blessé le pied, ce qui l’obligea au repos et, quoique robuste, altéra sa santé. Des délires mélancoliques, dont il avait déjà éprouvé des attaques deux ans avant sa mort, s’emparèrent de lui au mois de juillet 1719, et il y succomba le 18 septembre suivant. Ce fut Bernard Albinus qui prononça son oraison funèbre. Ce médecin ne s’appliqua point à écrire : on n’a de lui que les deux pièces suivantes : Epistolae duae de septo scroti ad Ruyschium, Amsterdam, 1699, in-4o ; — De methodo discendi anatomen, Leyde, 1713, in-4o. C’est le discours qu’il prononça lorsqu’il prit possession de sa chaire d’anatomie. F—D—R.
RAU (Sebald-Foulques-Jean), théologien et orientaliste hollandais, naquit à Utrecht en 1765. Dès l’âge de quatorze ans, il se fit remarquer par un discours où il comparait les héros d’Homère avec ceux de l’Arabie. À seize ans, il chanta en beaux vers latins sa ville natale ; à dix-huit, il publia Specimen arabicum, continens descriptionem et excerpta libri Ahmedis Teufachii de gemmis et lapidibus, 1784. Le cours de ses études académiques fini dans les excellentes écoles d’Utrecht et de Leyde, il se consacra à la prédication française ; en 1787, il fut nommé pasteur de l’église walonne de Harderwick, et l’année suivante, de celle de Leyde. Il joignit aux fonctions pastorales la chaire de théologie, et en 1790, à la mort d’Everard Scheidius, la chaire de langues et d’antiquités orientales. Cette dernière nomination, mise à néant en 1795 par suite du changement de régime académique, fut rétablie en 1799, avec de nouvelles attributions relatives à la poésie et à l’éloquence sacrées. Dans l’après-dîner du 8 janvier 1801, la ville de Leyde fut atteinte d’une catastrophe épouvantable par l’explosion d’un bateau chargé de poudre, qui eut lieu dans un de ses canaux les plus fréquentés. Le bateau était amarré devant la maison de Rau, laquelle devint en un clin d’œil, avec un grand nombre d’autres, un monceau de mines et de cendres. Ce professeur n’était point chez lui dans ce funeste moment ; mais il accourut avec précipitation pour tâcher de sauver de dessous les débris une partie de sa famille, qu’il venait de quitter. Il y réussit, du moins pour quelques individus. notamment pour son épouse et le seul enfant qui fût auprès d’elle ; mais sa bibliothèque, ses manuscrits (ses sermons exceptés), son mobilier, tout fut perdu sans ressource. Une heure après, Louis Bonaparte, qui était alors roi de Hollande, étant déjà accouru de la Haye sur cette scène de dévastation, Rau se rendit l’interprète de la douleur publique, et il obtint de généreux secours. Il en fut en même temps comblé de distinctions personnelles et créé chevalier de l’ordre royal de Hollande. Il est des secousses morales que l’on n’éprouve pas impunément, et Rau ne survécut que onze mois au terrible désastre de Leyde. Il y mourut le 1er décembre 1807. On a de lui, outre les productions déjà citées : 1° cinq discours académiques, qui méritent d’être distingués dans la foule de cette sorte de compositions littéraires, savoir : De eo quod jucundum est in studio theologico, Leyde, 1788 ; — De Jesu-Christi ingenio et indole perfectissimis, per comparationem cum ingenio et indole Pauli apostoli illustratis, ibid., 1798 ; — De poëseos Hebraïcæ præ Arabum præstantia, tam veritatis quam divinitatis religionis, in veteri codice sacro traditæ, argumento, ibid., 1800 ; — De poeticæ facultatis excellentia et perfectione, spectata in tribus poetarum principibus, scriptore Jobi, Homero et Ossiano, ibid., 1800 (ces deux derniers discours ont paru ensemble, et le premier est accompagné de savantes notes) ; — De natura optima eloquentiæ sacræ magistra, 1806, in-4o. 2° Sermons, en 3 volumes, publiés par Josué Teissèdre l’Ange, pasteur à Amsterdam.et auteur d’une très-bonne oraison funèbre de ce savant, en hollandais. Rau a eu le plus brillant succès dans la carrière de la prédication. À une figure imposante il alliait un bel organe. Des connaissances étendues se réunissaient chez lui à beaucoup d’imagination et de sensibilité. Il laisse pourtant quelque chose à désirer (ce qui n’est pas étonnant) du côté de la diction française. Il tenait de son aïeul et de son père une honorable succession de mérite et de célébrité littéraire. — Son père, Sebald Rau, qui lui a survécu, était professeur de langues orientales à Utrecht, et se fit connaître dès l’âge de vingt-trois ans (en 1747) par une Diatribe de epulo funebri gentibus dando, in-8o ; il a publié un grand nombre d’opuscules philologiques et d’érudition hébraïque, dans quelques-uns desquels il discute les Prolégomènes du P. Houbigant. — Jean-Eberhard Rau, père de Sebald, était né en 1695 dans le pays de Nassau-Siegen. Professeur à Herborn et académicien de Berlin, il fut également un théologien et un orientaliste distingué, auteur de nombreuses dissertations et harangues académiques. Il mourut en 1770. — Rau (Joachim-Juste), né à Berlin en 1713, bon théologien et orientaliste, fut professeur à Kœnigsberg, et mourut fort jeune, le 19 août 1745. Il a écrit en latin sur la philosophie de Justin martyr et d’Athénagore (Iéna, 1733), sur celle de Lactance (ibid., 1737), une Grammaire hébraïque en langue allemande (1737), etc. M—ON.
RAUCH (Christian-Daniel), sculpteur allemand de premier ordre, naquit le 2 janvier 1777 à Arolsen, résidence du prince de Waldeck en Westphalie. Georges Rauch, son père, homme instruit, mais peu favorisé de la fortune, ne négligea rien pour l’éducation de son enfant. Une vocation irrésistible révéla de bonne heure les brillantes aptitudes du jeune Christian pour la carrière qu’il devait si honorablement parcourir. Il se passionnait pour le dessin et s’exerçait à des essais rudimentaires de sculpture, préférant pendant les récréations que lui permettaient ses études classiques, manier l’ébauchoir et l’argile, à tous les