique du personnage de Jean Népomucène.

Les croyants s’appuient toujours sur les monuments suivants, qui, selon eux, témoignent de l’authenticité de la tradition. Ce sont : 1° une pierre tumulaire dans la collégiale de St-Guy, à Prague, portant l’inscription de son nom, et renouvelée en 1530 ; 2° une peinture murale dans l’église de la Croix, exécutée immédiatement après que la Moldau eut rejeté le corps du saint ; 3° une peinture dans la chapelle de ’hôtel de ville de Prague, Vieille-Ville, avec une inscription ; 4° une image dans l’église académique des truquistes de l’an 1532 ; 5° le monument plus récent dans la cathédrale de Prague, construit du plus beau marbre et d’argent massif, et orné de deux autels. Dans la ville de Pomuck enfin, la maison où St-Jean naquit fut transformée en chapelle par les seigneurs de Sternberg. On invoque, en outre, l’apparition merveilleuse de flammes autour de sa tète, quand il fut retiré de la Moldau, ainsi que l’état de parfaite conservation, encore aujourd’hui, de sa langue, après que tout le reste de son corps est tombé en décomposition depuis des siècles. Les membres de l’université de Prague célèbrent annuellement la fête du saint par un discours latin, dans la chapelle de Skalka. Voilà pour la tradition, les croyances et les cérémonies qui s’y rattachent. -L’histoire authentique, qui ne commence que cent ans plus tard, ne connaît pas le St-Jean Népomucène de cette tradition. Si le roi Wenceslas avait bien ses accès de cruauté, on sait d’un autre côté que, adonné à la chasse et à la boisson, il négligeait ses épouses légitimes, dont il n’eut jamais d’enfants. Ce qui, entre autres, a pu donner lieu à la formation de la légende, est la mort violente de sa première femme, Jeanne, qui, le 31 décembre 1386, fut déchirée vivante par de grands chien : de chasse que le roi, son époux, entretenait 40


  1. Les éditions d’Aristote et de Philon, portant par erreur la date de MDLX au lieu de MDXL, donnent lien de penser que Néobar ou sa veuve auraient les premiers employé les caractères dits grecs du roi, gravés par ordre de François Ier (voy. Garamond).
    G-ce.