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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 33.djvu/431

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PIT

français du P. Tachard (voy. ce nom) ; la meilleure édition est celle de A.-H. Westerhos, Rotterdam, 1771, 2 vol. in-4°. 2° Lexicon antiquitatum Romanarum, in quo ritus et antiquitates tum Græcis et Romanis communes, tum Romanis particulares exponuntur, Leeuwarden, 1713, 2 vol. in-fol. ; bonne édition que l’on préfère à la réimpression de Venise, 1719, et à ’édition augmentée de La Haye, 1737, 3 vol. in-fol. Cet ouvrage, que Pitiscus avait entrepris à la prière d’Halma, lui coûta dix années de travail ; ou y trouve sur chaque sujet les textes ou citations des écrivains anciens, les inscriptions et le résumé des travaux des écrivains modernes, quelquefois même leurs opuscules entiers. Au mot Barbu, par exemple, l’auteur a cru devoir insérer le dialogue d’Ant. Hotman, parce qu’il était rare. Quoique Pitiscus critique souvent avec raison les auteurs qu’il cite, son livre n’est pas exempt d’erreurs qui ont été relevées en partie par Burmann, Jacques Vaassen, etc. ; mais il n en est pas moins d’une utilité incontestable : l’abbé Barral en a donné une traduction française abrégée, Paris, 1766, 2 tomes en 3 volumes in-8°. Pitiscus annonçait en 1685 un Lexicon Catullo-Tibullo-Propertianum : mais cet ouvrage, que les amis de l’auteur regardaient comme un trésor d’érudition, n’a point paru ; et l’on ignore ce qu’en est devenu le manuscrit. On trouvera des détails sur Pitiscus dans le Trajectum eruditum de Burmann et dans les Mémoires de Paquet : son portrait a été gravé sous différents formats.


PITOT (Henri), mathématicien, né à Aramon le 31 mai 1695, fut à l’âge de vingt ans rebelle à toute instruction ; et il se fit enseigner à cinquante ans par le précepteur de son fils pour se mettre en état de lire les ouvrages de mathématiques écrits dans cette langue, le peu de latin qu’il sut. Le hasard détermina sa vocation et changea tout à coup le jeune homme le plus dissipé en amant passionné de l’étude et de la science : un livre de géométrie qu’il vit chez un libraire de Grenoble et dont les figures piquèrent sa curiosité opéra cette révolution. Il le lut et parvint à l’entendre, se procura d’autres ouvrages du même genre et se trouva bientôt un fonds extraordinaire de connaissances, lorsqu’on le croyait encore à jamais incapable d’en acquérir. Quand on le vit ensuite observer les cours des astres du haut d’une vieille tour de la maison de son père avec des instruments de son invention et tracer des cadrans, on le tint pour sorcier ; mais un ami de sa famille plus éclairé découvrit en lui toutes les dispositions propres à en faire un grand géomètre et persuade à ses parents de l’envoyer à Paris. Réaumur, à qui d’abord il fut présenté, confirma cette espérance, le prit en amitié, lui fournit les moyens d’étendre ses lumières et de développer son génie en lui ouvrant sa bibliothèque : il lui prodigua ses conseils et l’associa plus une fois il ses travaux. Pitot l’aida dans ses expériences sur le fer, le vernis et la porcelaine, et dans la réunion des matériaux pour la description des arts et métiers. Ces soins n’empêchèrent pas le jeune mathématicien de sonder avec une ardeur toujours plus grande les profondeurs de sa science favorite. Il commença dès 1722 à se faire connaître du public en insérant dans le Mercure les détails et les résultats de son calcul de l’éclipse de soleil du 22 mai 1724 ; calcul dont l’observation vérifia la rigoureuse précision et la scrupuleuse exactitude. L’astronomie lui dut encore une solution très-simple du fameux problème de Keppler sur la première équation des planètes, et une méthode analytique de tracer des lignes correspondantes à des minutes aux grandes méridiennes en 1731. Reçu en 1724 à l’Académie des sciences, il fournit aux recueils de cette société des mémoires sur les quadratures de la moitié de la courbe des arcs, appelée la compagne de la cycloïde ; - sur les propriétés des polygones circonscrits au cercle ; - sur les machines mues par un courant ou une chute d’eau, 1725 ; — sur la force qu’on doit donner aux cintres dans la construction des grandes voûtes et des arches des ponts, 1726 ; — sur les lois générales des impulsions obliques des fluides, 1727 ; — sur le mouvement des eaux, 1730 ; — sur une machine de son invention pour mesurer la vitesse des courants d’eau et le sillage des vaisseaux, 1732 ; - sur la distribution et la dépense des eaux, avec des règles pour déterminer leur mesure en pouces et en lignes, 1735 ; - sur la théorie des pompes, 1733 ; - sur la théorie de la vis d’Archimède, 1736 ; - sur la jonction ou le confluent des rivières, 1738 ; - sur les opérations relatives au dessèchement des marais d’Aiguemorte à Beaucaire, 1741 ; - sur les causes des maladies mortelles qui règnent sur les cótes de la mer dans le bas Languedoc, 1746. Ses principes sur le mouvement des eaux furent attaqués par Dufay ; et l’Académie entière partagea d’abord l’opinion du contradicteur : mais Pitot mit en action, sous les yeux mêmes de la compagnie, un modèle de machine construit suivant sa théorie et triompha par le succès de cette expérience. Outre ses nombreuses dissertations, il a publié, sous le titre de Théorie de la manœuvre des vaisseaux, 1731, in-4°, un ouvrage qui a fait oublier le livre fautif du chevalier Renau sur le même sujet, et qui, fondé sur les principes établis par Bernoulli, en contient une démonstration plus simple et une application plus facile. Le gouvernement français adopta ce livre pour l’instruction de la marine : il fut traduit en anglais ; et la société royale de Londres en récompensa l’auteur en l’admettant au rang de ses membres. Bientôt à une vie sédentaire et jusqu’alors entièrement consacrée à de savantes méditations purement spéculatives succéda pour Pitot une vie tout active et uniquement occupée à l’application pratique et matérielle de ses théories. Il fut appelé en 1740 par les états de Languedoc pour vérifier la possibilité et pour