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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 31.djvu/626

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soixante et un ans, devait prêcher le carême à Langres ; il était en route pour s’y rendre, lorsqu’il tomba malade à Château-Villain et y expira le 14 mars 1658. On a de lui : 1° Le Manuel des confrères du St-Rosaire, etc., Nancy, 1625, in-12 ; 2° l’Homme content, œuvre pleine de graves sentences, d’heureuses reparties et de bonnes pensées, Paris, 1629, in-8°. L’ouvrage a deux volumes, dont le premier, dès 1634, avait déjà eu cinq éditions ; le second, même format, ne fut imprimé qu’en 1633. 3° Harangue funèbre sur la mort de Nicolas de Verdun, premier président du

parlement de Paris, etc., Paris, 1627, in-12 ; 4° Oraison funèbre du maréchal de Vitry, Paris, 1669, in-4° ; 5° Harangue funèbre du duc de Chaulnes. Paris, 1651, in-4°.

L-t.


PAIGE (André-Remi le), né au Mans vers 1699, fit ses études au collège de cette ville. entra dans l’état ecclésiastique et obtint la cure de la cure de Chemiré-le-Gaudin, sur les bords de la Sarthe. Après y avoir exercé pendant vingt-cinq ans les fonctions pastorales, il fut nommé en 1756 chanoine de l’église du Mans. La communication qu’il eut alors d’un mémoire sur la généralité de Tours, rédigé par l’intendant Miroménil pour l’instruction du duc de Bourgogne, détermine le genre d’études auquel il devait se livrer. La province du Maine manquait d’un bon ouvrage de statistique et d’économie civile ; le Paige osa l’entreprendre. Après avoir rassemblé un grand nombre de mémoires particuliers, qui lui furent adressés par les curés du diocèse et par les seigneurs de paroisse, en réponse à une circulaire qu’il avait publiée en 1772, il mit au jour son Dictionnaire topographique, historique, généalogique et bibliographique de la province et du diocèse du Maine, le Mans, 1777, 2 vol. in-8°. Ce livre contient des notions détaillées sur l’histoire naturelle, ecclésiastique, civile et littéraire, l’agriculture, l’industrie, le commerce et les arts de chaque commune. On y trouve sur le Mans, Laval, Mayenne, la Ferté-Bernard, Sablé, Mamers, etc., des notices et des faits qu’on chercherait vainement ailleurs ; mais ce dictionnaire serait moins imparfait, si l’auteur eut mis plus de sévérité dans l’insertion de quelques généalogies inexactes et insignifiantes. Le Paige mourut au Mans le 2 juillet 1781. Louis-Adrien Le Pinon, avocat, né à Paris, où il mourut en 1802, âgé de 90 ans, a publié entre autres Ouvrages : 1° l’Histoire de la détention du cardinal de Retz, à Vincennes, 1755, in-12 ; 2° Lettres historiques sur les fonctions du parlement, Amsterdam, 1753, 2 vol. in-12 ; 3° Lettres pacifiques, Paris, 1752, in-12, et 1753, in-4° ; 4° Mémoire au sujet d’un écrit (de l’abbé Capmartin de Chaupy) contre le parlement, intitulé Observation sur le refus que fait le Châtelet de reconnaître

la chambre royale, 1755, in-12.

L-U.


PAIGE. Voyez Lepaige.


PAILLET (Alphonse-Gabriel-Victor), avocat éminent du barreau de Paris, né à Soissons le 17 novembre 1796, mort à Paris le 16 novembre 1855, fit de brillantes études au collège Charlemagne. Reçu avocat, il retourna dans sa ville natale, où il s’éleva bientôt au premier rang parmi ses confrères. En 1825, il se décida à se fixer à Paris et débuta à la cour d’assises dans la célèbre affaire Papavoine. Cette cause eut un retentissement immense, tant par l’énormité du crime que par la fécondité de ressources et la souplesse de talent du jeune défenseur, inconnu jusqu’alors et dont le nom fut désormais dans toutes les bouches. Ce procès, en faisant la réputation de Paíllet, n’avait cependant pas fait sa fortune. Pendant plusieurs années encore il fut obligé de vivre sur son modeste patrimoine, qui allait de jour en jour diminuant. Il employa ce temps d’épreuves à étudier en silence la pratique des affaires, l’art qu’il a porté si loin d’être d’une clarté admirable dans les procès les plus chargés de détails et d’incidents, de se rendre toujours maître de ses impressions comme de sa parole, de ne donner à chaque chose que son importance réelle, de n’exagérer jamais les faits ni les moyens, de paraître toujours rester en deçà au lieu d’aller au delà, et enfin le secret plus difficile et plus rare d’être court et de sembler l’être encore davantage[1]. À partir de la révolution de 1830, Paillet prit et conserva jusqu’à sa dernière plaidoirie, c’est-à-dire jusqu’à son dernier jour, une des premières positions du barreau. Défenseur devant la cour d’assises de Verninbac de madame Lafarge (voy. Lafarge), du prince de Berghes, etc., et devant la cour des pairs, de Quénisset, de Boirot (voy. Fiesch), ce ne fut cependant pas au criminel qu’il déploya les plus rares qualités de son talent ; ce fut surtout dans les causes civiles qu’il brilla au milieu et quelquefois au-dessus des hommes si éminents qui ont illustré le barreau de 1830 à 1850. Avocat des héritiers Séguin, du comte Mortier, du prince de Beauffremont, de Firmin Didot contre Michaud (affaire de la Biographie universelle) (voy. Michaud), et des princes de la maison d’Orléans en 1*852, s’il ne remporta pas toujours la victoire, toujours au moins il obtint l’estime et souvent provoqua l’admiration des magistrats, de ses confrères et de l’auditoire. Apte à tous les grands emplois par la modération de son caractère autant que par la connaissance pratique des affaires, il ne voulut jamais être qu’avouât, et l’on peut dire de lui qu’il justifia la définition de l’avocat par Cicéron : Vir probus dicendi peritus. Nommé tour à tour membre du conseil de l’ordre, bâtonnier (1839-1810), avocat du contentieux de la maison du roi, juge suppléant au tribunal de la Seine, il voulut aussi aborder la tribune nationale, et adressa en 1846 au collège électoral de Château-Thierry une pro-


  1. Voy. notre Étude sur M. Paillet, Tribune judiciaire, t. 1er, p. 344.