Aller au contenu

Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 34.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette instruction ; cette lettre, 1766, 80 pages in-12, est une réclamation en faveur des appelants. 9° Défense des actes du clergé concernant la religion, 1769. C’est une réponse au réquisitoire violent de M. de Castillon, avocat général à Aix. 10° La Religion vengée de l’incrédulité par l’incrédulité elle-même, 1772, in-12 ; 11° les Lettres à un évêque sur divers points de morale et de discipline, 1802, 2 vol. in-8°. Cet ouvrage posthume a été publié par l’abbé Emery, qui y a joint une notice sur la vie du prélat ; cette notice nous a été fort utile. L’éditeur annonce qu’il existe en manuscrit un Traité dogmatique et moral sur le jugement dernier et la résurrection des morts, et un assez grand ouvrage sur les jésuites. De Pompignan avait écrit au roi le 16 avril 1762 une lettre en faveur de ces religieux. On pourrait y joindre des discours prononcés en différentes occasions, par exemple : les oraisons funèbres de la Dauphine, en 17117, et de la reine Marie Leczinska, en 1768 ; des mandements, outre ceux que nous avons cités, et des rapports faits dans les assemblées du clergé.

P-c-t.


POMPONACE ou POMPONAZZI (Pierre), né à Mantoue d’une famille noble le 16 septembre 1462, reçu docteur en médecine et en philosophie à l’université de Padoue, y avait acquis de bonne heure cette dextérité d’argumentation, cette subtilité de dialectique auxquelles il dut la plus grande partie de sa renommée. Nommé a une chaire de philosophie dans cette ville encore retentissante de ses premiers succès, il se crut appelé à rétablir le règne d’Aristote en Italie et combattit hautement son vieux collègue Achillini, qui étouffait la doctrine du maître sous les commentaires d’Averrhoès. La jeunesse désertait en foule les cours de son adversaire. Les étudiants suivirent Pomponaœ successivement à Ferrare et à Bologne, où la guerre le força de porter ses leçons. Une rétention d’urine l’enleva à l’enseignement de la philosophie en 1524 selon les uns, 1526 selon les autres, dans la dernière retraite qu’il s’était choisie. L’extrême petitesse de sa taille lui avait fait domier le nom de Pe :-ena. Opiniàtre dans le travail comme dans la dispute, il porta dans ses études philosophiques beaucoup de mémoire et une grande activité d’esprit. Speron Speroni, qui fut aussi son élève, et, ainsi que lui, professeur à Padoue, lui reproche de n’avoir bien su aucune langue, à l’exception du patois de Mantoue, dont il semble avoir conservé l’accent jusqu’à sa mort. Un autre de ses disciples, le cardinal Hercule de Gonzague, fit transporter ses restes dans cette ville, voulut qu’ils fussent déposés dans la sépulture des princes de sa famille et lui érigea une statue de bronze qu’on peut voir encore dans l’église St-François. La réputation de ce savant dans les sciences naturelles égalait celle que sa chaire lui avait acquise et justifiait ces honneurs rendus à sa mémoire. Le nom de Pomponace n’est plus guère connu que par l’accusation d’impiété qui le poursuivit pendant sa vie et dont sa mémoire n’est pas encore entièrement déchargée. Dans son Traité de l’immortalité de l’âme (Bologne, 1516, in-8°), il soutient qu’Aristote ne l’a point reconnue, que la raison toute seule pencherait la repousser, mais que la révélation ne permet point que le philosophe hésite à l’admettre. Un passage assez libre où il attribue l’introduction de ce dogme à la politique fit brûler son livre à Venise. Réfuté par de nombreux adversaires (voy. Gaspar Contarini), il donna deux apologies pour justifier en même temps sa foi et sa doctrine, trouva dans le célèbre cardinal Bembo un défenseur puissant auprès de Léon X, soumit son livre à l’inquisition et le publia de nouveau avec les corrections qu’elle lui avait indiquées. La subtilité de son esprit l’égara aussi dans l’explication des opinions d’Aristote sur l’action indirecte que Dieu s’est réservée sur le monde terrestre. Ce second ouvrage (De naturalium eflëctuum admirandorum causis, sive de incantationibus opus ; Bâle, 1556, in-8°), où il proteste encore de sa soumission filiale à l’Église, accorde à l’influence des astres tout ce qu’on attribuait alors à la magie. Mis, dit-on, à l’index, quoique les miracles du christianisme y soient formellement reconnus, ce livre fut toutefois réimprimé à Bâle en 1567 avec son dernier ouvrage De fato libero arbitrio, et prœdestinatione libri 5. C’est une défense infiniment subtile des croyances catholiques sur la liberté et la Providence, suivie d’une espèce de manifeste contre la doctrine de St-Thomas sur la prédestination. La mort édifiante de Pomponace fut une nouvelle protestation contre les soupçons qu’avalent fait naître ses premiers ouvrages, et, quelques inductions qu’on ait voulu tirer d’une phrase de Brucker (Hist. crit. philosoph., t. 4, p. 1611), il est constant que ses leçons ne furent jamais interrompues, malgré les doutes élevés contre son orthodoxie. L’édition complète des Œuvres philosophiques de Pomponace, Venise, 1625, in-fol., est au nombre des livres qui sont devenus rares, parce qu’ils ont cessé d’être lus. Son traité De immortalitate animœ, réimprimé dans le 17e siècle sous la fausse date de 1534, l’a été de nouveau en 1791 à Tubingue par le professeur C. G. Bardili avec la Vie de l’auteur. Ce philosophe a été l’objet d’un article de M. C. Bartholmep dans le Dictionnaire des sciences philosophiques, t. 5, — p. 160-167 ; on a grandi l’importance du rôle de Pomponace, mais il a exercé une influence réelle ; on ne saurait nier d’ailleurs que ses principes spéculatifs ne conduisissent au sensualisme et au matérialisme.

F-t j.


POMPONE DE BELLIÈVRE. Voyez Bstuùvan.


POMPONE ou POMPONNE (Simon Arnauld, marquis de), secrétaire d’État au département des affaires étrangères, fils d’Arnauld d’Andilly, naquit en 1618. On l’appela d’abord M. de