Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 30.djvu/319

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jusque dans les appartements des dames de sa cour. Quant aux pus anciens auteurs, sur la foi desquels repose la légende, M. Palaky, le plus récent historien bohème, leur reproche, surtout à Zidek de Prague (de 1471), évêque de Leutomyschl, et à Hayek (de 1541), d’avoir chargé la mémoire de Wenceslas de toute sorte de crimes imaginaires et de récits mensongers. Les auteurs protestants se sont naturellement emparés de ces preuves, et l’un d’eux entre autres, le fameux Thomasius, a dans une thèse de 1693 soutenu que c’était plutôt Wenceslas, qu’en considération de sa résistance aux prélats, on devait appeler martyr. Parmi les savants sérieux, il y eut encore en 1787 le fameux slaviste Dobrowsky, qui défendait la tradition dans toute son intégralité. Entre les deux opinions contraires, savoir celle qui rejette et celle qui accepte sans contrôle la tradition, est, depuis la fin du dernier siècle, venue se placer une troisième opinion conciliante. Après Assemann, Wolkaün et Gelase Dobner, dans ses Vindiciæ Johannis Nepomucení protomartyris, Prague, 178 4, in-8°, elle a pour principal soutien l’historien contemporain de la Bohème, François Palaky (voir son Histoire, en allemand, Prague, 1835-1859, 7 vol. in-8°). Dobner et Palaky transfèrent les principaux titres du saint sur un autre Jean de Pomuek, presque contemporain du précédent. Portant pour véritable nom Hauíl, tandis que d’autres lui donnent celui de Jean Welflin, ce second personnage, né également à Pomuck, fut notaire public à Prague, puis curé de St-Gilles (ce qui a pu amener une autre confusion avec le curé de St-Guy, du premier), et chanoine de Wyssehrad, en même temps que docteur de droit canon, ensuite archidiacre de Saatz, et enfin vicaire général de l’archevêché de Prague. Il encourut également la disgrâce de Wenceslas, pour avoir soutenu l’archevêque Jean de Jenzenstein (ou Jenstein), qui, contrairement à la volonté du roi de changer en évêché l’abbaye de Kladrau, y avait fait élire un nouvel abbé, et pour avoir signé l’excommunication lancée par l’archevêque contre le chambellan Sigismond Huler, complice des débauches du roi. D’après Palaky, Huler était plutôt accusé d’être un des fauteurs des hérétiques, tels que Conrad Waldhauser, Matthieu de Janow et M. de Krokow, Militch de Kremsier, etc., qui depuis 1360, soutenus par Wenceslas, préparaient la venue de Huss. Wenceslas, qui déjà en 1383 (année présomptive de la mort de St-Jean Népomucène) avait fait emprisonner l’archevêque, après avoir fait dévaster ses propriétés parle seigneur de Lobkowiz et qui, à l’occas|on del affaire de Kladrau , le menaça de le jeter à l’eau, vit cette victime lui échapper, le prélat escorté d’une forte garde s’étant barricadé dans une forteresse. Après avoir soumis à sa volonté tous les autres officiaux d’archevêque, le roi, ne trouvant de la résistance que de la part de Jean de Pomuck, fit mettre à la question le vicaire général, au martyre duquel ajouta en apportant lui-même des torches pour brûler ce dignitaire ecclésiastique. Jean de Pomuck, après avoir résisté à tous les tourments, fut également précipité dans la Moldau, le 20 ou 21 mars 1393, à neuf heures du soir. Cette similitude des dates et des événements, ainsi que la supposition que Jean résista ainsi à Wenceslas à l’instigation de sa seconde femme, Sophie de Bavière (morte en 1425), peuvent avoir donné lieu à la confusion des deux personnages, dont l’un a été canonisé. Les plus anciens auteurs, du reste, adoptent l’existence des deux prélats, à partir de Paul Zidek de Prague, évêque de Leutomyschl (eu 1471), et de Jean de Krumkow, doyen du chapitre de Prague (en 1483). Sur ces documents se sont appuyés pour leur biographie de St-Jean Népomucène, le P. Balbin, dont la note a été publiée, par le P. Papebrock, dans les Acta sanctorum, Anvers, 1680, in-4° ; puis le P. Berghauer en 1736, et le P. de Marne (en français) en 1741. Tous ces auteurs, du reste, ne s’occupent que du St-Jean Népomucène de la tradition.

— Ce fut le mouvement libéral de l’époque de Joseph II qui fit éclore des écrits contestant l’authenticité du saint, en Autriche même, tels que celui d’A. A. de Steinberg, Prague, 1784, in-8°, dont les preuves ont encore été reproduites dans son Histoire de la Bohême, par Charles Wilmarshof, Leipsick, 1844. Malgré cela, notre époque, après un mouvement confus en tout sens, a tâché de faire la part de chacun des deux personnages nommés. Beaucoup d’écrits publiés lors du jubilé de 1829 ont adopté l’authenticité incontestée de St-Jean Népomucène. Nous ne citerons que ceux qui ont écrit sa biographie en allemand et en tchèque à la fois. Tels sont : Wenceslas-François Neumann et Jean-Népomucène Zimmermann. François Palaky, dont nous avons exposé l’opinion, conclut que la question de l’identité ou non-identité des deux personnages ne peut plus être tranchée aujourd’hui.

R-l-n.


NEPOS (Cornelius). Voyez Cornelius.


NEPOS (Flavius-Julius), empereur d’occident, était neveu du patrice Marcellin, et lui succéda dans le gouvernement de Dalmatie. L’empereur Léon, qui lui avait donné en mariage une nièce de sa femme, le fit proclamer auguste à Ravenne l’an 473 ou au commencement de l’année 474. Nepos marcha aussitôt contre Glycerius, son rival, le surprit dans le port de Rome, et l’ayant forcé d’abdiquer l’empire, l’envoya évêque à Saloue. Nepos, après avoir fait reconnaître son autorité par les Romains, s’occupa de réformer les abus qui s’étaient glissés dans l’administration des aires publiques. Si l’on en croit Sidoine Apollinaire, ce prince éloigna de sa cour tous ceux qui n’avaient d’autre mérite que de grandes richesses amassées par des moyens honteux, et les remplaça par des hommes éclairés et vertueux. En admettant que Nepos méritait tous les