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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 31.djvu/421

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antiche lucarne lettera all’ Anton. Valisniari, Venise, 1709, in-8°, et dans le tome 6 de la Galleria di Minerva. L’auteur cherche à prouver que les lampes sépulcrales des anciens étaient phosphoriques, et que par conséquent l’art de fabriquer le phosphore leur était connu. — De Strenis veterum Epistola, dans le Giornala da’ letterali, t. 35. De pateris antiquorum dissertatio. On trouvera l’éloge de J.-B. Orsato dans le volume du Giornale que l’on vient de citer. W—s.


ORSEL (André-Jacques-Victor), peintre hagiographe, naquit à Oullins, près de Lyon, le 25 mai 1795. Elève de l’école des beaux-arts de cette ville, il reçut d’abord les leçons de Pierre Revoil. L’aptitude d’Orsel était telle, ses progrès furent si rapides, qu’il fut désigné pour remplacer Revoil comme professeur, quand ce dernier, en 1814, fut obligé de s’éloigner de Lyon, et il s’acquitta avec succès de ce soin. Ses études classiques furent très-soignées sous la direction d’un ecclésiastique, et l’on cite une tragédie qu’il composa sur la mort d’Abel. Au retour de Revoil, en 1815, Orsel quitta Lyon, se rendit à Paris et entra dans l’atelier de Pierre Guérin. Là, comme toujours, Orsel écouta, observa et profite ; le propre de son caractère a été d’étudier minutieusement les maîtres sans les imiter et en restant au contraire éminemment original. Il est digne de remarque que le type accompli du peintre chrétien, à notre époque, est sorti de l’atelier d’un artiste dont le talent fut exclusivement consacré à la reproduction des sujets profanes. Orsel demeurera l’artiste chrétien dans toute l’acception du mot ; il a vécu pour l’art, et pour l’art chrétien, qu’il considérait comme un apostolat. Sa vie a été simple ; ses mœurs furent irréprochables ; sa foi était des plus vives ; il s’est usé avant Page à la poursuite d’un idéal qu’il ne pouvait pas toujours exprimer comme il le concevait ; il n’a pas connu cette popularité souvent aveugle et inconstante qui s’attache parfois à des œuvres plus gracieuses que solides en revanche ses admirateurs seront fidèles et son nom ne fera que grandir en vieillissant. Un de ses amis étant entré dans son atelier et y ayant vu une fort belle étude qu’il avait faite pour sa Vierge de Fourvières, mais qui paraissait délaissée, lui en témoigne son étonnement, Orsel lui répondit : « Cette étude n’a pas assez d’élévation dans le caractère de la tête, c’est pour cela que je l’ai abandonnée ; quand je me figure cette foule venant s’agenouiller devant ce tableau pour prier la sainte Vierge, je me sens électrisé gje redouble d’efforts pour que mon talent arrive a la hauteur du sujet. » Tout le caractère de l’homme est peint dans ces paroles. Orsel était doué d’une grande énergie, très-absolu dans ses principes, avec lesquels il ne transigeant jamais ; ses compositions savantes et ingénieuses respirent le mysticisme et dénotent de profondes méditations ; si l’exécution laisse parfois à désirer, il en faut chercher la raison dans trop de savoir et de recherches et dans un excès de conscience. Voici l’énumération de ses principaux ouvrages : l’Enfant prodigue (1819), acheté par la société des amis des arts de Paris ; Abraham et Agar (1820), acheté par la société des amis des arts de Lyon, devenu a propriété de son frère ainé ; la Charité (salon de 1822), qui lui valut une médaille de deuxième classe, commandé pour l’hôpital de la Charité de Lyon. Cette même année, il partit pour l’Italie avec le baron Guérin, qui venait d’être nommé directeur de l’école de France à Rome en remplacement de Thévenin ; M. Alphonse Périn, dont le nom est inséparable de celui d’Orsel, était du voyage, et c’est alors qu’a commencé entre les deux artistes cette noble amitié qui ne s’est jamais démentie. Orsel revint d’Italie fervent disciple de cette école qu’avaient fondée au commencement du siècle Cornelius et Overbeck pour la résurrection de la fresque, et sa voie fut trouvée. Son premier envoi de Rome fut Adam et Eve auprès du corps d’Abel (salon de 1824), que possède le musée de Lyon. « Cain s’enfuit chargé de la malédiction de son père ; Eve semble partagée entre la douleur que lui cause la mort de son fils et le sentiment pénible que lui fait éprouver la juste colère d’Adam. » Nous ignorons si Orsel avait tiré de sa tragédie, que nous n’avons pas lue, le sujet de ce tableau. Le second envoi, la Magdeleine (salon de 1827), fut offert par Orsel à son maître Guérin ; le troisième, Moïse présenté à Pharaon (salon de 1831), possédé par le musée de Lyon, valut à son auteur une médaille de première classe. La s’arrêtèrent les récompenses qu’Orsel devait recevoir de ses contemporains ! (Voyez Moïse présenté à Pharaon, tableau peint à Rome par M. Victor Orsel, exposé au musée de Lyon, — Lyon, imp. de L. Perrin, 1830, in-8°). C’est au salon de 1833 que parut le Bien et la Mal, une des œuvres principales d’Orsel, exécutée à Paris. Il développait dans cette vaste composition l’idée de l’opposition entre le bien et le mal. Dans le tableau du milieu, une jeune fille foule aux pieds le livre de la sagesse ; elle est aussitôt tentée par le démon ; une autre étudie ce livre et se trouve aussitôt protégée par un ange. Les petits tableaux de gauche représentent la pudeur, le mariage, la maternité, le bonheur ; ceux de droite, le libertinage, le mépris, l’angoisse, le désespoir ; enfin le tableau du centre montre le Christ qui repousse l’une des jeunes filles et qui reçoit l’autre dans le ciel. L’État fit l’acquisition de ce tableau, qui, longtemps exposé au Luxembourg, est sans doute destiné au Louvre. Victor Vibert[1] (voy. ce nom), grand prix de Rome en 1828, professeur de gravure à l’école de Lyon, a consacré vingt années de sa vie pour reproduire par le burin l’œuvre de son compatriote, et il exposa sa plan


  1. Victor Vibert est mort à Lyon le 18 mars 1860.