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républicaine avaient été mal réparties, il se fit charger d’une nouvelle répartition moyennant un salaire d’un penny par acre. Comme il eut plus de deux mil ions d’acres à arpenter et à répartir, ce travail lui rapporta huit mille livres sterling. Mais, accusé en 1654 de concussion au parlement de Henri Cromwell, qui l’avait nommé son secrétaire particulier, Petty, membre de ce parlement, fut obligé de se justifier : la dissolution de l’assemblée empêcha de terminer ce procès ; l’affaire fut bornée à une guerre de brochures et à un cartel qui tomba dans le ridicule, parce que Petty proposa à son adversaire de se battre à coups de hache dans une cave obscure. S’étant, malgré son attachement à la famille de Cromwell et au système républicain, insinué dans la faveur des Stuarts, après la restauration, il fut créé chevalier, maintenu dans sa charge d’arpenteur général d’Irlande, élu membre du parlement de ce pays, enfin un des premiers membres de la société royale, dans laquelle il se montra très-actif, s'occupant tour à tour de la construction maritime, de l’économie politique et des arts mécaniques. Il offrit à cette société le modèle d’un vaisseau à double coque, qui devait résister à toutes les tempêtes : il fit exécuter ce modèle en grand ; mais ce bâtiment de nouvelle invention eut le malheur de faire naufrage comme les autres navires[1]. L’esprit industrieux de Petty trouva bientôt de nouveaux moyens d’augmenter ses richesses. Il établit dans ses terres, en Irlande, des forges, des pêcheries ; il ouvrit des mines d’étain et entreprit un commerce de bois dans le comté de Kerry. Ce fut ainsi qu’à sa mort, arrivée le 16 décembre 1687, il laissa une grande fortune, dont il prit plaisir à détailler l’histoire dans son testament, en indiquant à ses enfants l’emploi qu’ils devaient en faire. Petty était fier d’avoir été l’auteur de sa fortune : il la devait en grande partie à son esprit ingénieux ; mais sa souplesse avait un peu aidé à la grossir. Un de ses contemporains va jusqu’à dire qu’il n’était embarrassé dans aucune circonstance, et qu’il aurait joué aussi bien le capucin ou le jésuite que le presbytérien ou l’indépendant. Il avait été créé comte de Kilmore. Ses descendants se sont distingués sous les titres de lord Shelburne et marquis de Lansdown. Ses manuscrits sont déposés au musée britannique. Il avait levé des cartes topographiques des baronnies d’Irlande : cet atlas, qu’il évalue à deux mille livres sterling dans son testament, avec tous les papiers relatifs à ses levés, tomba au pouvoir d’un corsaire français pendant qu’on le transportait d’Irlande en Angleterre ; c’est probablement le même que l’on conserve au cabinet des manuscrits de la bibliothèque de Paris : il se compose de deux volumes de dessins enluminés avec soin. Indépendamment de ce recueil, l’auteur avait dressé et publié un Atlas d’Irlande, comme étant le résultat d’un nouveau levé de tout le royaume, 1 vol. in-fol., 1685. On fit dans la suite avec les mêmes planches, au nombre de cinquante-six, une nouvelle édition. Les cartes de Petty ont le défaut de ne pas indiquer exactement la configuration des côtes, d’omettre les degrés de latitude et les routes. Les positions et les distances y sont passables. Voici ses principaux ouvrages : 1° Résumé du procès entre sir Jérôme Sankey et l’auteur, 1659, in-fol. ; 2° Réflexions sur diverses personnes et diverses choses en Irlande, 1669, in-8°. Ces deux brochures se rapportent à l’accusation de malversation qui lui avait été intentée. 3° Traité des taxes et contributions', 1662, in-4°, 1667, 1685, 1691. La dernière édition comprend aussi la Politique mise à découvert, brochure que Petty avait fait paraître en 1681, et que lui avait suggérée la rivalité entre la France et l’Angleterre. 4° Discours sur l’emploi de la double proportion, avec une nouvelle hypothèse des mouvements élastiques, 1674, in-12 : 5° Colloquium Davidis cum anima sua, Londres, 1679. C’est une pièce de vers latins qu’il publia sous le nom de Cassid. Aureus Minutius. 6° Essai d’arithmétique politique, 1682, in-4° ; 7° Observations sur les tables de mortalité de Dublin pour l’an 1681, 1683, in-8° ; 8° Essai sur la multiplication de l’espèce humaine, 1686, in-8° ; 9° Deux essais d’arithmétique politique, 1687, in-8° ; 10° Cinq essais d’arithmétique politique, en anglais et en français, 1687, in-8° ; 11° Observations sur Londres et Rome, 1687, in-8°[2]. Après sa mort ont paru : 12° Arithmétique politique, 1690, in-8°. À la tête de l’édition de 1755, on trouve une notice biographique sur l’auteur[3] ; 13° Anatomie politique de l’Irlande, avec un écrit intitulé Verbum sapientis, 1691, 1719. On trouve de lui plusieurs mémoires et notices dans le recueil des Transactions philosophiques, entre autres sur les voitures, sur l’analyse des eaux minérales, sur les expériences les plus simples et les moins coûteuses et sur la navigation. Quant à son invention des bateaux à double coque, on prétend que lord Brounker, président de la société royale, en garda le plan secret et ne jugea pas prudent de le divulguer. Dans l’Histoire de la société royale, on a inséré quelques écrits de Petty concernant les arts de la teinture et de la draperie. D-g.

PETTY (William). Voyez Shelburne.


PETURSSON (Petour ou Pierre), poëte islandais et latin, né en 1754 à Tyœrn, mort en 1840 à Vidivellir. Fils du poëte Pétour Biœrnson, mort en 1803, Petursson, après avoir étudié la théol-




  1. On peut voir à la fin du Journal des savants du 19 janvier 1686 la description de ce double vaisseau, dont le principe a quelque rapport avec celui des Pros des îles Mariannes.
  2. Il y compare la population de ces deux villes. Petty revient souvent sur ce sujet dans ses divers opuscules ; il ’établit que Londres a environ neuf cent quatre-vingt-seize mille habitants, par conséquent, dit-il, plus que Paris, Rouen et Rome pris ensemble.
  3. Chaufepié, qui, dans son Dictionnaire, a consacré à Petty un article assez étendu, y donne quelques détails sur cet important ouvrage.