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mée. À la prière du philosophe, l’âme consent à lui faire le récit de ses transmigrations successives dans le corps d’un ours, de la belle Cléopâtre, d’un chien, du fils du poëte Mævius et d’une fourmi. Il y a beaucoup d’esprit et d’idées ingénieuses dans cet ouvrage, dont on trouve un extrait fort intéressant dans la Bibliothèque des romans, avril 1784, 2 vol., p. 1-65. 3° La Maschera iatropolitica, otero cervello e cuore principj rivali, Milan, 1627, in-12 ; 4° la Messalina, Venise, 1628, et Paris, sans date, à la suite de la Lucerna ; Venise, 1633 ; Milan, 1634, in-16. C’est un roman historique. 5° Medicina anima sive rationalis praxis epitome, selectiora remedia ad usum principum continens, Vérone, 1629, in-4° ; 6° Elogia utroque Latii stylo conscripta, ibid., 1629, in-4° de 167 pages. Ces éloges, les uns latins, les autres italiens, sont partie en prose et partie en style lapidaire. 7° Il gran contagio di Verona nel 1630, ibid., 1631, in-4° ; 8° l’Ormondo, Padoue, 1634, in-4°. C’est un roman que l’auteur publia la même année en latin ; il a été traduit de l’italien en allemand, Francfort, 1648. 9° La Cleopatra, tragedia, Venise, 1635, in-12. C’est le plus connu des ouvrages dramatiques de Pona et le seul dont Maffei fasse mention. Les autres sont : la Passion du Sauveur, la Parthenie, l’Angélique, la Virgilienne et le Jugement de Pâris (favola musicale). 10° La Galeria delle Donne celebri, Rome. 1641, in-12 ; 11° Trattato de’ veleni e la cura, Vérone, 1743, in-4° ; 12° Plantarum juxta humani corporis díssectionem historia anatomica ; 13° Cordiomorphoseos sive ex corde desumpta emblemata sacra, ibid.,1645, in-lv, fig. ; 14° Academico-medica Saturnalia, ibid., 1652, in-8°. C’est un recueil de dix morceaux académiques, dont la plupart avaient été imprimés séparément. Outre les auteurs déjà cités, on peut consulter sur Pona le Glorie degli incognito, p. 157.

W-s.


PONCE PILATE, qui succéda en l’an 27 de J.-C. à Valérius Gratus dans le gouvernement de la Judée, ne serait guère connu que par ses exactions et ses actes de rigueur envers les Juifs, si l’ordre qu’il donna de mettre à exécution l’arrêt de condamnation à mort porté par le grand prêtre des Juifs contre Jésus-Christ ne l’avait rendu fameux. Ponce Pilate, appelé, diton, ainsi d’une île Pontia, et qu’une tradition fait naître en Espagne, ayant été nommé procurateur ou gouverneur de la Judée pour les Romains, envoya de Césarée à Jérusalem des troupes dont les drapeaux offraient l’image de l’empereur, et il les fit entrer avec ces enseignes dans la ville sainte, ce qui était contraire à la loi judaïque. Les Juifs ayant réclamé contre cette infraction, il les menaça d’user de violence, et ce ne fut qu’après qu’ils eurent, plutôt que de céder, tendu la gorge à ses soldats, qu’il ordonna de retirer les drapeaux. Il voulut ensuite, dit Josèphe, tirer par force du trésor sacré du temple l’argent qu’il demandait pour les frais de construction d’aqueducs. Le peuple s’opposant à cette nouvelle violation, la troupe se porta sur la multitude rassemblée et fit des victimes. Mais ce qui acheva d’exciter l’animosité entre les Juifs et leur gouverneur, ce fut le sang de plusieurs Galiléens répandu par son ordre dans le temple avec celui des sacrifices, parce que, d’après les rites de la secte de Judas, qui ne reconnaissait d’autre maître que Jéhovah, ils avaient refusé, suivant St-Cyrille, de faire des oblations pour l’empereur romain. Lorsque cet acte du gouverneur fut rapporté dans la suite à Jésus (Luc, ch. 13), il ne blâma point directement Pilate, et en déclarant que ces Galiléens n’étaient as les plus grands pécheurs, il ne dit pas qu’ils fussent innocents. Mais Hérode, tétrarque de Galilée, avait désapprouvé l’acte d’autorité exercé envers ses justiciables, et ce fut peut-être par représailles que la mort de Jean-Baptiste, arrêté dans la Judée, eut lieu sans qu’il en eût référé au gouverneur. Cependant Jésus-Christ, en continuant sa mission dans la Galilée. conseillait à ses disciples de se garder des pharisiens et du levain d’Hérode, qui, le prenant pour Jean-Baptiste ressuscité, cherchait à l’attirer par un perfide appât. Mais Jésus s’étant retiré dans la Judée, et sa doctrine élevée, qui manifestait le Messie annoncé par son précurseur, ayant excité la haine des hérodiens, ceux-ci se réunirent aux sadducéens et aux pharisiens, et il fut traduit devant le grand prêtre Caïphe et le conseil des prêtres, qui, après l’avoir condamné à mort comme s’étant dit le fils de Dieu, le livrèrent entre les mains de Ponce Pilate, pour la prononciation et l’exécution du jugement. Pilate, ne le regardant point comme coupable d’un délit qui concernait leur loi et qu’il n’était que trop porté à imputer à leur jalousie, voulut le renvoyer absous. Mais, sur l’accusation de s’être fait roi des Juifs, titre qui avait été supprimé par les Romains depuis la déposition d’Achélaüs, Pilate, intéressé dans sa propre cause, l’interrogea, et il en reçut (voy. Jésus) la réponse si connue, qui provoqua cette nouvelle demande : Qu’est-ce que la vérité? (à laquelle Jésus annonçait être venu rendre témoignage en se déclarant roi). Selon St-Augustin, d’après un passage de l’Évangile des Nazaréens, qui semble être le complément de celui de St-Jean, Jésus-Christ aurait répondu que la vérité, comme le royaume dont il parlait, était du ciel et non de la terre, ce que Pilate ne pouvait comprendre, mais ce qui le persuada que c’était par envie pour une semblable doctrine qu’ils accusaient Jésus de s’être fait un parti en Galilée. Dans cette perplexité, il l’envoya comme Galiléen à Hérode, afin de se tirer d’embarras et faire en même temps sa paix avec le tétrarque. Celui-ci le renvoya sans le condamner, et dès lors ils devinrent bons amis. Pilate, voulant tirer avantage du renvoi de Jésus pour faire valoir l’innocence de l’accusé, proposa aux Juifs,