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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 31.djvu/411

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vertueuses et sensibles, Paris, 1776, 2 parties in-8°. Quelques exemplaires portent le nom de l’auteur. 3° La Vertu chancelante, ou la Vie de mademoiselle d’Amíncourt, Liége et Paris, 1778, in-12 ; 4° Zelmis, ou la Jeune sauvage, opéra-comique en un acte, en prose, mêlé d’ariettes, Londres (Paris), 1780, in-8°. — Sa fille aînée, Anne-Jeanne-Félicíté d’Ormoy, épousa Mérard de St-Just (voy. Mérard de St-Just).

Z.


ORNANO (Alfonse d’), fils du fameux Sanpietro, prit le nom de sa mère, qui appartenait à l’une des familles descendues des souverains de la Corse. Élevé à la cour de Henri II comme enfant d’honneur des princes de France, il était naturel qu’il se prévalût de l’éclat ancien de sa race maternelle plutôt que de la célébrité odieuse de son père, guerrier intrépide, mais sans naissance et implacable dans ses cruautés. Lorsque Sanpietro (voy. ce nom) périt dans une embuscade que lui dressèrent les Génois, Alfonse d’Ornano, âgé de dix-huit ans, et nouvellement arrivé de France avec quelques hommes et de faibles munitions. eut le bonheur d’échapper au danger, avec une partie de l’escorte à laquelle il s’était mélé. Ses compatriotes, malgré son extrême jeunesse, le proclamèrent général. Il soutint quelque temps la lutte que son père avait engagée contre Gènes. Las enfin de poursuivre des succès douteux, et n’espérant plus de secours de la France, il prêta l’oreille un accommodement. En 1568, une amnistie générale fut promise aux Corses, et il fut stipulé que leur chef sortirait de l’île avec ceux de ses amis qui voudraient le suivre, sans que leurs biens fussent confisqués et sans qu’ils fussent censés bannis. Alfonse, avant de signer ce traité, sollicita des emplois en France pour lui et ses partisans. Il enrégimenta 800 Corses qui consentirent à s’attacher à sa fortune. Charles IX lui fit un accueil affectueux ; et d’Ornano prouva sa reconnaissance en demeurant attaché à Henri III pendant les troubles de la Ligue. Ce prince lui ayant témoigné un jour ses inquiétudes sur les projets du duc de Guise, Ornano lui offrit d’apporter à ses pieds la tête de ce sujet rebelle (Journal de Henri III, t. 2, p. 96). A(près l’assassinat du duc de Guise, il fut envoyé ans le Dauphiné pour calmer les esprits disposés a la révolte, et le bruit s’étant répandu qu’il avait été arrêté à Grenoble, les ligueurs en firent des réjouissances publiques.

Ornano avait succédé à son père dans le grade de colonel général des Corses au service de France, et il fut l’un des premiers à se ranger sous les drapeaux de Henri IV. Ses efforts, combinés avec ceux de Lesdiguières et du connétable de Montmorency, soumirent à l’autorité royale Lyon, Grenoble et Valence. Il fut envoyé contre le duc d’Espernon, qui voulait se maintenir dans le gouvernement de Provence, donné par Henri IV au jeune duc de Guise. et il aida à éloigner ce rebelle (voy. d’Espernon). Ces services furent récompensés par le cordon bleu, et, bientôt après, par le titre de lieutenant général en Dauphiné et par le bâton de maréchal de France. D’Ornano fut promu en 1599 au rang de lieutenant général de Guienne. Ce fut en cette qualité qu’il assista, en 1603, à la séance où le parlement de Bordeaux rendit un arrêt contre le cardinal de Sourdis, qui avait mis son diocèse en interdit. Ornano, admis a l’intimité de Henri IV, lui disait franchement la vérité sur les personnes et les choses, certain qu’il était de ne pas lui déplaire. Il ne pouvait souffrir la licence de la chaire ; et il gourmanda souvent le bon roi sur sa répugnance à réprimer les prédicateurs emportés qui remuaient le levain des discordes civiles. Ayant résolu, par le conseil des médecins, de souffrir l’opération de la pierre, il alla, quelques jours auparavant, voir le roi et lui dire le dernier adieu. « Le roi le reçut gracieusement et parla longtemps d’affaires avec lui, pendant lequel on remarqua que les larmes coulaient le long du visage du roi ; et lorsque Ornano prit congé, ce bon prince avait le cœur si serré qu’il ne put lui parler. » (Journal de Henri IV, t. 4, p. 5.) Ornano, comme il l’avait prévu, mourut dans l’opération le 21 janvier 1610, à l’âge de 62 ans. Ses restes furent transportés à Bordeaux, et inhumés dans l’église des religieux de la Merci, où l’on voyait naguère son tombeau en marbre. Henri IV appréciait le désintéressement et la brusque franchise du maréchal d’Ornano. Il s’amusa beaucoup d’une scène entre le guerrier corse et l’irritable et hautain Sully, qui faillirent en venir aux mains. Le roi s’occupa de les réconcilier ; et rapprochés par un caractère analogue, ils restèrent constamment amis. (Voy. l’Histoire des Corses français, par le chevalier de l’Hermite.) Une lettre du 19 juin 1601, rapportée par Sully, nous apprend que Henri IV n’eut pas toujours à se louer de la vivacité inconsidérée d’Alfonse, et qu’il se repentit un moment de l’avoir élevé si haut.

F-t

et

W-s.


ORNANO (Jean-Baptiste d’), fils aîné du précédent, né à Sisteron en 1581, avait à peine quatorze ans que déjà il commandait une compagnie de chevau-légers au siège de la Fère. Nommé colonel général des Corses à la place de son père, il se signala dans la guerre de Savoie à l’attaque du fort Ste-Catherine, et maintint la Guienne et le Languedoc sous l’obéissance de Louis XIII. Ce prince lui donna la lieutenance générale de Normandie, et les gouvernements particuliers de Quillebeuf, de Pont-de-l’Arche et du Pont-St-Esprit, en échange de celui du Château-Trompette. D’ornano déplut à la cour lorsque le maréchal d’Ancre y exerçait sa méprisable influence ; mais la faveur du connétable de Luynes, son parent, se réfléchit sur lui. Louis XIII, se trouvant à Chartres le 1 octobre 1619, lui confia les fonctions de gouverneur de Gaston d’origans, son frère, devenues vacantes par la mort